30 septembre 2023, 23:59

HANDI ROCK BIKE FESTIVAL

@ Grenay (Espace Culturel Ronny Coutteure)

Le dernier week-end de septembre a été marqué par les festivals caritatifs dans le Nord, offrant au public le choix entre deux événements. D'une part, le nouveau venu, le festival Aütfëst, visant à collecter des fonds pour soutenir les associations locales s'occupant des personnes autistes, et d'autre part, le traditionnel festival Handi Rock Bike, qui collecte lui, deux fois par an, des fonds au profit des enfants hospitalisés au Centre Oscar Lambret à Lille. Étant donné l'impossibilité d'être partout à la fois, notre choix s'est porté sur l'Espace Culturel Ronny Coutteure de Grenay pour assister au Handi Rock Bike.

PERSEIDE monte sur scène avec plus d'une demi-heure de retard pour ouvrir la soirée. Originaire de Lyon, ce groupe de metal alternatif formé en 2001 présente timidement son dernier album malgré son expérience scénique acquise lors des tournées avec SOILWORK ou BETRAYING THE MARTYRS. Malgré l'énergie déployée par les quatre musiciens, les invitations à bouger et à participer restent vaines. Il est indéniable que leur metal alternatif manque d'identité et ne suscite guère l'enthousiasme pour une frénésie. On notera cependant que le dernier morceau a réussi à susciter un certain frémissement de la part du public.


Avec ONE RUSTY BAND, l'ambiance change complètement. S'éloignant du metal, nous plongeons dans l'univers du blues, et bien plus encore. Sensation de la soirée, il est vrai que l'amateur de metal doit avoir une sensibilité pour le blues-rock afin d'apprécier pleinement cette expérience qui mêle blues et arts du cirque. Un duo détonant où d'un côté, Greg manie batterie et guitares bricolées pour chanter, gratter et battre la mesure simultanément, tandis que de l'autre, Léa, joueuse de claquettes, assure les percussions en complément du rythme de la batterie de Greg. Innovatrice, elle abandonne parfois ses claquettes pour jouer de la planche à laver. Militante, elle arbore le slogan "More Women On Stage," et nous ne pouvons qu'acquiescer à 200 % compte tenu du spectacle proposé. Musicalement, c'est un blues-rock vitaminé qui emporte l'auditeur. Surprenant et impressionnant. On regrette la fin du set et qu'une envie nous traverse : se précipiter pour acheter leur discographie, espérant les revoir dès que possible. Si vous ne les avez pas encore découverts, nous vous conseillons vivement de visionner leurs vidéos en ligne.


Changement d'ambiance à nouveau. LOCOMUERTE prend la scène pour présenter son metal hispanique. En 2018, nous avions été impressionnés par l'énergie et l'inspiration de son album « La Brigada De Los Muertos ». Plus classique musicalement que le duo précédent, le groupe propose comme vous le savez des lignes de chants en espagnol. Dès le début, le public est saisi par une puissance musicale et une présence scénique qui rendent hommage à l'héritage de SUICIDAL TENDENCIES. Dans l'ensemble, le choix des morceaux offre une sorte de best of de ses trois albums. Le dernier single "La Vida Loca", est joué à la fin, assurant la transition vers la sortie du nouvel album prévue dans les mois à venir. Une prestation énergique où le public et le groupe sont en communion. L'invitation au circle-pit est suivie. Lorsque le LOCOMUERTE demande à la salle de s'accroupir pour sauter en l'air tous ensemble, le public ne se fait pas prier. Cette cohésion se termine par un envahissement de la scène à l'invitation du groupe sur "Mi Familia", ce qui n'est pas surprenant. À la moitié du festival, l'énergie positive dégagée pourrait, à défaut de guérir un enfant de la maladie, lui faire oublier celle-ci pendant quelques instants.


Retour à une ambiance thrash metal classique avec les Allemands DUST BOLT. Formé en 2007, le groupe a croisé la route de nombreux fans sur de grands festivals tels que le Hellfest ou le Wacken Open Air, ou en ouverture de tournées comme celles d'OBITUARY. Bien que leur entrée en scène soit moins spectaculaire et plutôt froide, le public est rapidement emporté par leur prestation. La moitié de leur concert est dédiée au dernier album, « Trapped In Chaos », sorti avant la pandémie, mais ils interprètent également leurs derniers singles, qui figureront sur « Sound & Fury », le cinquième album prévu pen février 2024. Témoin d'une prestation réussie, lorsque le chanteur et guitariste Lenny B. descend dans la fosse sur le dernier morceau, le public est survolté, concluant avec un circle-pit.

Il revient au duo américain KRASHKARMA de clôturer cette seconde édition de l'Handi Rock Bike avec son dernier concert européen avant de retourner en Californie, sa terre natale. Avec le retard accumulé, la soirée avance tardivement, et le public doit rester alerte. Comme ONE RUSTY BAND, KRASHKARMA se distingue en tant que duo mixte novateur, faisant son entrée depuis le public. Niki prend l'initiative au son du tambour, suivi de Ralph, muni d'un haut-parleur, adressant des paroles enthousiastes à la foule. Une fois sur scène, Niki prend place derrière la batterie pendant que Ralph manie sa basse/guitare bricolée pour entamer "Wake Them Up". Il est indéniable que le public est éveillé et attentif à cette performance ultime.

Le décor de scène est astucieusement disposé pour réduire l'espace, créant une atmosphère intime essentielle pour mettre en valeur la prestation du duo. Niki, également chanteuse, se trouve au centre de l'attention derrière sa batterie placée en avant de la scène. À ses côtés, Ralph assure le spectacle avec sa guitare, pouvant être transformée en basse grâce à un commutateur. Ils enchaînent les morceaux avec énergie et conviction. Cependant, leurs compositions sont relativement brutes, et leur minimalisme suscite une certaine lassitude, accentuée par l'heure tardive après les quatre concerts précédents. À noter toutefois des moments forts, tels que "Killing Time" introduit à l'harmonica, alternant entre l'intimité mélancolique du couplet et l'explosif refrain. L'introduction de "9 Lives (1, 2, Die)" constitue également un bel échange avec le public, marquant l'occasion d'un message universel contre la haine et le racisme. Malgré un faux départ, la reprise de "Damage Inc." de METALLICA est plutôt réussie.

En conclusion, le festival Handi Rock Bike nous a offert une belle édition, réussissant à s'affranchir avec succès de sa zone de confort. On pourrait regretter que cette soirée ait été en concurrence avec le Aütfest, dont la cause est tout aussi légitime. Espérons donc qu'à l'avenir, le public n'aura pas à choisir entre l'une et l'autre.
 

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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