10 juillet 2023, 18:16

DEVILDRIVER

Interview Mike Spreitzer

Blogger : Clément
par Clément


Mine de rien, cela fait désormais deux décennies que DEVILDRIVER mène son petit bonhomme de chemin avec son metal estampillé "US" et pas moins de neuf albums dans sa besace. Et le clan de Dez Fafara est loin d’avoir dit son dernier mot puisqu’il était de retour en mai avec une dixième livraison toujours aussi musclée, gage de sa vitalité débordante. « Dealing With Demons - Vol. II » s’affiche comme la suite logique et toujours aussi savoureuse de son prédécesseur paru en 2020. Et pour nous en parler sous toutes les coutures, le guitariste Mike Spreitzer s’est rendu disponible pour tailler le bout de gras avec HARD FORCE. Miam !
 

Alors que le second volet de « Dealing With Demons » est sorti en mai dernier, quels sont les premiers retours tant de la presse que des fans que tu as reçu à son sujet ?
Pour tout te dire, ils sont bons, très bons même ! La plupart de ces retours tournent autour du fait que ce deuxième volume complète le premier à merveille. Certains d’entre eux mettent en avant l’aspect plus sombre de notre musique, ce qui me ravis puisque c’était bien l’approche que nous avions en tête lors de l’enregistrement de cet album. En fait, pour le moment il n’y a eu qu’une seule chronique négative. Je ne m’attarderai pas sur ce sujet car ce qui m’importe le plus, c’est que ce disque plaise à notre public. Et cela, j’en suis convaincu ! Pour les plus curieux d’entre vous, je vous laisse le soin de chercher sur internet si vous voulez savoir quel est le magazine qui en est responsable (rires)...

Pour nos lecteurs qui n'ont pas forcément suivi l'actualité du groupe ces dernières années, quelle est l'histoire derrière ce double album, « Dealing With Demons » ?
En fait, réaliser un double album est une idée qui trottait dans nos têtes depuis déjà un bon bout de temps. Mais comme c’est souvent le cas, cela est une question de temps et d’opportunités pour mener ce type de projet à bien. Et pour nous, c’est après la tournée qui est intervenue après la sortie de « Trust No One » en 2016 que l’idée a refait surface et que l'on s'est dit que nous étions prêts pour nous lancer dans cette aventure. Et cela a coïncidé avec une autre envie que nous avions depuis longtemps : sortir un disque uniquement composé de reprises. C’est d’ailleurs par cet album, « Outlaws 'Till The End - Vol. 1 » que nous avons commencé à nous faire la main (ndlr : disque sorti en 2018 et composé de reprises de EAGLES, Johnny Cash, Willy Nelson, Hank Williams...) avant de passer à la composition du premier volume de ce qui deviendrait « Dealing With Demons ».
Nous avions dès lors plus d’une vingtaine de morceaux disponibles, plus ou moins aboutis, et nous avons pris le temps d’en peaufiner une bonne partie pour ce premier volume. Puis la composition des titres pour l’album suivant a pris plus de temps que prévu, notamment à cause de la pandémie de COVID. Ce que je retiens de cette expérience est que nous sommes partis dans la direction artistique qui nous convenait à ce moment-là et que nous avons convaincu notre label de nous accompagner dans ce projet. Ce n’était pas si évident car ce n’est pas ce qui était convenu contractuellement avec ce dernier. Mais Napalm Records nous a soutenus et a accepté cette idée de sortir deux disques d’une quarantaine de minutes chacun. En termes de textes, sur chacun d’entre eux, nous abordons plein de sujets comme la traîtrise, le fait d'être poignardé dans le dos par son meilleur ami ou encore d’affronter le démon de la tentation...

En parlant du premier single extrait de ce disque, Dez Fafara a déclaré : « "Through The Depths" est une conversation entre une puissance supérieure et des humains sur le pouvoir de donner vie à des idées, tout en faisant très attention à ne pas être arrogant à propos de ces désirs et besoins »…
Oui, c’est bien cela et Dez t’en parlerait bien mieux que moi (rires). C’est en effet une conversation entre une entité supérieure et les humains au sujet du pouvoir de la réflexion et de la destruction, aussi. Nous avons choisi ce premier titre à l’unanimité, il a quelque chose de très sombre, presque black metal dans l’esprit et dans son univers textuel, qui lui donne une tonalité vraiment à part sur cet album. D’ailleurs, le clip que nous avons tourné pour "Through The Depths" t’en dira bien plus en cinq minutes que tous les discours que je pourrais te faire à son sujet !


​Ce nouvel album est plus complexe et surtout plus sombre que le premier volume. Cela vous est-il venu naturellement ou était-ce quelque chose que vous aviez déjà en tête lors de la conception du premier volume ?
En fait, à chaque fois que nous nous réunissons pour composer un nouvel album, nous ne préméditons rien. On ne se dit jamais : « Allez, il faut faire plus brutal, il faut faire plus sombre, il faut faire plus groovy... » ou je ne sais quoi dans ce goût-là. Nous avons réalisé des premières maquettes pour définir une orientation globale et nous avons laissé notre humeur du moment et nos envies faire le reste. Le plus important est de ne pas nous répéter et de faire quelque chose qui sera chaque fois unique, c’est cela qui nous permet de rester en vie artistiquement. Mais je dirais que sur cet album, nous avons varié comme jamais les tempos et que les parties de guitares sont probablement les plus puissantes que nous n’ayons jamais enregistrées. C’était une expérience très enrichissante à tout point de vue...

Finalement, quelle place accordes-tu à ce nouvel album dans une discographie déjà riche... de dix albums ?
Wow, c’est une question compliquée car comme je te le disais juste avant, chacun de nos disques est comme un instantané de ce qu’est le groupe au moment où il enregistre. Mais ce dont je suis sûr, c’est qu’il n’y aucun album dont je ne suis pas fier à 100% à chaque sortie. Et « Dealing With Demons - Vol. II » ne fait pas exception à la règle !

J'ai lu sur le communiqué de presse que tu as tenu un rôle d’ingénieur du son complémentaire sur l'album, qu'est-ce que ça veut dire plus précisément ? Cela signifie-t-il que tu épaulais Steve Evetts ?
En effet, certaines des informations présentes dans le communiqué de presse ne sont pas tout à fait correctes. En fait, comme pour les précédents albums, j’ai enregistré de nombreuses parties depuis mon home-studio au format démo afin d’avoir déjà en poche un peu de matière avant de nous retrouver pour finaliser l’ensemble des titres en studio. Steve a pioché dans certaines de ces parties afin d’intégrer cela à l’enregistrement final, mais honnêtement, cela ne représente qu’une infime partie du travail qu’il a effectué sur cet album. Cela ne serait pas rendre justice au travail qu’il a réalisé pour « Dealing With Demons » que de dire que j’ai été coproducteur du disque (rires).

Vous travaillez depuis l’album « Trust No One » avec Johnny Jones. Encore une fois, il semble avoir parfaitement compris où vous vouliez en venir avec cette pochette...
Oui, Johnny nous connaît bien et a vraiment ce truc pour mettre en images ce que nous avions en tête. Enfin, quand je dis "nous", c’est plutôt Dez devrais-je te dire ! Car c’est lui qui gère cette partie avec Johnny en direct. Il sait exactement, puisqu’il est à l’œuvre sur la rédaction des textes et sur la nature de la pochette, ce qui doit figurer sur l’artwork du disque. Et je suis persuadé qu’encore une fois, ces deux-là ont fait du bon boulot (rires). De mon côté, mon rôle est clair : jouer de la guitare et cela du mieux que je peux.

Juste un mot sur Napalm Records, vous avez une place à part dans leur catalogue aux côtés de groupes très différents comme POWERWOLF, KAMELOT, CANDLEMASS ou XANDRIA. Te souviens-tu des raisons qui vous ont poussés à signer avec eux il y a dix ans ?
Pour cela, il faut revenir aux tout débuts du groupe et se souvenir que Roadrunner a été notre label pendant les dix premières années. Et surtout que DEVILDRIVER a été signé logiquement dans la foulée de COAL CHAMBER, qui a été l’un des groupes majeurs de ce label à la fin des années 90. Dez était d’ailleurs très proche de Monte Conner et Mark Palmer, deux piliers dans l’histoire de Roadrunner Records, et entretenait une belle relation humaine avec chacun d’entre eux. Mais à la fin des années 2000, le label a été racheté par Warner Music Group et cela a sonné le début de la fin puisque les dirigeants de cette multinationale avaient une vision complètement différente de Roadrunner sur l’activité "metal" du label. Quelques années plus tard, Napalm Records nous a contactés avec une offre qu’il n’était pas possible de refuser. Nous ne regrettons pas cette décision car même si nous sommes éloignés, artistiquement parlant, de la plupart de leurs groupes power/heavy metal, ils s’occupent très bien du groupe. C’est tout ce qui compte pour nous.

Jetons un coup d’œil dans le rétroviseur avant de nous quitter : même si tu n'as pas participé à l'enregistrement du premier album, tu es le seul membre, avec Dez, qui est encore là depuis les débuts du groupe. Quel regard portes-tu sur ces presque vingt années de collaboration avec lui au sein de DEVILDRIVER ?
Ah là, tu touches un point sensible (rires). Tu sais, lorsque j’ai rejoint DEVILDRIVER juste après l’enregistrement du premier album en 2004, pour la tournée européenne en ouverture d’IN FLAMES, je n’étais présent que de façon temporaire. En effet, le groupe avait juste besoin d’un guitariste et il n’y avait aucun plan pour moi une fois cette tournée terminée. Et puis Evan Pitts, le guitariste que j’ai remplacé, a finalement annoncé quitter l’aventure pour de bon. A l’époque, je travaillais dur à l’école de musique de Santa Barbara mais je n’étais pas satisfait de l’ensemble des cours à la suite d’un changement de direction qui n’indiquait rien de bon pour la suite des événements. J’ai donc saisi la main qui m’était tendue par Dez à ce moment, et accepté de rejoindre le groupe de manière définitive. C’était un pari risqué mais dans la vie, si tu ne prends aucun risque alors tu végètes et tu ne progresses jamais. C’est parfois douloureux, cela vient te questionner sur ce que tu imagines pour le futur mais je peux te garantir que c’est certainement la meilleure décision que j’ai jamais prise ! J’ai ensuite accompagné DEVILDRIVER sur une tournée gigantesque pour le Ozzfest. Puis j’ai eu la chance d’enregistrer « The Fury Of Our Maker’s Hand » dans ce superbe ranch en plein milieu du Texas, un album qui reste l’un des préférés de nos fans à en juger par leur réaction lorsque nous en jouons un extrait en concert !

Vous allez participer au festival Bloodstock, qui se déroule en août en Angleterre, comptez-vous également nous rendre visite en faisant un détour par la France ?
En effet, et si ma mémoire ne me fait pas défaut, cela fait déjà quatre ans que nous sommes venus jouer en France (NDR : à Toulouse au Metronum) et je ne vais pas te cacher que ce n’est malheureusement pas à l’ordre du jour pour de multiples raisons. Peu importe, ce dont je suis sûr c’est que nous répondrons présents en 2024 et que cela vous laisse encore un peu de temps pour vous préparer à notre retour sur scène (rires). Si d’aventure certains d’entre vous ont l’occasion de venir aux Etats-Unis en fin d’année, sachez que nous seront à l’affiche d’une tournée avec CRADLE OF FILTH... qui s’annonce épique !
 

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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