Quel groupe déconcertant ! Tout commençait plutôt bien avec des débuts unanimement salués par la critique chez Nuclear Blast Records avec « Hallucinations » (1990) puis chez Roadrunner Records avec le remarquable « Toddessensucht » (1992) ! L'énorme potentiel des Allemands leur permettait alors de voir l'avenir sous les meilleurs auspices en portant très haut les couleurs du death metal...
…Du moins, c'est ce que tout le monde croyait !
Car ensuite... Surprise ! Sur le label Massacre Records sort l'inattendu « Blut » (1994) où musicalement les choses ont radicalement changé de tournure. Il faut dire que, loin de se cantonner à ses propres limites, ATROCITY (le leader Alex Krull pour être plus précis...) a choisi de quitter sa zone de confort en absorbant comme une éponge les tendances du moment pour mieux se les approprier. Sur « Blut » le titre "Trial" ressemble d'ailleurs à s'y méprendre à du PRONG qui venait de sortir cette année-là « Cleansing », pour moi, son meilleur album. Alors que le death metal amorce une nette perte de vitesse, ATROCITY se découvre un second souffle dans l'electro-gothique/indus alors en vogue (EP « Die Liebe ») et des reprises à la qualité très aléatoire (« Werk 80 » - 1997). Histoire d'achever ceux qui peinaient déjà à suivre, ATROCITY ira même jusqu'à aller plus d'une décennie plus tard sur les plaines verdoyantes du folk païen (« After The Storm » en 2010) !
Avec la trilogie des « Okkult » initiée en 2013 explorant la face sombre de la nature humaine, la formation germanique revient (enfin) à la maison si on peut dire, avec un death metal pour ce troisième volet somme toute extrêmement brutal !!! Un retour aux sources qu'il convient de saluer : la fougue de rejouer du death est là, bien intense (le furieux "Lycantropia"), la technicité jamais prise en défaut ("Fire Ignites") et les soli fulgurants autant qu'inspirés. Même si subsistent quelques rares nappes de synthé issues d'un passé pas si lointain ("Teufelsmarsch", bien meilleur dans sa version instrumentale finalement comme le terrible "Desecration Of God"...), quelques chœurs s'attardant ça et là, cela reste de l'habillage pour servir le morceau et non pas pour le saboter.
Quel plaisir donc de retrouver le vrai ATROCITY, celui des débuts, en mode bulldozer hors contrôle (l'excellent "Priest Of Plague") ! Alors avant qu'il ne change de crèmerie pour aller on ne sait où jouer on ne sait quoi, profitons de cet inespéré déluge de décibels !