15 septembre 2023, 15:41

TESSERACT

"War Of Being"

Album : War Of Being

Il est enfin là ce nouveau TESSERACT. « War Of Being » arrive cinq ans après « Sonder », mais une absence qui a été comblée par l'énorme « Portals » enregistré lors d'un concert en live-stream en 2021, et « Regrowth », composé de deux chansons que le groupe avait de côté pour le cinquième album, publiées en 2022 donc et visant à collecter des fonds pour une ONG afin d'aider le peuple ukrainien et d'autres personnes prises dans des catastrophes et des crises humanitaires à travers le monde.

Ne vous attendez pas à ce que je fasse des comparaisons avec les quatre précédentes productions en studio du groupe de Milton Keynes car quand j'écoute un nouvel album de TESSERACT, j'imagine toujours qu'il est le tout premier. TESSERACT a toujours fait partie de la cohorte originale de groupes de metal progressif qui ont été popularisés plus tard sous le terme "djent", aux côtés du populaire PERIPHERY et du malheureusement défunt TEXTURES. Une autre formation issue du cercle britannique de metalcore progressif FELLSILENT, dont les membres allaient former TESSERACT, ainsi que MONUMENTS et REFLECTIONS. TESSERACT a choisi de se pencher davantage sur les aspects les plus expansifs et ambiants djent du metal progressif, en se concentrant sur l'écriture d'arrangements longs, riches et thématiquement denses.

« War Of Being » a été enregistré aux Middle Farm Studios au Royaume-Uni avec Peter Miles, connu pour son travail avec ARCHITECTS et SYLOSIS, coproducteur avec le groupe aux côtés de Katherine Marsh, meneuse en chef de Choir Noir (une troupe de choriste à retrouver sur le live au Royal Albert Hall de BRING ME THE HORIZON et WHILE SHE SLEEPS par exemple ou encore avec ARCHITECTS et MARILLION). Pour aider à la programmation et à la production supplémentaires, le groupe a été rejoint par Randy Slaugh (PERIPHERY, ARCHITECTS, Devin Townsend...) et c'est un grand voyage à parcourir. TESSERACT utilise toutes sortes de changements de tonalité, de rythme et de thème pour que le disque donne l'impression d'être une longue traversée sans escale plutôt que des chansons individuelles jetées au hasard pour faire un album. Lors de ce voyage musical, il y a deux facettes, bien illustrées sur la pochette : les sections de riffs groovy plus lourdes qui donnent du punch et de la force émotionnelle à l'album, et celles cinématiques ambiantes qui s'appuient sur la création d'espace entre les moments marquants des chansons, et TESSERACT est maître dans l'art d'équilibrer ces deux facettes de son écriture.

« War Of Being » démarre avec "Natural Disaster ", sans doute l'un des plus heavy et "djent", avec une section basse/batterie addictive que l'on retrouve sur le single "The Grey", ainsi que sur l'énorme chanson-titre "War Of Being". La plupart des autres morceaux s'orientent davantage vers le côté plus ambiant, presque poppy du metal progressif comme "Legion", "Sirens" et "Burden" qui se concentrent sur cet espace susmentionné, créé avec des paysages sonores mélodiques et grandioses accompagnés d'un exceptionnel Daniel Tompkins. "Legion" et "Tender" tentent d'ajouter un groove de guitare ici et là, en particulier vers la fin des morceaux pour revenir au sens de l'équilibre mentionné précédemment, à un point tel que ces chansons et l'écriture globale de TESSERACT pourraient presque être qualifiés de "post-djent" à ce stade, comme ce que le post-rock et le post-hardcore ont apporté à leurs genres initiaux.

"War Of Being", la pièce maîtresse de onze minutes de l'album, est une véritable bombe à retardement. Fusionnant parfaitement tous les éléments qui font de TESSERACT l'un des meilleurs représentant de la scène du metal progressif moderne. C'est une chanson qui se faufile sans effort entre les sections lourdes et douces, dans une harmonie parfaitement chorégraphiée. S'il y a un morceau qui résume parfaitement le son recherché par le groupe, c'est bien celui-ci. Le deuxième morceau le plus long, et celui qui clôt l'album, "Sacrifice", il ressemble également à une histoire de victoire douce-amère, et se sent émotionnellement approprié en tant que fin de ce voyage, en s'appuyant sur des sections plus longues, peut-être pour faire passer les derniers arguments du groupe.

« War Of Being » est sans aucun doute une œuvre musicale de grande envergure et une proposition solide de la part d'un groupe comme TESSERACT. Cette épopée des personnages que sont Ex et El échappant avec combativité à leur ennemi, la Peur, et cette guerre de l'être, est peut-être le « The Wall » de la carrière de TESSERACT. Chaque morceau offre quelque chose de frais et d’intéressant. Il n'y a pas deux chansons identiques, mais il y a un parcours clair dans l'album qui signifie que tout s'enchaîne à merveille. « War Of Being » a le potentiel de faire changer d'avis des opposants au metal progressif et à TESSERACT, écoutez le en profondeur et soyez prêt à être captivé.

Blogger : Christophe Droit
Au sujet de l'auteur
Christophe Droit
Animateur radio chevronné de la région toulousaine, fidèle partenaire de HARD FORCE depuis toujours, Christophe, alias "Godzilla", a participé à l'élaboration du projet Radio Force (CD & Musique) encarté dans le magazine jusqu'en 2000. Depuis 2008, il supervise l'équipe et l'actualité dans HARD FORCE et sur Facebook et anime de très nombreuses émissions sur HEAVY1, notamment NOISEWEEK tous les vendredis soirs, consacrée à l'actualité discographique de la semaine.
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