Quatre décennies d’existence pendant lesquelles le caractère de groupe unique en son genre ne lui a jamais été contesté. Quarante années pendant lesquelles le groupe de Jonquière (Québec) a développé son art après avoir réussi à émerger de l’explosion du thrash metal du début des années 80 avec le cultissime et cauchemardesque « War and Pain » (1984). Visionnaire, le groupe nous a légué des classiques de thrash progressif tels que « Dimension Hatröss » (1988) ou encore le superbe « The Outer Limits » (1993) qui explore un univers psychédélique qui marque le sommet de leur évolution vers une liberté créative établie et reconnue.
Si 2005 aurait pu sonner le glas du groupe avec la disparition prématurée de son fondateur Denis "Piggy" D’Amour, c’était sans compter sur la résilience des membres originaux et des encouragements de leur fan-base. Denis "Snake" Bélanger (chant), Michel "Away" Langevin (batterie) et Jean-Yves "Blacky" Thériault (basse) ont alors entamé un nouveau chapitre en recrutant le guitariste Daniel "Chewy" Mongrain en 2008 qui à su avec intelligence et dextérité suivre les pas du maître comme en atteste « Target Earth » (2013).
C’est en 2018 avec le convainquant « The Wake » que VOIVOD avait délivré son dernier travail musical de taille. Après une tournée promotionnelle au quatre coin du globe avant que ne survienne la pandémie pendant laquelle le groupe, comme tant d’autres, a continué de créer en donnant quelques signes pour ne pas se faire oublier par les fans, mais aussi et surtout pour signifier que malgré la situation, il continuait d'exister.
C’est donc en ce début d’année 2022, dans l’espoir d’un renouveau qui cache un chaos souvent présent dans l’imagerie du groupe que sort « Synchro Anarchy ». Comme si le titre de cet album annonçait la synchronisation de deux événements d’un désordre mondial installé d’abord par une crise sanitaire décroissante, laissant place à une crise diplomatique et la froideur d’un homme affirmant son mépris pour l’humanité et la liberté.
« Synchro Anarchy » propose neufs chansons magnifiques au travers desquelles on mesure à chaque note la maturité acquise par le groupe et en particulier par ses deux plus récents membres "Chewy" et "Rocky" qui respectivement à la guitare et à la basse proposent des lignes faisant magnifiquement honneur à l’esprit de VOIVOD. Dès les premières notes de "Paranormalium", on reconnaît sans l’ombre d’un doute qu’il s’agît de VOIVOD. Ouvrir les yeux pour regarder la pochette est tout simplement futile. Du début à la fin, la musique et la voix ne laissent planer le moindre doute. « Synchro Anarchy » incarne la quintessence de VOIVOD dans ce qu'elle a de plus pure. De cette maturité, VOIVOD propose un son, certes moins brut et sale qu’à ses débuts, voire parfois presque joyeux comme en atteste les titres "Synchro Anarchy" et "Sleeves Off", mais pouvoir écouter le VOIVOD d’aujourd’hui reste une réelle satisfaction pour ceux qui l’ont vu éclore et continuent à le suivre depuis « War And Pain » en 1984 qui, malgré ses presque 38 ans, n’en n’est que plus actuel.
