A l'origine, ce concert devait se tenir en 2020, puis en 2021 et puis, plus vraiment de nouvelles. La COVID était passée par là, et finalement, c'est ce 11 juillet 2023 que les RED HOT CHILI PEPPERS ont décidé de tenir leur promesse de concert au Groupama Stadium. Pourtant, nous avons croisé les doigts, car la météo a décidé de s'en mêler avec une alerte d'orages extrêmes. Thor a finalement décidé d'aller mener sa bataille ailleurs et a épargné le stade de Décines. Le concert a pu se tenir normalement, avec des horaires légèrement avancés pour chaque groupe.
King Princess est désignée pour ouvrir cette soirée devant un stade loin d'être encore rempli. La new-yorkaise, multi-instrumentiste, vient nous livrer un set pop-rock qui a un peu de mal à captiver le public. Il faut dire qu'ouvrir dans un tel lieu n'est pas forcément aisé, particulièrement lorsque le public arrive au compte-gouttes et qu'il est là pour une musique plus marquée par le rock et la grosse énergie. Malgré certaines qualités, King Princess a du mal à convaincre, mais elle a ouvert une soirée qui s'annonce chaude...
Iggy Pop est de retour à Lyon et on ne peut que s'en réjouir. La légende de 76 ans est toujours sur scène et défend son dernier album en date, « Every Loser », sur lequel on retrouve notamment Chad Smith, le batteur des RED HOT CHILI PEPPERS, et Duff McKagan, bassiste de GUNS N' ROSES. Le retour de l'iguane en mode punk a ravi plus d'un spectateur, et le concert de ce soir est une belle preuve de l'énergie de cet artiste hors norme. Iggy Pop déboule sur scène avec une reprise de Noveller (Sarah Lipstate), "Rune", avant de dérouler ses compositions avec un premier morceau de 1979, "Five Foot One", "T.V. Eye" issu du répertoire des STOOGES, et un nouveau titre, "Modern Day Rip Off".
La deuxième partie du set est une explosion de saveurs avec des classiques incontournables qui ne peuvent que vous donner des frissons, un sourire béat et une pêche d'enfer. Pour preuve, voici cette belle liste : "Raw Power", "The Passenger", "Lust For Life", "I Wanna Be Your Dog", un nouveau et pas des moindres "Frenzy", et enfin "Search And Destroy". On ne peut souhaiter qu'une chose, c'est que la soucoupe volante qui a un jour déposé Iggy Pop sur notre bonne vieille Terre, nous le laisse encore pour quelques années. S'il y a un artiste incroyable qui a traversé les générations avec un son, des postures et une attitude bien à lui, c'est bien l'Iguane. Et ce fut un plaisir incalculable de le voir ouvrir pour les RED HOT CHILI PEPPERS dans ce stade maintenant chaleureux, réceptif et acquis à la cause du rock'n'roll.
À l'image de METALLICA, assister à un concert des RED HOT CHILI PEPPERS sur cette tournée est l'assurance de ne pas trop savoir à quoi s'attendre dans le choix des chansons. Cela crée des moments uniques et un renouvellement constant. Il y a certes des piliers et des incontournables, mais cela offre des surprises pour les fans qui, comme tout le monde, aiment chercher des informations sur internet. Cela peut s'avérer risqué pour les artistes, mais avec 40 ans de carrière et un bon prompteur, on est assuré d'un concert réussi. Si avant de me rendre à ce concert, j'avais quelques doutes sur les performances vocales ou la mise en place des morceaux, tous mes doutes ont été balayés par un concert d'une énergie incroyable déployée ce soir. Contrairement à RAMMSTEIN, IRON MAIDEN ou même MUSE, les RED HOT CHILI PEPPERS ne déploient pas un show incroyable avec une mise en scène époustouflante. On peut néanmoins voir des écrans géants, une bonne réalisation vidéo et un écran en fond de scène qui projette des images psychédéliques pendant toute la durée du concert.
Pour le vrai spectacle, c'est entre les quatre musiciens que cela se joue, avec en tête de pont Flea. Le bassiste fait partie des légendes avec son jeu hors pair et la façon dont-il s'agite sur scène comme personne. À 60 ans, l'artiste arrive en traversant la scène, en marchant sur les mains avant de livrer un show exceptionnel. Le niveau artistique n'est plus à prouver. Le bassiste a influencé plus d'un musicien durant 4 décennies. On peut le mettre au panthéon des bassistes aux côtés de Cliff Burton, Steve Harris, Robert Trujillo et Les Claypool, pour avoir donné envie à certains de mettre la guitare de côté et de se consacrer aux 4 cordes. On ne peut passer également à côté de la batterie de Chad Smith, qui en live prend une dimension incroyable. Là aussi, c'est une très bonne surprise. Écouter des disques et voir un groupe en chair et en os n'est définitivement pas la même chose. On ne se focalise pas sur les mêmes détais, mais on ne perçoit pas non plus les mêmes aspects. Chad SMITH est clairement charismatique, et sa batterie sonne comme une locomotive. Les subtilités et la dynamique de son jeu apparaissent dans toute leur splendeur, et on ne peut qu'adhérer au jeu de ce batteur ultra charismatique.
Plus en retrait, on retrouve le ténébreux John Frusciante, pilier psychédélique et funky du groupe. On lui doit sa collaboration aux albums les plus marquants de la carrière du groupe, "Mother's Milk" en 1989, "Blood Sugar Sex Magik" en 1991 et "Californication" en 1999. Sa participation s'est faite en pointillé dans le groupe, mais il reste un pilier central des RED HOT. Après 10 ans d'absence, son retour en 2019 marque aussi celui du groupe en studio avec deux albums parus en 2022, « Unlimited Love » et « Return To The Dream Canteen ». Son style guitaristique plus en douceur vient compléter une basse plus agressive, créant un équilibre musical parfait. Le dernier des quatre piliers est bien entendu Anthony Kiedis, qui tient le micro depuis 1982. Ce soir, c'est avec une cheville dans une attelle que le frontman donne son concert. Il est forcément restreint, mais cela ne l'empêche pas de livrer un concert énergique et d'assurer ses parties de chant de la meilleure manière possible. Les quatre Californiens proposent des titres mélangeant les différentes périodes du groupe, avec notamment "Can't Stop", "Scar Tissue", "Soul To Squeeze", "Right On Time", "Eddie", "Californication", "By The Way" et un rappel de choix avec deux incontournables, "Under The Bridge" et "Give It Away", pour un au revoir des plus spectaculaires.
La jolie voix suave de la publicité de la date sur Spotify m'a rappelé un nombre incalculable de fois ce concert, et finalement, il a bien eu lieu, contre vents et marées. Ce fut une soirée incroyable et une première depuis 2006 pour le groupe à Lyon. Ce retour valait le déplacement, et son report n'a en rien entaché la fête sublime qui a eu lieu dans ce stade.
Photos © Anthéa Bouquet - Portfolios : RED HOT CHILI PEPPER / Iggy Pop
