11 mai 2016, 22:36

MYRATH

"Legacy"

Album : Legacy

Il y en a eu, du chemin parcouru, depuis le premier album paru en 2007 (2005 si l'on compte celui sorti sous le nom d'X-TAZY). Et avec chaque nouvelle sortie, MYRATH n'a fait qu'infléchir son parcours pour passer d'un metal très technique à la DREAM THEATER d'inspiration parfois orientale qui témoigne de l'origine tunisienne de la formation à une musique plus accessible, plus immédiate mais de plus en plus marquée par les couleurs de son pays natal. Produit, comme les albums précédents, par Kevin Codfert (ADAGIO), « Legacy » bénéficie d'un son princier dont les nombreuses couches sont aisément discernables, tout en gardant à l'ensemble une puissance certaine.

Dès "Jasmin," qui ouvre l'album, on est plongé dans une ambiance définitivement orientale, glissant de quelques notes jouées au ney (flûte de roseau d'origine perse qu'on trouve en Iran, en Turquie et dans divers pays arabes et du Maghreb, comme la Tunisie), vers des rythmes plus tribaux avant de terminer sur une explosion symphonique à l'ambiance très “Mille et une Nuits” qui introduit naturellement "Believer" dont l'impressionnant clip hollywoodien a été maintenant vu près d'un demi millions de fois (en cumulant la version “officielle” et celle sur Vevo), ce qui, pour un groupe de metal tunisien, est fort probablement un record absolu (et un rêve inatteignable pour nombre de formations, quelle que soit leur origine). Le morceau lui-même est très cinématographique, alternant les passages typés et d'autres, en particulier sur les couplets, qui donnent dans un metal symphonique plus classique mais parfaitement exécuté.

Si l'ambiance orientale est omniprésente, elle se fait bien plus prégnante sur "Nobody's Lives" sur lequel Zaher Zorgati nous gratifie de passages chantés en arabe du meilleur effet (qu'il réitère sur "Storm Of Lies" qui clôture l'album). On peut d'ailleurs regretter que le procédé ne soit pas utilisé plus souvent, tant le chant en arabe (et la musique qui va avec d'une manière générale), de par l'utilisation d'une gamme non tempérée typique de ce genre de musique, donne une coloration totalement différente de 99,9% des groupes de metal qui parcourent la surface de cette planète (bon, pour faire chanter les foules en chœur, ça peut s'avérer problématique, par contre...).
Cette ambiance, on la retrouve aussi très marquée sur les titres "Through Your Eyes", "The Unburnt", "I Want To Die" ou "Duat", mais on a tout de même droit aussi à des sonorités plus fondamentalement metal comme sur "Get Your Freedom Back" ou "The Needle" où les rythmiques de Malek Ben Arbia, puissamment assisté d'Anis Jouini à la basse (ce dernier se fendant d'un petit solo sur "Get Your Freedom Back") et de Morgan Berthet (le Français de l'étape) à la batterie, se font rouleau compresseur.

"I Want To Die" alterne les passages acoustiques et les montées en puissance symphoniques tandis qu'"Endure The Silence" surprend avec ses intro et outro au piano en mode cabaret, bien que le reste du morceau reste dans un style symphonique plus classique. Si le claviériste Elyes Bouchoucha faisait étalage de son talent sur les albums précédents de MYRATH, il faut bien reconnaître qu'il se fait beaucoup plus discret sur « Legacy » ou, du moins, ses interventions se fondent dans la partition symphonique. Seule exception sur "Duat" qui voit ressortir des lignes de clavier plus synthétiques, mais il faut préciser qu'il est aussi responsable, avec Kevin Codfert, de tous les arrangements de l'album, et bien admettre que les deux compères ont réussi en la matière un coup de maître. Quand à "Storm Of Lies" qui clôture les hostilités, il délivre un florilège de tout ce que savent faire les Tunisiens, s'autorisant même des lignes de chant très inhabituelles dans ce type de musique.

J'ai failli oublier – ce qui eut été criminel – de souligner la qualité des soli de Ben Arbia ("Nobody's Lives") et, d'une manière générale de toutes les parties de guitare, particulièrement efficaces. Au final, « Legacy » est un fort bel album qui nous transporte dans des lieux que notre musique de prédilection ne nous emmène que rarement visiter. Le grand Nord, c'est sympa, mais un peu de soleil, de temps en temps, ça ne fait pas de mal. A recommander à tous ceux qui ont envie d'écouter quelque chose de différent, mais aux autres aussi. Les voyages forment la jeunesse et ouvrent l'esprit, paraît-il.

Blogger : Florent Dié
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Florent Dié
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