16 mars 2016, 19:52

MAIDEN UNITED Feat. Dennis Stratton

@ Londres (The Underworld)


Il y avait déjà bien longtemps que votre serviteur mourait d'envie de voir sur scène ce tribute-band pas comme les autres qu'est Maiden uniteD, groupe de reprises acoustiques – oui, vous avez bien lu, acoustiques - des titres d'IRON MAIDEN. Comme tout fan hardcore de ces derniers, je dois avoir à peu près tout ce qui existe sur disque en matière de reprise de mon groupe chéri mais il faut bien avouer que j'ai rarement écouté ces albums plus d'une fois. C'est donc sans attente particulière que j'avais jeté une oreille sur le premier album de ce groupe hétéroclite composé outre son créateur Joey Bruers – également bassiste du tribute-band "classique" UP THE IRONS depuis près de 17 ans – de Ruud Jolie (WITHIN TEMPTATION), de Damian Wilson (THRESHOLD, HEADSPACE, AYREON) et d'une floppée d'autres artistes d'horizons très divers – mais souvent réputés (Anneke van Giersbergen, Perttu Kivilaakso, etc...) – et différents d'un album ou d'une tournée à l'autre, dont certains anciens membres d'IRON MAIDEN comme Paul Di'anno ou Blaze Bailey. Et il faut bien admettre que la surprise fut totale, car les albums de Maiden uniteD ne sont pas bons, ils sont excellents. Les arrangements sont extrêmement soignés, les morceaux choisis ne sont pas les plus évidents, la plupart du temps très différents des originaux, et les musiciens sont parfaits. À tel point que les albums ont eu du mal à quitter la platine et ont tourné en boucle pendant un bon moment (ce qui, concernant de la musique estampillé "IRON MAIDEN" ne m'était pas arrivé depuis au moins « Brave New World », à l'époque). C'est frais, excitant, et même votre copine/copain/femme/mari vous surprendra en vous disant « eh c'est pas mal ça, c'est quoi ? » alors que jusqu'ici elle/il prenait systématiquement le maquis dès les premières notes de "2 Minutes To Midnight". Bref, je mourais d'envie donc de les retrouver enfin en live, en désespérant de les voir consciencieusement éviter la France alors qu'ils allaient se produire en Grèce ou en Israël... Si j'ai finalement cédé à l'appel de ce concert londonien, c'est en raison de la présence ce soir-là de Dennis Stratton, le rare guitariste du premier album de la vierge de fer, qui doit être le seul ex-membre que je n'avais jamais vu en concert.


C'est donc avec deux bonnes raisons de me réjouir que je me rends à l'Underworld, salle d'une capacité à peu près équivalente à celle du Divan du Monde (la référence n'est pas anodine, on y reviendra), sise à Camden Town dans le nord de la capitale britannique, juste sous l'imposant pub The End Of The World (c'est quand même autre chose comme nom de bar que "Chez mimile").
Je passe rapidement sur le groupe de première partie, HEKZ, formation locale auteur de deux albums et quatre EP de heavy metal plutôt classique mais qui joue ce soir en configuration acoustique. Le set est sympathique, le public bienveillant (c'est là toute la différence d'avec un concert d'IRON MAIDEN), mais ce n'est sans doute pas la configuration idéale pour juger de la musique du groupe qui ne démérite pas pour autant. Mention spéciale toutefois à leur reprise de "Night In White Satin" (THE MOODY BLUES) qui conclut leur set.


Les musiciens de Maiden uniteD investissent la scène et attaquent "Strange World" pendant que Damian Wilson se balade tranquillement dans le public pour saluer les personnes qu'il connaît (ce qu'il va faire plusieurs fois pendant le concert permettant à tout un chacun de constater que la stature du garçon est aussi imposante que sa voix), avant de rejoindre ses camarades. D'entrée, la différence majeure qui frappe, par rapport aux albums, est le volume sonore. Maiden uniteD joue FORT. Qu'on ne s'y trompe pas, nous sommes bien en présence d'un groupe de heavy metal, pas d'un ensemble de musique de chambre. La musique à beau être jouée sur des instruments acoustique et sans distorsion, ça envoie du bois. Les morceaux qui s’enchaînent – entrecoupés de vannes que se lancent les musiciens entre-eux, ou même avec le public – et fait aller crescendo cette impression de puissance avec "22 Acacia Avenue", "2 Minutes To Midnight", et "Revelations" pour atteindre l'apothéose avec le furieux "Futureal", bien meilleur dans sa version chantée par Wilson que l'original. D'une manière générale, Damian est dans une forme vocale qui force l'admiration, atteignant des notes qui donnent des sueurs froides et qui feraient rougir Bruce Dickinson.

Le groupe assure comme une bête derrière et semble véritablement heureux d'être là. À la batterie, Lee Morris (ex-PARADISE LOST) se fait clairement plaisir. Dennis Stratton fait alors son entrée, et s'installe en plaisantant sur sa capacité à jouer en acoustique (« acoustique ? C'est quoi ce truc ? ») avant de lire au public un texto envoyé le matin même par Steve Harris depuis Rio (« Bloody Bastard ! ») dans lequel il dit tout le bien qu'il pense de Maiden uniteD.
 

Dennis attaque alors le riff principal de "Phantom Of The Opera", morceau dont l'enregistrement généra quelques tensions entre lui et Steve Harris à l'époque, avant de s'interrompre sur un « non, je déconne » et d'attaquer "Prowler" avec le groupe, assurant pour le même coup les choeurs. Avant d'entamer "Charlotte The Harlot", Dennis confie « En toute franchise, quand on a enregistré ce titre à l'époque, je n'en étais pas super fan. Par contre, ce que ces gars-là en on fait, c'est génial. ». Joey Bruers (basse) et Ruud Jolie (guitare), tous deux grands fans d'IRON MAIDEN, ont l'air de deux gamins à qui on viendrait de donner leur jouet favori – Ruud me confirmera d'ailleurs après le concert « c'est tout à fait l'impression que j'avais » - et Huub van Loon (claviers) se la joue John Lord sur son instrument. Les deux morceaux suivants, "Children Of The Damned" et "The Trooper", sont assez étonnants à ce moment du set puisque Dennis n'a jamais joué sur les albums correspondants, ce qui ne l’empêche pas de s'éclater dessus. Entre les deux morceaux, Damian prétendra vouloir provoquer un wall of death dans le seul but de séparer le public en deux pour pouvoir s'y glisser, et c'est de là qu'il chantera une bonne partie de "The Trooper". Le groupe exécutera encore un puissant "Remember Tomorrow" en compagnie de Dennis avant que ce dernier ne quitte la scène pour laisser Maiden uniteD terminer le set avec "Sun and Steel", "The Evil That Men Do" (dans une version dont j'ose à peine avouer que je la préfère à l'originale), et "Die With Your Boots On" sur laquelle Damian fait chanter l'assistance qui s'en donne à cœur joie.
Le groupe quitte la scène et c'est Dennis que l'on voit revenir seul, expliquant que les autres lui ont demandé d'occuper le terrain pendant dix minutes, ce qu'il fait avec humour en racontant une anecdote espagnole avant de les siffler pour les faire revenir et terminer le set sur un "Wasted Years" endiablé (autre titre sur lequel Dennis n'a historiquement jamais joué). L'ensemble des musiciens quittent alors la scène, laissant le public ravi de sa soirée, tant en raison de la qualité musicale de ce qui nous a été servi par un groupe en forme, heureux de jouer ensemble et avec la légende qu'est Dennis Stratton, que de la bonne humeur générale qui prévaut entre les membres du groupe et qu'ils savent partager avec la salle.

La bonne nouvelle, c'est que Maiden uniteD va enfin venir en France, le 29 octobre 2016, au Divan Du Monde. Allez-y. Même si vous n'aimez pas IRON MAIDEN. Comme dirait Joey Bruers, « Fun guaranteed ! ».


Blogger : Florent Dié
Au sujet de l'auteur
Florent Dié
Ses autres publications

1 commentaire

User
Toto El Baxxozorus
le 22 mars 2016 à 06:08
Merci pour ce compte rendu : ca donne envie !
Merci de vous identifier pour commenter
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK