30 mai 2023, 23:59

GHOST + LUCIFER

@ Nice (Palais Nikaia)


Vous en connaissez beaucoup, vous, des groupes de grande envergure qui, en 2023, prennent la peine de donner plus de 2 ou 3 dates en France ? Qui la jouent "old-school", comme dans les années 80, quand les formations sillonnaient l'Hexagone et allaient à la rencontre des fans les plus éloignés géographiquement de la capitale ? Mis à part SCORPIONS et DEEP PURPLE, éventuellement, il n'y a en a pas. L'annonce que le “Re-Impera Tour” de GHOST passait par Nice était donc une nouvelle miraculeuse pour qui habite le Sud-Est de la France, une région largement ignorée (voire sinistrée) en termes de concerts metal et hard rock. 

Vous me direz que quand on sait que cette septième des huit dates de la tournée française était la plus "petite" en termes de fréquentation, avec la moitié de ce qui a été enregistré à Strasbourg (plus de 7 000 spectateurs), Lille et Lyon (plus de 6 500), on comprend un peu et les groupes et les promoteurs… Mais glissons là, GHOST se sera en tout cas produit devant un total de plus de 41 000 personnes sur le sol français, ce qui fait figure d'exploit.

LUCIFER, qui devait ouvrir le bal (le sabbat ?) avant d'être suivi par SPIRITBOX, sera finalement la seule première partie, les Canadiens étant restés bloqués en Italie en raison d'une panne de bus. Du coup, le quintet suédois, emmené par la chanteuse allemande Johanna Sadonis et qui compte aussi dans ses rangs le batteur Nicke Andersson (également chanteur/guitariste de THE HELLACOPTERS et batteur d'ENTOMBED), a vu son set passer de 25 à 50 mn, une véritable aubaine. Carré, son heavy teinté 70 's, influencé par BLACK SABBATH ("Wild Hearses") et BLUE ÖYSTER CULT, entre autres grands anciens, est à sa place à l'affiche, aussi bien musicalement qu'avec ses textes occultes. "Ghosts", "Crucifix (I Burn For You)" et "Leather Demon" sont bien accueillis par le public, même si la belle blonde toute de spandex noir vêtue se limite au strict minimum syndical en termes de communication avec le public et que le son, fort (trop ?) demeure brouillon.

Mais c'est évidemment pour GHOST que les Children of Nice (et d'ailleurs) se sont déplacés. Pour communier avec ferveur avec le nouveau poids lourd du hard pop mélodique, qui (alléluia !) a tendance à nettement durcir le ton sur certains passages en live ("Ritual", "Mummy Dust", "Cirice"). Car un concert de GHOST, c'est une parenthèse (en)chantée. Un son et lumières, riche en hits où l'on en prend aussi plein les yeux, la scénographie étant plus grandiose de tournée en tournée. Ce sont pas moins de 8 musiciens qui accompagnent le chanteur et maître de cérémonie : outre les deux guitaristes, le bassiste et le batteur, on compte également, de chaque côté du kit, deux claviéristes/choristes et deux choristes – une Ghoulette et une Ghoul qui joue également de la guitare sur quelques morceaux. D'ailleurs, sur les derniers titres du concert, alors que le son devient un peu plus fort, les claviers auront tendance à prendre le pas sur les guitares au niveau du mix. Ce sera le seul petit bémol de la soirée – en ce qui me concerne. Je précise pour celles et ceux qui étaient présents que j'étais placée dans les gradins, à gauche de la table de mixage et que le son varie toujours d'un endroit à l'autre d'une salle.


Le show est rodé, calibré mais pas mécanique, le lightshow somptueux, tout comme les vitraux projetés en backdrop, sans oublier les effets pyrotechniques et quelques explosions. Quant à la prestation des musiciens, elle est impeccable. Et puis, évidemment, il y a Tobias Forge. Showman d'exception, encensé par Rob Halford de JUDAS PRIEST, entre autres sommités du monde du metal, qui loue sa classe, son charisme et son originalité, que ce soit en "Dead Astaire" (la majorité du show), en Papa Emeritus IV (sur l'envoûtant "Call Me Little Sunshine" et ses lights éblouissants) ou avec une cornette (sur l'incontournable "Year Zero"). Mention spéciale à l'apparition – dans la lignée d'Alice Cooper – de Papa Nihil sur scène pendant "Miasma". Ressuscité à grands coups d'électrochocs, il se saisit du saxophone pour jouer le solo. On ne s'en lasse pas.


Mais GHOST, ça n'est pas qu'une image et un "folklore", ce sont des chansons ciselées sans lesquelles le groupe ne serait qu'une coquille vide. Treize ans après « Opus Eponymous » avec qui tout a commencé, et avec désormais cinq albums sous la mitre et plusieurs EP, Papa Emeritus peut proposer un véritable greatest hits sans le moindre temps morts (cf. la set-list). Côté nouveautés par rapport à l'"Impera Tour" passé par l'Accor Arena en avril 2022, on retrouve "Jesus He Knows Me", reprise de GENESIS qui aurait pu être composée par le chanteur et ses musiciens, présente sur l'EP « Phantomime » sorti il y a 15 jours ; "Con Clavi Con Dio" (« Opus Eponymous ») ; "Watcher In The Sky" (« Impera » 2022), taillé pour les stades ; et le sublime "Respite On The Spitalfields", un des plus beaux morceaux de la discographie de GHOST, qui clôture le dernier album en même temps que le show avant le rappel. Et dont la fin, qui reprend l'instrumental "Imperium" qui ouvrait le cinquième opus du groupe et le concert, gagne en intensité avec ses chœurs. Du grand art.


Taquin, Tobias revient pour le rappel en annonçant qu'il reste un morceau à jouer. Avant de faire monter les enchères (« Deux ? Trois ? ») avec les fans en front de scène. Ce sera "Kiss The Go-Goat", "Dance Macabre" qui ferait danser un mort et "Square Hammer". Encore un grand moment de communion musicale qui prouve que l'on peut être athée et avoir droit à son service (service athée… je vous laisse digérer ce jeu de mots de haut vol).

La semaine dernière, à l'occasion d'une interview avec Revolver Magazine, Tobias déclarait que la tournée américaine du groupe s'achevant par deux dates au Kia Forum à Los Angeles, les 11 et 12 septembre prochains, « les concerts seraient différents » et il a laissé entendre à demi-mot qu'un live et un DVD pourraient bien être captés pour l'occasion… On vous en parlera évidemment dès que l'on en saura plus. Une chose est certaine : GHOST étant désormais entré dans la cour des grands, cette tournée dans des salles "à taille humaine" était peut-être l'une des dernières fois où l'on pouvait profiter de cette proximité. Dommage pour les absents.

Retrouvez les deux set-lists ici et le portfolio de Chris Caprin.
 

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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1 commentaire

User
Karl Libus
le 01 juin 2023 à 23:59
Le concert à Rennes était excellent. Mais oui, 8 dates en France pour un groupe comme GHOST, chapeau bas. Quand j’ai vu la date pour Rennes je n’y croyais pas.
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