22 juillet 2023, 23:59

RAMMSTEIN

@ Paris (Stade de France)


Le samedi 22 juillet, RAMMSTEIN était de passage dans la capitale dans le cadre de son monumental "Stadium Tour" entamé en 2019. Nul besoin de revenir sur les événements qui ont conduit le groupe à reporter les concerts de 2020 une première fois en 2021 puis une seconde fois en 2022, on constatera simplement, et avec plaisir, que ceux-ci ont permis aux Allemands de sortir un nouveau disque trois ans seulement après "l’album allumette" et donc d’étendre sa tournée afin de le promouvoir. L’été 2023 voit ainsi nos pyromanes enflammer les plus grandes enceintes sportives du Vieux Continent, notamment le Stade Olympique de Munich, celui de Berlin, et le Stade Civitas Metropolitano de Madrid. Il faut bien ça pour accueillir l'imposante scène sur laquelle se produit le groupe, une infrastructure constituée de 1500 tonnes d’acier pour 70 mètres de large et 40 mètres de haut et nécessitant près de 61 heures d’installation étalées sur 7 jours ! Quant au transport, ce sont 105 semi-remorques et 88 bus de tournée qui acheminent le matériel et les quelque 525 personnes qui montent et démontent la scène à chaque concert ! Quand je vous aurai dit en plus que deux infrastructures sont nécessaires à la logistique de la tournée (pendant que les musiciens se produisent dans un stade, l’autre scène est montée dans la ville suivante), vous n’aurez plus qu’à multiplier ces données par deux et vous pincer pour vous assurer que vous ne rêvez pas ! Des chiffres ébouriffants qui ne préparent pourtant en rien au choc provoqué par un tel spectacle...


Mais pour l’heure, concentrons-nous sur la première partie, ABELARD, constituée d’un duo de pianistes françaises, Héloïse Hervouët et Émilie Aridon-Kociolek, reprenant des morceaux de RAMMSTEIN dans des versions à quatre mains. Autant dire que l’originalité n’est pas au rendez-vous puisque les Teutons avaient déjà choisi un duo de pianistes françaises, DUO JATEKOK, interprétant des extraits de l’album « Klavier » pour assurer la première partie de leur tournée de 2019. Le moment passé en compagnie de ces deux demoiselles est néanmoins agréable, d’autant plus que, visiblement heureuses de jouer à domicile, les musiciennes n’ont de cesse d’haranguer le public et de mettre l’ambiance. Cela ne fonctionne pas forcément au-delà du parterre de spectateurs entourant immédiatement la plateforme sur laquelle se produisent les musiciennes, celle-là même qui servira plus tard à RAMMSTEIN pour interpréter une version acoustique de "Engel", mais force est de constater que les arrangements de chansons comme "Deutschland" ou "Sonne" ne laissent pas indifférents les fans les plus attentifs. Une bonne surprise.


21h15 : la pièce "Music For The Royal Fireworks" de Georg Friedrich Haendel résonne dans l’impressionnante enceinte de Saint-Denis avant de faire place à l’introduction aux connotations religieuses de "Rammlied". L’écran trônant en haut de la tour centrale nous montre un Till Lindemann dont l’intérieur de la bouche est éclairé, comme lors du "LIFAD Tour", descend, puis laisse apparaître le chanteur en chair et en os cette fois, qui continue la descente de la structure sur un ascenseur. Magistral ! Plus, en tout cas, que les entrées en scène un peu bancales des tournées de 2019 et 2022, la chanson extraite de « Liebe Ist Für Alle Da » constituant un bien meilleur choix pour l’ouverture d’un concert que "Was Ich Liebe" et "Armee Der Tristen". Le son est puissant et relativement clair pour un show en plein air. Rapidement, les Allemands enchaînent avec "Links 2-3-4" puis - surprise ! - "Bestrafe Mich", qui n’avait plus été jouée depuis la tournée de « Sehnsucht », il y a plus de 20 ans ! RAMMSTEIN a d’ores et déjà gagné la partie. Bien sûr, ceux qui ont déjà assisté à une prestation scénique du groupe savent que rien n’est laissé au hasard et que le spectacle est réglé comme une horloge suisse, mais comment pourrait-il en être autrement avec un tel déferlement d’effets pyrotechniques ? Et encore... À ce moment du concert, les 80 000 spectateurs du Stade de France n’ont encore rien vu ! "Giftig" continue les hostilités puis "Sehnsucht", durant laquelle de puissants explosifs sont déclenchés sur le toit qui abrite les musiciens sur scène.


"Mein Herz Brennt" donne l’opportunité à Till de faire chanter le public puis, au milieu du titre, de lui prouver son amour en lui offrant son cœur enflammé. Littéralement. C’est ensuite au tour du landau géant de "Puppe" de prendre feu, au point de déverser des monceaux de cendres dans l’immense foule remplissant la fosse. Des numéros bien rodés mais toujours aussi jouissifs. Puis "Angst", dont l’efficacité redouble en concert, et "Zeit", illuminée par des milliers de portables, déroulent le tapis rouge au moment dance du show : Richard Kruspe joue les DJ, du haut de l’ascenseur emprunté au début du concert par Till, en faisant danser ses acolytes sur un remix de "Deutschland". Ces derniers sont habillés en noir et leurs tenues ne laissent apparaître que des traits de lumière formant sur chacun d’entre eux un personnage en bâtons. L’effet est saisissant et a en outre le mérite d’apporter un peu de légèreté à une prestation plutôt axée sur l’emphase. "Deutschland" suit logiquement, puis "Radio", avant un "Mein Teil" particulièrement intense sur cette tournée puisque le boucher Till n’a cette fois plus besoin de deux engins pour faire rôtir Flake dans sa marmite, mais de trois ! Et encore puisque ce dernier, un brin choqué mais bien vivace, finira par s’en sortir. Un petit cours de cuisine dont il serait fort étonnant que les méthodes soient approuvées par Philippe Etchebest mais quand même bien divertissant. Viennent enfin "Du Hast" et "Sonne", deux morceaux qui, par leur pyrotechnie démesurée, font encore monter l’ambiance d’un cran et constituent le climax du show. Le public parisien est en feu (au figuré, cette fois !), au point de se hisser, de l’avis même de certains fans présents sur d’autres dates de la tournée, parmi les meilleurs de ce Stadium Tour.


Le premier des deux vrais-faux rappels débute sur la plateforme utilisée par ABELARD lors de la première partie, en plein milieu de la fosse, avec une version acoustique de "Engel" interprétée par le groupe au complet et les deux pianistes d’ABELARD, justement. Les paroles, diffusées sur les écrans géants, sont reprises en chœur par un public aux anges (ce qui est plutôt de circonstance !) et qui n’a pas besoin de se faire prier pour participer à ce qui s’apparente à un karaoké géant. Le temps de prendre le large sur des canoës pneumatiques portés par la foule afin de rejoindre Till, et RAMMSTEIN est de retour sur la scène principale. "Ausländer", "Du Riechst So Gut" et "Ohne Dich" concluent ce mini-set de la plus belle des manières. La dernière ligne droite est entamée avec "Rammstein", qui fait monter la température d’un cran avec le sac à dos cracheur de feu de Till et les guitares lance-flammes de Richard et Paul, puis "Ich Will" et "Adieu", la bien nommée, viennent conclure environ 2h15 d’un show de pure folie. Les six musiciens peuvent alors rejoindre l’ascenseur pour prendre de la hauteur et saluer leurs fans avant de disparaître dans une dernière déflagration. Bien sûr, on pourra toujours pinailler en arguant du fait que les Allemands ne prennent pas beaucoup de risques avec leur set-list (il est loin le temps où Till et les siens n’hésitaient pas à jouer huit morceaux de leur nouvel album sur la tournée « LIFAD ») ou qu’ils ont la fâcheuse tendance à s’enfermer dans des numéros archi-connus, à l’image de KISS. Il n’empêche, en 2023, l’expérience RAMMSTEIN live reste insurpassable.


Photos © Régis Peylet - Portfolio

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KillMunster
KillMunster est né avec le metal dans le sang. La légende raconte que quand Deep Purple s'est mis à rechercher un remplaçant à Ian Gillan, le groupe, impressionné par son premier cri, faillit l'embaucher. Avant finalement de se reporter sur David Coverdale, un poil plus expérimenté. Par la suite, il peaufina son éducation grâce à ses Brothers of Metal et, entre deux visionnages d'épisodes de la série "Goldorak", un héros très "métal" lui aussi, il s’époumona sur Motörhead, Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et de nombreux autres ténors des magiques années 70. Pour lui, les années 80 passèrent à la vitesse de l'éclair, et plus précisément de celui ornant la pochette d'un célèbre album de Metallica (une pierre angulaire du rock dur à ses yeux) avant d'arriver dans les années 90 et d'offrir ses esgourdes à de drôles de chevelus arrivant tout droit de Seattle. Nous voilà maintenant en 2016 (oui, le temps passe vite !), KillMunster, désormais heureux membre de Hard Force, livre ses impressions sur le plus grand portail metal de l'Hexagone. Aboutissement logique d'une passion longuement cultivée...
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