22 mars 2016, 20:31

MAIDEN UNITED

Interview Joey Bruers


MAIDEN UNITED est un groupe atypique. D'abord parce que c'est un groupe de reprises – même si qualifier de reprise leur travail est très réducteur – ensuite parce que c'est un groupe à géométrie volontairement variable, mais surtout parce que si le groupe se consacre à reprendre exclusivement des titres d'IRON MAIDEN, il le fait avec des arrangements acoustiques du meilleur effet. Là où la plupart des 'tribute bands' se contentent en général d'évoluer dans leur région d'origine – seule exception notable, THE IRON MAIDENS qui doit sa popularité au fait d'être composé uniquement de membres féminins – les MAIDEN UNITED, eux, sillonnent l'Europe (et même un peu plus) porté par une réputation grandissante et méritée qui déborde de la sphère purement metal. Si on ajoute à cela que les membres permanents ou temporaires du groupe sont loin d'être des inconnus – Ruud Jolie (WITHIN TEMPTATION), Damian Wilson (THRESHOLD, HEADSPACE), Lee Morris (ex-PARADISE LOST), Anneke van Giersbergen (ex-THE GATHERING), Marcella Bovio (AYREON, STREAM OF PASSION), Perttu Kivilaakso (APOCALYPTICA) etc..., sans parler des anciens membres d'IRON MAIDEN comme Paul Di'Anno, Blaze Bayley, Dennis Stratton ou encore Thunderstick (qui fit fugacement partie de la Vierge de Fer en 1977 avant d'intégrer les rangs de SAMSON) – et que leurs concerts ont clairement une coloration metal – ceux qui les ont vus en concert peuvent en témoigner, le volume sonore n'est pas celui d'une représentation de musique de chambre – il semblait nécessaire de se pencher sur le cas MAIDEN UNITED qui, mine de rien, vient de sortir son troisième album (avec l'approbation inconditionnelle de la bande à Steve Harris). Et c'est un Joey Bruers – bassiste et créateur du groupe avec Ruud Jolie – à la fois surpris d'être interviewé, juste avant leur concert londonien à l'Underworld, par des Français et très disert qui s'est entretenu avec nous pendant plus de trois quarts d'heure pendant lesquels, il faut bien l'avouer, nous avons bien ri.
 


Il y a énormément de monde qui n'a jamais entendu parler de MAIDEN UNITED, en particulier en France. Est-ce que tu connais les statistiques de ventes de vos albums dans le monde, et où se situe la France ?
Oui, vous êtes sur la troisième marche du podium, je crois. En premier c'est l'Allemagne... et vous êtes troisième ou quatrième. (Il récapitule) L’Allemagne est numéro un, la Hollande arrive en deuxième, puis le Royaume-Uni, plus ou moins à égalité, et vous en quatrième, en fait.
 

Vraiment ?
Vraiment. C'est très curieux, d'autant plus qu'on n'a jamais joué en France.

Oui, j'allais justement y venir. Et pourquoi donc ?
Eh bien pour la simple raison qu'il n'y pas de tourneur qui s’intéresse à nous. Enfin... J'avais besoin de dégager assez de temps pour nous en trouver un bon. C'est surtout ça, en fait.

Ce qui est amusant, c'est que vous jouez évidemment en Allemagne, en Hollande, en Belgique et au Royaume Uni – mais donc pas en France. Comment se fait-il que vous soyez allé jouer en Grèce, en Turquie et même en Israël ?
(Rires) (La question le prend manifestement de court) Je t'en prie, dis-le moi ! Pourquoi a-t-on fait un truc pareil ? En toute franchise, je n'en ai pas la moindre idée. Le truc, avec MAIDEN UNITED, c'est que... En fait, Ruud (Jolie, guitare) et moi, on est super potes depuis une éternité, depuis qu'on a 12-13 ans. Et on a toujours fait de la musique ensemble. On avait notre groupe, mais professionnellement, on est parti chacun de notre côté, lui avec WITHIN TEMPTATION, moi avec mon propre groupe mais le nôtre s'est séparé, du coup. Et on a suivi chacun notre chemin, mais on est resté ami. C'est mon meilleur ami. Et on s'est toujours promis que si l'opportunité se présentait de refaire de la musique ensemble, on le ferait. J'avais cette idée de jouer du IRON MAIDEN en acoustique depuis déjà un certain nombre d'année, depuis 2006 environ, et en 2010, Ruud s'est retrouvé en congé sabbatique de WITHIN TEMPTATION et je me suis dit que j'allais m'en prendre un aussi. Du coup j'ai parlé avec mon groupe (UP THE IRONS) pour leur dire que je voulais qu'on calme le jeu sur 2010 parce que ma priorité était de faire un album avec Ruud. C'était l'idée de départ : faire un album et dix concerts. (rires) C'était ça l'idée de base. Un album. Dix concerts. Et on est là aujourd'hui, trois albums plus tard, à aller tourner en Turquie, en Israel ! C'est quoi ce bordel ?! (Rires) J'en n'ai pas la moindre idée. C'est en tout cas ce qui s'est passé et on est ravi qu'il en soit ainsi. Mais c'est difficile de comprendre ce qui nous arrive. La seule chose que je peux te dire, c'est qu'on y prend vraiment beaucoup de plaisir. On s'éclate à être sur la route avec les gars, on va en Allemagne, en Angleterre, en Turquie, en Grèce, et où que l'on aille, on prend du plaisir. Après, il n'y pas que ça et il y a évidemment une part de business dans tout ça, et de ce point de vue, il y a quatre pays qui sont importants pour nous et la France en fait partie.
 

« Si on divise le nom du groupe en deux mots, il y a MAIDEN – qu'il n'y a pas besoin d'expliquer – et UNITED, pour moi, ça signifie que je peux inviter tous les types de musiciens qu'il y a autour de moi pour jouer ces chansons. Pour un musicien, c'est le summum de pouvoir jouer avec plein de musiciens différents. » – Joey Bruers


Comment est-ce que toute cette aventure a commencé ?
J'avais cette idée en tête depuis 2-3 ans. Pour commencer, je suis avant tout un fan absolu d'IRON MAIDEN, c'est tout. Et ce que je voulais faire en tant que fan, c'était vraiment entrer en profondeur dans leur musique. Pas simplement l'écouter, mais prendre une guitare, une basse, et essayer de comprendre comment ils s'y prennent. Pourquoi est-ce si populaire, pourquoi est-ce aussi bon, qu'est-ce qui fait que ça m'emporte à ce point-là ? C'est ce qui m'a amené à jouer du MAIDEN. Et quand tu fais ça, tu dois retourner au cœur de la chanson. Et quand tu y es, tu sais exactement ce qu'est la chanson en question. La plupart du temps, tu y arrives en utilisant des instruments acoustiques. Et quand ça sonne en acoustique, c'est que tu as trouvé le cœur de la chanson. C'est comme ça que ça a commencé. Et à un moment, je me suis dit que ces chansons étaient vraiment incroyables. Je les chantais juste avec une guitare et c'était vraiment super. Donc l'idée était là. Et puis en 2006, le fan-club d'IRON MAIDEN m'a appelé en me disant : « Joey, on voudrait quelque chose de vraiment spécial pour notre convention. Est-ce que tu aurais une idée ? » Là, je me suis dit « Ben... ça se pourrait bien. » (rires) Du coup, je leur ai demandé ce qu'ils pensaient de l'idée de faire du MAIDEN en acoustique. Ils ont dit : « IRON MAIDEN en acoustique ? »
– Oui.
 –
En acoustique ?
– Oui oui !
 –
Euh... si tu penses que ça peux le faire... »

J'ai dit que je ne savais absolument pas si ça pouvait marcher mais qu'on pouvait toujours essayer. Et c'est ce qu'on a fait. J'étais super nerveux parce que je ne savais pas du tout comment le public allait réagir. Est-ce qu'ils allaient adorer, nous siffler ou nous sortir comme des malpropres ? Coup de chance, ça a très bien été accepté et tout le monde a été soufflé. Et voilà. On a ensuite fait deux ou trois autres concerts, Et partout où on jouait, le public trouvait ça dément. J'étais aux anges. Et en rentrant chez moi en voiture après l'un de ces shows, je me suis dit qu'il fallait que j'arrête de ne faire que des concerts et qu'il fallait que je rentre en studio pour enregistrer tout ça. Et quand ce serait fait, on pourrait reprendre les concerts. Mais il fallait arrêter de jouer live. Et c'est ce que j'ai fait. J'ai annulé tous les shows qui étaient sur mon agenda, et j'ai dit je ne jouerai plus en live. Puis on est arrivé en 2010 et Ruud m'a dit qu'il avait une année de pause, j'ai fait la même chose, et on a enregistré l'album.
 

Comment as-tu sélectionné les différents musiciens qui jouent avec MAIDEN UNITED ? Doivent-ils être des fans absolus d'IRON MAIDEN ?
Non. (rires) Si on divise le nom du groupe en deux mots, il y a MAIDEN – qu'il n'y a pas besoin d'expliquer – et UNITED, pour moi, ça signifie que je peux inviter tous les types de musiciens qu'il y a autour de moi pour jouer ces chansons. Pour un musicien, c'est le summum de pouvoir jouer avec plein de musiciens différents. Tu apprends énormément de tous ces gens. C'est vraiment cool de partir en tournée avec eux. Ça fait 15 ans que Ruud tourne avec WITHIN TEMPTATION. Moi, je suis avec mon groupe UP THE IRONS depuis 17 ans. Les mêmes personnes, tout le temps. Ça reste cool parce que nous sommes tous vraiment amis, et que c'est un groupe vraiment sympa, mais ça reste les mêmes musiciens. Alors qu'il y en a plein d'autres autour de moi avec qui j'ai envie de jouer, parce que nous sommes tous liés (united, en anglais). Donc ce qu'on fait, c'est qu'on invite les gens avec qui on pense que ce serait cool de jouer sur scène. Et à chaque tournée, on a des musiciens différents, et c'est super cool. Comme ce soir où on va jouer avec Dennis Stratton (ex-IRON MAIDEN), c'est génial ! Le guitariste originel du premier album !
 

Justement, pour toi qui es fan, qu'est-ce que ça fait de jouer avec d'anciens membres du groupe ? Ce soir, c'est Dennis Stratton, mais sur votre dernier album, « Remembrance », on trouve aussi Paul Di'Anno et Blaze Bailey.
C'est génial d'être avec ces gars-là, de les avoir avec soi en studio et de travailler avec eux. Comme je le disais, je suis un énorme fan d'IRON MAIDEN, et travailler avec les musiciens originels c'est vraiment cool. On a eu Paul Di'Anno en studio mais ce n'est pas tant le fait qu'il chante sur l'album, mais plutôt qu'il ait passé une journée avec nous en studio, à travailler avec nous, en nous racontant des histoires de l'époque, des trucs comme ça. Et deux mois plus tard, c'est Blaze qui est venu, et c'était pareil. On était assis à table ensemble en buvant une tasse de thé. Juste une tasse de thé ! (rires) Avec du miel pour la voix et... enfin tu vois, c'est incroyablement cool. Je les avais déjà rencontré à l'occasion de certains shows et c'était déjà super, mais c'était encore mieux de les avoir avec nous en studio. C'est pareil pour Dennis. J'ai déjà joué deux ou trois fois avec lui, mais cette fois-ci, il se joint à MAIDEN UNITED, ce qui rend la chose vraiment spéciale. Il a joué sur les morceaux originaux et il connaît les plans originaux. Alors que nous, avec MAIDEN UNITED, on « pourrit » les chansons.
 

Je ne le formulerais peut-être pas comme ça ! (rires) Est-ce que tu as eu des échos de ce que les membres actuels d'IRON MAIDEN pensent de ce que vous faites ?
Oui. Nous leur avons personnellement remis les albums, et... ben... ils ont aimé, quoi. (rires) Et ça c'est super pour nous. C'est dommage que nous revenions ici à Londres alors qu'ils sont en train de tourner en Amérique du Sud, sachant qu'ils ne peuvent pas être là ce soir (Mais en entrant sur scène pendant le concert, Dennis Stratton lira un texto envoyé par Steve Harris disant tout le bien qu'il pense du groupe). Mais on a joué à l'O2 l'année dernière, et il y avait Steve Lazarus (beau-frère de Steve Harris et réalisateur de quelques vidéos clip d'IRON MAIDEN), la sœur de Steve Harris, le fils de Janick Gers, etc. Toute la famille IRON MAIDEN était là. Ils font preuve d'un véritable intérêt et nous ont promis qu'ils reviendraient nous voir très bientôt. On a leur entière permission et ils nous ont dit qu'ils adoraient ce qu'on avait fait avec les chansons, et nous leur en sommes vraiment reconnaissants.



Est-ce tu penses qu'un jour, les membres actuels du groupe se joindront à vous, comme Dennis ce soir ?
La réponse, en l'état actuel des choses, est : « Non, ça m'étonnerait. » Mais je l'ai dit tant de fois ce « Non, ça m'étonnerait ». Il y a six ans, quand on faisait des plans pour un album et dix concerts, si on m'avait dis que je jouerais à L'Underworld et que je donnerais une interview à des Français, à parler d'un show en France alors qu'on joue à Londres, j'aurais dit : « Non, ça m'étonnerait » (rires) ! Et nous voilà ! Si on m'avait dit qu'on en arriverait à sortir trois albums, j'aurais répondu : « C'est bon, mec, casse toi ! » (rires) En toute honnêteté, je suis ouvert à tout. Et je peux même te dire qu'il y a une vidéo sur Youtube dans laquelle Bruce Dickinson chante notre version de “Revelations” (avec Ian Anderson de JETHRO TULL à la cathédrale de Canterbury en 2011), et c'est vraiment super cool, c'est un véritable honneur pour nous. Et... bon, OK, je ne sais pas. (rires) C'est marrant, et je suis juste content que tout ça arrive. IRON MAIDEN sait qu'on existe, nous accepte, pense que ce qu'on fait est cool, Dennis est toujours un bon ami de Steve Harris et il va se joindre à nous ce soir. C'est génial. Paul l'a fait, Blaze aussi... c'est super.

 

» IRON MAIDEN sait qu'on existe, nous accepte, pense que ce qu'on fait est cool, Dennis Stratton est toujours un bon ami de Steve Harris et il va se joindre à nous ce soir. C'est génial. Paul Di'Anno l'a fait, Blaze Bayley aussi... c'est super. » – Joey Bruers
 

Vous venez d'annoncer sur votre page Facebook un événement pour début 2018. De quoi s'agit-il ?
Oui, on a mis ça en ligne hier ! C'est justement une autre de ces histoires du type « Non, ça m'étonnerait ». (rires) Nous allons jouer au Carré du Théâtre Royal d'Amsterdam qui est, en Hollande, le top du top des salles dans lesquelles on peut passer (c'est un peu comme passer au Royal Albert Hall à Londres).
 

Félicitations !
Merci !!! (rires) « Non, ça m'étonnerait » (rires) « Est-ce que tu penses jouer un jour au Théâtre Royal ? » Non !!! Et là on va le faire !! C'est quoi ce bordel ?! Franchement, je n'y aurais jamais cru. Je l'ai mis sur mon Facebook perso : « Je n'arrive toujours pas à croire qu'on va vraiment le faire ! » Ça fait évidemment quelques semaines que j'étais au courant, bien sûr, mais on n'avait pas le droit d'en parler. Et donc voilà : on va jouer au Théâtre Royal d'Amsterdam. C'est dingue. Je n'arrive toujours pas à y croire.
 

Vous allez y donner un concert auquel vous convierez tous ceux qui sont un jour passés dans MAIDEN UNITED, ou allez-vous rester sur la formation de base actuelle ?
C'est un gros truc à mettre en place. Quand les gens du Théâtre Royal m'ont contacté, ils m'ont dit : « Il faut qu'on discute. » Ils sont donc venu me voir et m'ont demandé : « Qu'est-ce que vous diriez de jouer avec MAIDEN UNITED au Théâtre Royal d'Amsterdam ? » J'ai répondu : « Qu'est-ce que vous entendez par là ? Dans le Carré ? ».
– Oui oui, dans le Carré.
 – V
ous êtes sérieux, les mecs ?
– Oui, bien sûr ! »
J'ai répondu : « En toute honnêteté, il faut que je réfléchisse. Ce serait ridicule de vous répondre oui ou non, là comme ça de but en blanc. Donnez-moi deux semaines. » J'ai appelé Ruud, et il a eu la même réaction que moi. Il m'a dit : « Ce qu'il faut qu'on fasse, si on accepte, c'est planifier tout ça bien à fond et voir les choses en grand. Tu ne peux pas dire “OK, on va le faire”, te pointer avec ta guitare et te contenter de jouer tes chansons. Il faut en faire un événement énorme. » Sinon c'est impossible. On ne peut pas faire ce genre de chose avec la même configuration que nous avons ici à l'Underworld. On a donc mis ça au point ensemble, et nous avons maintenant un plan. En toute honnêteté, on est encore dessus mais ce qui est sûr c'est qu'on ne va pas bosser sur un nouvel album même si on va travailler sur de nouveaux morceaux. L'idée serait de publier ça sous forme vidéo plutôt que de CD. Donc nous allons tout filmer. De nombreuses personnes se demandent comment on travaille nos arrangements, nos chansons, etc. Donc nous allons filmer tout ça pour montrer aux gens les rouages du groupe, la façon dont nous faisons les choses. Et cette partie débouchera sur le show du Carré. Nous avons une équipe de huit personnes qui s'occupe de planifier le concert du Théatre Royal. C'est vraiment toute une équipe qui travaille dessus tous les jours et pas seulement des musiciens qui vont jouer là-bas. Ce n'est pas anodin pour nous de donner ce type de concert. La conclusion à laquelle je suis arrivé après mes deux semaines de cogitation – toujours sans oser y croire – c'est que je voulais que ce soit une événement vraiment spécial. Quand tu as la chance de jouer dans ce genre d'endroit, tu te dois d'en faire un événement exceptionnel, aussi bien pour le public, pour toi-même, pour tout le monde.
 

Mais ensuite, tu envisages de faire un quatrième album, ou tu penses que trois c'est suffisant ?
Aucune idée. Il faut savoir que quand on a fait le premier album, « Mind The Acoustic Pieces », c'était vraiment celui qu'on voulait sortir. Puis au lieu des 10 concerts prévus originellement, on en a fait 60 ou 70. Mais l'album ne fait que 45 minutes ! Donc on avait besoin de 45 minute supplémentaires pour faire un concert complet. Et « Across The Seven Seas », le deuxième album, était là pour combler ces 45 minutes supplémentaires, tu comprends ?
 

C'était un album en deux parties, en fait.
C'est ça. On avait l'album 1 et l'album 2, mais on avait quand même encore plein d'idées qui continuaient d'affluer. Deux en particulier. On avait vraiment envie d'utiliser un orgue Hammond qui est un instrument magnifique. J'adore en avoir un sur le dernier album. Mais on ne peut pas l'utiliser sur une seule chanson, sinon elle a l'air de ne pas faire partie de l'ensemble, donc tu dois en faire plusieurs. « Across The Seven Seas » n'était pas l'album sur lequel on pouvait mettre de l'orgue Hammond. Et puis il y avait tous ces musiciens qui venaient nous voir en nous disant : « J'aimerais bien enregistrer un morceau avec vous !  Vous ne pourriez pas m'inviter sur un de vos concerts ? » On avait toutes ces demandes et nous on était là : « Ben oui, pourquoi pas ? » Du coup, on a commencé à enregistrer des morceaux avec des invités. Et au bout du compte, on s'est retrouvé avec ces quelques chansons avec de l'orgue Hammond, d'autres avec tous ces musiciens (en tout, ils sont treize à jouer sur « Remembrance »), et on s'est dit que ça ne serait pas mal de les rassembler sur un disque pour les proposer aux gens. Maintenant, c'est à eux de voir s'ils ont envie de l'acheter ou pas, mais nous, ce qu'on voulait, c'est le rendre disponible au reste du monde. Et voilà, on a un troisième album ! Dans tous les cas, on ne travaille pas en se disant qu'on va faire un nouvel album. « Qu'est-ce qu'on devrait fait sur le nouvel album ? », « A-t-on assez de chansons pour le nouvel album ? » Non, c'est le contraire. « On a ça, est-ce que ça vaut le coup d'en faire un disque? » Le premier album était calculé. Les deux suivants sont arrivés... comme ça ! Quand tu t'éclates dans ce que tu fais – et c'est vraiment notre cas – tu crées énormément. Il y a tellement de choses qu'on veut faire...
 

Sur vos trois albums, à une exception près, vous n'avez réarrangé – j'allais dire repris, mais on n'est pas dans la reprise avec MAIDEN UNITED, c'est vraiment du réarrangement – que des titres des sept premiers albums d'IRON MAIDEN. Y a-t-il une raison à ça ?
(iI réfléchit) On a fait “Futureal”...
 

Oui, c'est l'exception dont je parlais. (rires)
Je n'y avait jamais réfléchi, en toute honnêteté. J'ai en stock une version vraiment sympa de “Montségur” qui est sur l'album « Dance Of Death »... Il y a tellement de chansons qu'on pourrait retravailler. On n'a toujours pas fait les "Number Of The Beast", "Run To The Hills", "Fear Of The Dark", "Can I Play With Madness"...
 

« D'un seul coup, les gens viennent nous voir et nous disent : "Merci pour ce que vous faites, et merci de nous avoir fait découvrir IRON MAIDEN ! On a écouté “Mind The Acoustic Pieces”, et du coup, on a acheté “Piece Of Mind” et c'est trop bien ! Merci !” » – Joey Bruers


Ce qui est une bonne chose, selon moi. Ce sont les morceaux que tout le monde reprend d'une manière ou d'une autre, alors que vous semblez choisir, non pas les moins connues, mais les chansons les moins communes.
Oui... mais il n'y a pas de raison à ça, en fait. C'est juste que quand on travaille sur un titre, parfois ça marche et parfois non. C'est très difficile d'obtenir quelque chose qui sonne bien sur des instruments acoustiques. C'est un sacré boulot de créer de nouveaux arrangements qui soient chouettes, de conserver la vitalité de la chanson, et de faire en sorte que les fans de MAIDEN en soient satisfait.
 

D'un autre côté, vous commencez à avoir la réputation d'être le groupe qui joue du IRON MAIDEN que même ceux qui n'aiment pas IRON MAIDEN peuvent aimer. Ce qui est plutôt une bonne chose !
C'est une très bonne chose et c'est vraiment cool. Et c'est tout à fait vrai ! On a une quantité impressionnante de fans qui nous suivent qui ne sont pas des fans d'IRON MAIDEN. Voilà d'ailleurs un autre « Non, ça m'étonnerait. » (rires) On pensait que ce serait sympa pour les fans de MAIDEN d'avoir quelque chose en acoustique. Rien de plus ! Ça n'avait pas vocation à être destiné aux autres. Et d'un seul coup, les gens viennent nous voir et nous disent « Merci pour ce que vous faites, et merci de nous avoir fait découvrir IRON MAIDEN ! (rires) On a écouté “Mind The Acoustic Pieces”, et du coup, on a acheté “Piece Of Mind” et c'est trop bien ! Merci ! » OK, super, c'est cool. (rires)
 

Comment fais-tu pour gérer les disponibilités de tout le monde dans le groupe ? Par exemple, Damian Wilson, votre chanteur, au cours des 18 derniers mois a enregistré quatre albums dont un avec MAIDEN UNITED, a participé à au moins deux tournées, dont une avec MAIDEN UNITED, chacune répartie sur trois segments, et les autres ont aussi leurs occupations de leur côté. Comment arrives-tu à réunir tout le monde au même endroit pendant plus de 24 heures ?
Je n'en ai aucune idée. (rires) C'est ce qu'il y a de plus difficile pour MAIDEN UNITED. De rassembler tout le monde. Quand tu vois l'agenda de Damian, celui de Ruud, le mien, c'est juste dingue. La seule chose que nous pouvons faire, c'est planifier longtemps à l'avance. Ainsi, nous savions en novembre dernier que nous tournerions avec MAIDEN UNITED du 14 octobre au 20 novembre de l'année suivante, donc un an à l'avance. C'est comme ça qu'on s'en sort. Mais les autres groupes font aussi leurs propres plans et c'est parfois vraiment compliqué. Mais notre avantage, c'est qu'on peut changer de musiciens comme on veut. Du coup, lorsqu'il y en a un qui n'est pas disponible, on peut en appeler un autre. D'un autre côté, comme je l'ai déjà dit plusieurs fois depuis le début de cette interview, le truc c'est qu'on s'éclate tellement que certains font tout ce qu'ils peuvent pour pouvoir repartir sur les routes avec nous. Il n'y a rien de mieux que de tourner avec ces gars-là. Crois-moi, on s'éclate tellement, aussi bien sur scène qu'en dehors, qu'on adore être sur la route ensemble. Même si c'est pour quelques jours, comme cette semaine. On a commencé jeudi dernier, et on arrête dimanche. Ça fait dix jours. Si on arrive à se trouver dix jours de disponibles, hop ! MAIDEN UNITED ! (rires) C'est comme ça que ça marche. S'amuser, s'assurer que tout le monde a envie de faire ce qu'on fait, mais le plus difficile reste de nous rassembler. C'est un vrai casse-tête. Il y a des salles qui nous demandent de venir jouer chez elles et je réponds que j'aimerais beaucoup mais... je ne sais pas quand !
 

Et vous avez finalement trouvé une date pour venir jouer en France, à Paris, au Divan du monde, le 29 octobre prochain !
Ça fait environ deux ans qu'on est en contact avec le Divan Du Monde, en toute franchise. Et là, on a enfin réussi à caler une date. En espérant que ce soit un point d'entrée en France. J'espère vraiment qu'après qu'on aura jouer au Divan Du Monde il y aura plus de concerts français pendant la prochaine tournée. On aimerait bien en faire quatre ou cinq, dans des endroits comme Lyon, Nantes... Je ne connais pas très bien votre pays, mais j'ai vraiment envie d'y jouer. Il y a d'autres pays dans lesquels nous aimerions aller jouer, comme l’Espagne, par exemple. Mais ça nous reviendrait trop cher et c'est aussi pour ça que nous aimerions trouver quelques dates en France sur le trajet, pour rentabiliser le déplacement. On a le même problème avec l'Italie. Il faut bien comprendre que nous sommes tous des musiciens professionnels. Notre but est aussi de gagner notre vie ou, en tout cas, de ne pas perdre d'argent. Nous aimerions aussi aller aux Etats-Unis, mais pour l'instant c'est inatteignable. Encore un : « Non, ça m'étonnerait. » Un jour peut-être.
 

Vous avez été approchés par le Hellfest ?
(L'air désespéré) Oui.
 

Et ?
Ruud sera en tournée, Damian aussi... C'est le problème. Il y a des tas de festivals qui veulent nous avoir sur scène. On a joué au Wacken, au Bang Your Head, à Donington, et ça a vraiment bien marché. MAIDEN UNITED avec Damian sur scène dans un festival, c'est du fun garanti sur facture. (rires) Il y a plusieurs festivals dont le Hellfest et le Graspop qui nous réclament, mais les autres gars font déjà la tournée des festivals avec leurs groupes, du coup... On fait ce qu'on peut, mais ce n'est pas possible de couper les gars en deux.

(Remerciements à Elodie Sins pour sa participation)


Blogger : Florent Dié
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