29 septembre 2016, 19:25

IRON MAIDEN

• "Somewhere In Time" – 1986 (EMI)


Joindre l’utile à l’agréable… Ecoutez l’album chroniqué en cliquant sur ce lien.

L’état des lieux pour IRON MAIDEN au 29 septembre 1986, jour de la sortie de « Somewhere In Time », est positif mais délicat. Le groupe a précédemment sorti « Powerslave », album lui ayant permis de tourner intensément, de renforcer définitivement son statut de groupe-phare et de donner naissance à un double album live considéré encore à ce jour comme une référence majeure en la matière, « Live After Death ». L’entité ressort cependant de ce gigantesque périple exsangue, hagarde et au bord de la rupture pour certains (Adrian Smith et Bruce Dickinson en particulier). Et si, sur les deux derniers albums, certaines habitudes de composition ont été prises, notamment en termes de binômes et de répartition des rôles, cette fois, c’est tout autre. Bruce souhaite orienter le groupe vers des morceaux acoustiques ou dans cette tendance. Proposition rejetée sans appel par Steve Harris, ce qui fera mettre son poing dans la poche au vocaliste qui vivra la chose de façon sereine… en apparence.

Harris lui, a tellement donné de sa personne depuis les débuts du groupe et composé les titres cultes, les hymnes du groupe, qu’il se trouve au pied du mur et sait qu’il a un challenge à relever. Adrian Smith, pour sa part, est tellement inspiré qu’il phagocytera les autres membres en amenant à lui seul trois titres sur les huit que compte l’album, dont deux ("Wasted Years" et "Stranger In A Strange Land") qui seront choisis comme singles. Et si Dickinson dans le documentaire vidéo de 1984, « Behind The Iron Curtain », répond à un fan qu’il n’est pas possible de faire du heavy metal en utilisant des synthétiseurs, c’est peu de dire que le virage est violent car ces derniers sont présents (et en avant dans le mix) sur la quasi-totalité des morceaux, lui conférant ainsi une ambiance particulière et tranchant net avec les autres disques du groupe. Quant à la pochette, n’en parlons pas ! Il est encore possible aujourd’hui de la regarder attentivement et d’y remarquer des détails passés jusque-là inaperçus. Le nombre de références (directes et indirectes) à l’univers du groupe et de ses membres est hallucinant et Derek Riggs (illustrateur du groupe de 1980 au début des années 90) s’est arraché la tête sur cette réalisation phénoménale, faisant d’elle sans conteste l’une des plus belles pochettes d’album de leur féconde discographie.

Fortement influencé par le film Blade Runner (le thème du film sera même utilisé comme introduction des concerts), cet album débute avec le morceau "Caught Somewhere In Time" qui est écrit par Steve Harris et qui donne le ton d’emblée avec sa longue introduction au… synthétiseur bien sûr ! Titre réussi et placé comme titre d’ouverture de la tournée mais jamais rejoué depuis. "Wasted Years" ensuite, LE titre définitif d’Adrian Smith. On se souvient encore de son intro lors des nuits passées sur M6 à regarder la seule émission de l’époque qui nous apportait notre lot de vidéos metal et dont le générique utilisait cette mélodie. Succès immédiat et choisi comme single, ce titre a encore été joué cette année en live. L’un des morceaux préférés des fans et un des meilleurs de MAIDEN, tout simplement. "Sea Of Madness", deuxième morceau écrit par Adrian, sera joué lui aussi uniquement sur cette tournée (et encore, en 1986 uniquement et pas sur l’autre partie en 1987). C’est fort dommage car il bénéficie de belles ambiances et d’un solo énorme. On poursuit ensuite avec "Heaven Can Wait" et son break permettant aux fans de donner de la voix lors des concerts. Composé dans une optique live, c’est un morceau efficace mais calculé, perdant ainsi un peu de magie et de spontanéité. Heureusement que la paire Smith / Murray fait mouche sur la partie solo.

On le sait, IRON MAIDEN aime s’inspirer de livres ou de films existants afin d’en faire des chansons. Tel est à nouveau le cas avec "The Loneliness Of A Long Distance Runner", pas une franche réussite si on considère l’ensemble de l’œuvre du groupe. Le gimmick joué à la guitare fait tout de même son effet et s’insinue dans l’esprit de longues minutes après la fin du disque. Deuxième single (et à nouveau écrit par Smith donc), "Stranger In A Strange Land" cause plus. Le rythme est lent, lourd (on retrouvera un peu de cet esprit avec "The Reincarnation Of Benjamin Breeg" sur l’album « A Matter Of Life And Death » sorti en 2006) et on a affaire là une fois encore à l’un des meilleurs moments du disque. Merci Mr. Smith ! On approche de la fin avec "Déjà-Vu" (in French in ze texte) qui est un peu le titre faible de ce disque. On s’y fera à la longue mais à l’époque, forte était l’envie de zapper ce morceau. Le refrain (pourtant répétitif) sauve un peu les meubles et nous amène ensuite à la pièce considérée comme maîtresse aujourd’hui, j’ai nommé "Alexander The Great". Ecrite en deux semaines semble-t-il par Steve Harris et inspirée par la vie du jeune conquérant, nous sommes avec cette chanson dans l’épique, le grandiloquent. Et si ce titre est de nos jours celui le plus plébiscité par la majorité des fans qui rêvent de voir le groupe l’interpréter, ce n’était pas vraiment le cas à l’époque. Reste qu’elle fonctionne bien sur disque et a très certainement permis à quelques élèves ayant des lacunes en Histoire de rattraper quelques manques…

Dans son ensemble, et même si le groupe ne lui porte qu’un minimum d’intérêt (hormis "Wasted Years" et plus occasionnellement "Heaven Can Wait"), cet album marque un véritable tournant dans la carrière du groupe, en termes de style mais aussi pour sa dynamique interne. On aurait aimé qu’il en soit autrement et que certains titres soient encore joués à ce jour mais il semblerait que le groupe ne soit pas de cet avis. Dommage…

"Stranger In A Strange Land"
 


 

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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