13 avril 2015, 23:46

ANATHEMA @ Paris (Le Trianon)

6 mois après son concert au Bataclan, ANATHEMA est déjà de retour dans la capitale dans le cadre d’une tournée spéciale intitulée "Resonance Tour". Là où le concert d’octobre 2014 faisait la part belle à son répertoire le plus récent en s’articulant principalement sur ses 2 derniers albums, cette nouvelle tournée événementielle propose une set-list de 3h00 répartie en 3 sets retraçant l’intégralité (oui, même les débuts doom/death !) de la carrière du groupe ! Histoire de pimenter le tout, c’est dans un ordre antéchronologique que la soirée se déroule et on commence donc avec 2 titres de « Distant Satellites » (2014), tout d’abord le poignant « Anathema », pas forcément à sa place pour ouvrir un concert, suivi par le titre éponyme aux accents electro qui semble encore moins à son aise en tant que 2ème titre et qui endigue quelque peu, mais de manière éphémère, l’enthousiasme d’un public parisien comme toujours très généreux avec les liverpuldiens !
 


Vincent Cavanagh, très en voix, s’exprime aujourd’hui dans un très bon français et explique le déroulement de la soirée aux spectateurs au moment où son frère Danny se plaint d’un problème technique. Interruption du programme et particularité du soir, Danny d’interpréter seul un « Are You There ? », bonus, le temps que tout rentre dans l’ordre ! On peut ensuite continuer et le concert de véritablement se lancer avec l’épique et magnifique « Untouchable » extrait de « Weather Systems » (2012) ! On reste dans ce bon élan avec un public désormais chaud bouillant, et on se plonge dans un des rares titres noirs du lumineux « We’re Here Because We’re Here » (2010) avec l’excellent « A Simple Mistake » sur lequel l’impeccable Daniel Cardoso s’illustre à merveille à la batterie. Ce dernier reste d’ailleurs derrière les fûts pendant tout le premier set, à l’exception du dernier titre « One Last Goodbye » sur lequel John Douglas prend place derrière le kit, ironie du sort, sur un titre issu du seul album de la discographie d’ANATHEMA sur lequel il n’apparait pas !
C’est sa sœur Lee Douglas qui attire toute la lumière lors de l’incontournable « A Natural Disaster » extrait du disque du même nom, avec notamment une outro où la chanteuse se fait plaisir en se livrant à une nouvelle variation vocale du plus bel effet ! On signalera également la présence de « Pressure » pour représenter « A Fine Day To Exit » (2001) et ce premier set consacré à l’ère 2014-1999 de tenir ses promesses sans pour autant se montrer très surprenant. On aurait en effet peut être aimé écarter des classiques joués et rejoués au profit de raretés, mais rien de dramatique, car de la rareté, on va très vite en avoir en pagaille !

John Douglas désormais installé à la batterie (qu'il ne quittera plus de tout le reste du concert), Cardoso prend place aux claviers, tandis que l’ex-bassiste du groupe Duncan Patterson entre en scène pour ce second set consacré à 3 albums : « The Silent Enigma » (1995), « Eternity » (1996) et « Alternative 4 » (1998). C’est dans ce dernier que l’on se plonge, album décisif dans la carrière d’ANATHEMA et dont Duncan a écrit presque l'intégralité des chansons lui assurant un statut particulier dans le cœur des fans.
C’est donc dans un délire d’applaudissement que l’on se prend l’enchainement de ses 4 premiers titres avec un « Fragile Dreams » toujours autant apprécié et sur lequel Danny se laisse aller à quelques impros lors du solo de guitare, « Empty » est malheureusement un peu entaché par un gros pain de John à la batterie et c’est peut être finalement l’ultra dépressif « Lost Control » qui tire son épingle du jeu.
Toujours très agréable de retrouver cette suite, mais il y a encore quelques années, pas si lointaines, c’était une habitude pour le groupe. Non vraiment, le gros intérêt de la soirée commence maintenant, après un « Angelica » toujours un peu soporifique, on part pour un petit quart d’heure consacré aux 3 parties du titre « Eternity ». Le pavé de se second set ? Oui par la longueur, mais le meilleur moment a sans doute lieu sur un « Sunset Of Age » qui nous dévoile un
ANATHEMA dont on avait oublié qu’il pouvait être aussi heavy s’il le souhaitait ! Grosse baffe que cette version ultra-lourde, jouée avec brio et qui vient dépoussiérer la production datée de son penchant studio (un constat valable pour tous les prochains titres de la set-list, à tel point qu’on en viendrait à espérer un album live de cette tournée !).

Le second set s’achève avec le classique de l’époque « A Dying Wish ». ANATHEMA a la particularité de brasser plusieurs publics et c’est tout l’interêt de cette soirée. Certains n’aiment que les débuts, d’autres ont pris l’histoire en cours de route quand de nouveaux fans sont apparus depuis les années 2010. Certains adhèrent à plusieurs séquences de cette carrière et rares sont ceux qui en apprécient la totalité. Une chose est sûre, ce troisième set est sans aucun doute le plus intéressant, car c’est la première fois que Darren White, le premier chanteur, se produit avec le groupe en France, 20 ans après son départ de la formation ! Et là encore, on en avait presque oublié qu’ANATHEMA s’en sortait très bien dans ce registre doom/death, le style collant d’ailleurs davantage au jeu de John Douglas à la batterie, là où Cardoso le surpasse sur les titres plus contemporains.
Les guitares des frères Cavanagh sont lourdes comme jamais tandis que White affiche une superbe forme vocale, à la fois à l’aise dans une voix grave et poétique chantée, que dans des growls gutturaux comme en atteste ce premier titre qu’est « Kingdom ». On se plonge ici dans les tous débuts du groupe et on se souvient qu’
ANATHEMA s’était déjà du sérieux dans un tout autre style avec de parfaits exemples que sont « Mine Is Yours To Drown In (Ours Is The New Tribe) », « Under A Veil (Of Black Lace) », « They (Will Always) Die » ou bien encore ce « Lovelorn Rhapsody » tonitruant avant lequel Darren dévoile toute sa gratitude de se retrouver ici, conscient qu’il ne fût qu’une petite parenthèse dans la carrière de ce grand groupe.
En rappel, la célébration s'achève avec « Sleepless », parfait point final à cette soirée unique et hors du temps, au cours de laquelle
ANATHEMA a su rendre hommage à toute son histoire avant de nous en dévoiler prochainement une suite, qui sans aucun doute continuera d’aller de l’avant !

Photos : Marjorie Coulin.


Blogger : Laurent Reymond
Au sujet de l'auteur
Laurent Reymond
Passionné de musique (et de basket-ball), j'ai fondé mon webzine Heavy Music en 2004 afin de partager mon avis sur l'actualité musicale, tenter de poser des questions pertinentes à mes musiciens favoris et mettre la lumière sur des formations chères à mes yeux. De 2008 à 2012 j'ai officié au sein de Rock Hard, avant de revenir à Heavy Music cette même année et de participer depuis 2014 à l'aventure Hard Force. Une manière de boucler la boucle pour moi, lecteur assidu de la version papier de Hard Force dans les années 90, mon magazine de chevet pendant l'enfance et l'adolescence. Metal, Hard-rock, Classic-rock, Rock sudiste, Stoner, Doom, Rock Progressif, Blues, Jamband, Funk, Jazz...peu importe, pourvu que la musique soit bonne, organique et personnelle !
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