28 août 2020, 12:00

SEETHER

• "Si Vis Pacem, Para Bellum"

Album : Si Vis Pacem, Para Bellum

Pour beaucoup d’entre vous, SEETHER est inconnu au bataillon. Et pourtant, tous ceux qui ont traversé les années 90 devraient s’intéresser d’un peu plus près à la formation sud-africaine, originaire de Pretoria. Naviguant sur un style fortement orienté grunge et metal alternatif, SEETHER n’est pourtant pas un simple ersatz de NIRVANA, ayant acquis au fil des années sa propre personnalité, portée par des compositions chargées d’émotions et de spleen, grâce, notamment, à la voix rauque et bluesy du guitariste-chanteur-compositeur Shaun Morgan. La lourdeur et la noirceur poisseuse qui se dégagent de sa musique rappellent également ALICE IN CHAINS, tant par le côté malsain que par la facette extrêmement mélodique des chansons. Impossible de passer à côté du single "Broken" issu du premier album « Disclaimer » (2002), et que l'on retrouve sur « Disclaimer II » en 2004, chanté en duo avec Amy Lee (EVANESCENCE), ainsi que la magnifique "Fine Again", tirée du même disque.

Né en 1999, le groupe a déjà sept albums à son actif, dont le superbe « Finding Beauty In Negative Spaces », entre autres. « Si Vis Pacem, Para Bellum » (que l’on peut traduire ainsi : « Si tu veux la paix, prépare-toi à la guerre ») est donc le huitième méfait. Il a été produit par Shaun Morgan et mixé par Matt Hyde (DEFTONES, AFI...) à Nashville entre décembre 2019 et janvier 2020. Rejoint à la guitare par Corey Lowery (ex-SΔINT ΔSONIΔ et STUCK MOJO), un ami de longue date de Shaun qui complète le line-up déjà composé de Dale Steward à la basse et John Humphrey à la batterie, le quartet revient en pleine forme. Et le moins que l’on puisse dire, c'est que ce nouvel album ne manque pas de caractère. D’entrée de jeu, on se prend deux baffes consécutives avec "Dead and Done" et "Bruised And Bloodied", deux titres revendicatifs à souhait où la voix du frontman se fait mordante et agressive.

On retrouve aussi une douce mélancolie sur des titres comme "Wasteland", "Liar", "Buried In The Sand", "Failure" et "Written In Stone", ce malaise profond qui hante la musique de SEETHER depuis 21 ans, cette sensation que la musique sert d’exutoire à la rage et la dépression tapies au fond du chanteur depuis si longtemps. La basse se fait plombante et graisseuse, les rythmes lourds avec toutefois quelques accélérations bien senties, les guitares sont tantôt distordantes, tantôt mélodiques ou tranchantes. Et le chant navigue entre voix claire et cris de rage ("Dead And Gone", "Beg", "Let It Go", "Pride Before The Fall"), avec le côté râpeux et rugueux caractéristique des performances vocales de Shaun Morgan. "Dangerous", sortie comme premier single avant la parution de l’album, se démarque avec cette superbe ligne de basse (composée à la guitare par le frontman) et son refrain immédiatement mémorisable. Une chanson différente de ce que le groupe a proposé jusqu’à présent et totalement réussie.

 « Si Vis Pacem, Para Bellum » aborde des thèmes tels que les relations abusives, la souffrance et la dépression, le suicide du frère de Shaun Morgan en 2007 ou la mort de son père en 2017. Rien de bien réjouissant, me direz-vous. Et cependant, la création peut se révéler cathartique pour celui qui l’offre et tout aussi révélatrice pour celui qui la reçoit. Nombre d’auditeurs seront profondément touchés et émus à l’écoute de cet album, faisant écho à leurs propres souffrances et leurs propres démons. La musique est bien souvent perçue comme une main tendue pour celui qui se noie dans la brutalité de la vie et dans la noirceur de l’âme. Un reflet aussi de ce que la société inflige aux individus, tentant de faire disparaitre leurs personnalités uniques, les rendant transparents et invisibles au milieu de la masse.

SEETHER est un groupe qui ne triche pas. Les émotions sont justes et puissantes, la sincérité transpire dans chaque note. Et les 13 titres qui composent cet album sont comme une palette de couleurs émotionnelles toutes plus riches les unes que les autres. Il ne vous reste plus qu’à plonger dorénavant dans toute la discographie du groupe pour rattraper votre retard.

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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