13 septembre 2022, 18:21

PARKWAY DRIVE

"Darker Still"

Album : Darker Still

PARKWAY DRIVE a entamé une trilogie avec « Ire », un album qui a dérouté les fans hardcore (enfin, plutôt metalcore), puis poursuivi sa lancée avec le flamboyant « Reverence ». Voici la conclusion du triptyque, elle se nomme « Darker Still ».

Le groupe fait-il table rase du passé avec son "Ground Zero" ? Musicalement nous sommes dans un mood ultra entraînant, rythmiques percutantes, guitare légère et hypnotique faisant écho à une autre plus thrash. Winston McCall toute en puissance vocale déclame des paroles plus sombres que les pires abysses. Blessures intérieures, luttes, cicatrices et plaies ouvertes, toutes les résultantes de deux années terribles que nous avons tous traversées sont portées par des « Ho ho hooo » qui s’impriment au plus profond de notre âme. Puissance de l’extériorisation, au travers d’une musique cathartique. Rien de bien nouveau chez PARKWAY DRIVE me direz-vous. Toutefois en écoutant plusieurs fois l’album un quelque chose de différent, peut-être même d’agaçant diront certains, se dégage. Qu’est-ce que c’est ? Une austérité là où nous attendions plus de prises de risques ? Peut-être. Le metal se déverse "Like Napalm", destructeur avec des riffs ravageurs qui grattent à même la peau, des chants qui lèchent l’intérieur de nos crânes. Nous sommes en présence de deux types de compositions pour narrer ses histoires de luttes internes et externes.

Nous retrouvons l’audace à laquelle PARKWAY DRIVE nous a habitués avec des titres comme "Glitch". La musique qui rampe partout en nous, telle une puce sous amphétamines, qui expérimente et mélange les genres. Du hardcore et du slam, des cris et des riffs, des respirations lourdes de sens et des roulements de tambour... bienvenue dans une schizophrénie qui cherche une sortie à sa douleur, et qui finit par choisir une explosion libératrice. « Sleep is Now my Enemy ».

Dans le style fort, "If a God Can Bleed" offre cette progression dans la montée de la violence qu’offrait "Wishing Wells". Avec "Soul Bleach", digne d’un "Vice Grip", le metal de PARKWAY DRIVE se fait tout simplemen... décapant. On trouve de nombreuses interventions d’instruments atypiques pour du metal : du piano et du violoncelle, essentiellement pour renforcer plutôt que diminuer la lourdeur des riffs. Et il y a ces aboiements de pédale wah-wah sur "Imperial Heretic" qui sont tout simplement savoureux.

Le 2e single "The Greatest Fear" offre un classicisme thrash surprenant de force et de sobriété. Tellement "triste mais réel" que j’en viens à penser que nous avons là le "Black Album" de PARKWAY DRIVE. Avec la force des cordes vocales de Winston c’est puissant, tout simplement. Que dire quand on entend le long et sentencieux "Darker Still" ? Je crois que James Hetfield a répondu à cette question il y a 30 ans par un "Plus rien d’autre ne compte". Des morceaux donc beaucoup plus linéaires que d’anciens titres des Australiens, mais qui à l’instar de "Land Of The Lost" n’en contiennent pas moins de charge émotionnelle. Si ça vous parle, ce qui est mon cas, vous êtes transportés au sein même du message que délivre le sillon du disque. Une peinture crue du réel.

En guise de conclusion "The Heart Of The Darkness" fusionne les deux thèmes sonores de l'album, le meilleur de chaque genre fait jaillir ses partitions dans un clash royal et cérémoniel. Il s’en dégage une si grande beauté, un pont entre deux époques.

Au final, « Darker Still » est un album qui intrigue. J’y ai trouvé mon compte, et l’orientation musicale, ou l’absence d’orientation stricte, m’a bien parlé. A chacun de s’essayer à l’exercice d’une écoute curieuse. Certainement pas l’album que beaucoup attendaient, plutôt une représentation sonore que notre époque mérite. Brutale. Il y a un tel nihilisme dual, glacial et monacal, c’est magnifiquement mis en musique, ainsi parle aujourd’hui "Zarathou-Park".
PARKWAY DRIVE est de retour pour crier les douleurs du monde...

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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