14 décembre 2023, 18:38

CHILDREN OF BODOM

Interview Jaska Raatikainen


Cette fin d’année est marquée par la sortie d’un album live posthume de CHILDREN OF BODOM intitulé « A Chapter Called Children Of Bodom - The Final Show in Helsinki Ice Hall 2019 ». S’il rend hommage à l’énergie du groupe sur scène, il nous rappelle aussi que plus qu’un chapitre, CHILDREN OF BODOM a écrit une véritable page de l’Histoire du metal. Jaska Raatikainen, batteur de la formation, revient sur le concert immortalisé ce soir de décembre 2019, ultime moment de partage entre les membres.
 

Parlons un peu de ce "nouvel" album live de CHILDREN OF BODOM, si l’on peut dire, qui sort en cette fin d’année. Comment vous est venue l’idée de le faire éditer ? Avez-vous ressenti une envie, un besoin particulier émanant de vos fans ?
La raison la plus importante à mon avis est que nous avions un enregistrement de ce concert alors que de nombreuses personnes n’ont pas pu y assister. On a pensé que c’était une bonne occasion pour que tout le monde vive ou revive le show.

Quels sont tes souvenirs de cette soirée particulière ? Est-ce que tu en as des images mémorables ?
Eh bien je me souviens que j’étais très excité à l’idée de jouer à Helsinki sur cette scène. J’étais très reconnaissant de voir tous ces gens devant nous, tous les fans. Même si c’était le dernier concert et la fin d’une aventure, c’était cool de voir toutes ces personnes géniales.

C’était important pour vous de jouer votre dernier concert dans la capitale de votre pays ?
Oui, nous sommes finlandais, donc ça aurait été bizarre de terminer à New York, par exemple. J'entends par là que terminer dans notre pays était plus que symbolique.

Et peux-tu nous en dire plus sur cette salle de concerts qu’est le Ice Hall où votre prestation live a été enregistrée ?
C’est une salle très célèbre et ancienne, nous en avons de bien plus récentes. Mais de nombreux groupes continuent d’y jouer. Elle n’a rien de vraiment particulier mais c’est une espèce de repère iconique à Helsinki.

En tant que membre fondateur de CHILDREN OF BODOM, est-ce que tu te souviens du tout premier concert que vous avez donné ensemble ?
Oui, on était très excités à l’idée de jouer devant du monde. Je devais avoir 14 ou 15 ans. Je pense que le public devait être composé uniquement de notre cercle d’amis, un peu élargi peut-être, et des gens de notre école mais bon, il faut bien commencer quelque part.

Et est-ce que vous avez eu du succès ? Est-ce que tu t’es dit : « Tiens j’ai l’impression que CHILDREN OF BODOM peut devenir célèbre ! » ?
Non, pas vraiment. On était jeunes et on voulait devenir des rock-stars comme nos idoles mais c’était plutôt un rêve. Cependant, nous étions motivés et nous voulions aller le plus loin possible. Simplement, on a toujours fait ce que l’on voulait faire, ce qui nous semblait le plus opportun. Si quelque chose devait nous arriver, eh bien nous étions très contents.

Il semble tout de même que vous ayez trouvé rapidement la recette qui ferait décoller CHILDREN OF BODOM, la musique qui fédérerait les gens autour de vous. Est-ce que vous vous rendiez compte à l’époque que le timing était bon, que la musique était originale, que l’ensemble était attendu finalement ?
Oui, on était très sérieux et assez perfectionnistes sur la façon dont on voulait répéter, puis sur le son que l'on voulait avoir et la façon d’enregistrer finalement. On voulait que tout soit parfait. Mais quand on a été prêts à sortir notre premier album et qu’un label nous a contactés, on s’est dit qu’on avait beaucoup de chance. Etre un groupe qui joue de la musique, c’est facile, mais seuls les gens autour de toi rendent possible le fait de percer dans l’industrie musicale. On était aussi, comme tu le dis, dans le bon timing. Il y avait le black metal, le metal neo-classique, il y avait plein de gros groupes, mais on a réussi à sortir notre épingle du jeu grâce à notre originalité et à notre son, assez uniques je pense. On créait quelque chose de nouveau.

Est-ce que tu penses qu’il était plus difficile pour un groupe finlandais de se développer mondialement à l’époque que pour un groupe norvégien ou suédois par exemple ?
Oui, il y avait le black metal norvégien, le death mélodique suédois, le death de Floride... Et seulement quelques groupes finlandais, comme SENTENCED ou AMORPHIS. Je pense que les labels nationaux n’avaient pas une connaissance du monde musical suffisante et ne savaient pas comment porter les groupes à l’international. On a eu la chance de rapidement avoir un contrat avec un label allemand, ce qui nous a donné l’opportunité de jouer dans les festivals que Nuclear Blast Records offrait. Cela a vraiment participé à la construction d'une fan-base solide et on a constamment gravi les marches ensuite.

Ce n’est pas que de la chance, c’est du talent aussi !
Oui, sûrement, et beaucoup de travail. On ne disait jamais non, on honorait toutes les offres, on répétait beaucoup, on pratiquait beaucoup nos instruments. Mais c’était aussi beaucoup de fun ! Et comme on était jeunes, on vivait encore chez nos parents, donc on n’avait aucune contrainte, ni financière, ni matérielle, pas besoin de réfléchir au futur... La grande vie, quoi !

Est-ce qu’on peut considérer cet album live comme une sorte d’hommage à l’énergie de CHILDREN OF BODOM sur scène ?
Je pense que tous les fans qui nous ont vus en live se souviennent de notre énergie et, en effet, cet album est une bonne image, ou plutôt un bonne bande-son de ce que nous étions en concert.

C’est vrai qu’en écoutant l’album, on a l’impression de vivre le concert, d’être plongé dans la foule et de sentir toute la fougue qui vous anime et qui fait bouger le public... C’est ce que vous vouliez pour les fans ?
Oui, tous les shows sont différents. On en a fait plein mais à chaque fois, la magie était la même avec le public. Personne ne savait à quoi s’attendre car chaque concert était unique. On voulait un live qui retranscrive ce lien fort, cette magie universelle.

Est-ce que tu te souviens pourquoi vous aviez décidé de vous séparer à l’issue de ce concert ? L’album live s’intitule « A Chapter Called Children Of Bodom », alors, était-ce la fin d’un chapitre ? Et y en aura-t-il un nouveau ?
Oui, l’année précédente avait été difficile pour tout le monde, l’atmosphère dans le groupe était chaotique. L’environnement était hostile. Je veux dire, personne ne voulait frapper qui que ce soit mais mentalement, c’était épuisant. On n’arrivait plus à se projeter dans le futur, en grande partie à cause d’Alexi (Laiho, chanteur et guitariste du groupe décédé en décembre 2020). C’était vraiment compliqué, trop compliqué. Donc, on a décidé d’en terminer avec CHILDREN OF BODOM.

Comment a évolué la situation entre les membres du groupe ensuite, jusqu’à aujourd’hui ?
Eh bien je n’ai plus jamais revu Alexi ensuite, on s’envoyait juste nos vœux pour Noël ou le jour de l’An, des formalités quoi. J’espérais pourtant le revoir mais le sort en a décidé autrement.

Il te manque ?
Oui, bien sûr. Il m'a fallu au moins un an avant d'arrêter de penser sans cesse à lui. Tout ce que je faisais au quotidien me rappelait ce que l’on faisait ensemble. Ça a été dur.

Mais cet album est un bon moyen de lui redire "Bonjour", plutôt qu’au revoir non ?
Oui, c’est un bel hommage, mais tu as raison, une salutation plutôt qu’un adieu, c’est plus positif. La musique était si importante pour nous, pour Alexi en particulier, que cet album la fait vivre pour toujours.

Il y a 16 chansons sur le disque, représentant presque 30 ans de carrière de CHILDREN OF BODOM. Est-ce que leur choix a été difficile ou avez-vous simplement choisi les morceaux les plus emblématiques pour vous ou les préférés des fans ?
C’était difficile. On voulait jouer des chansons de chaque album mais il fallait se mettre d’accord. On a choisi nos préférées de chacun et je pense que c’est une bonne set-list. Une espèce de best of, en somme !

Et si tu devais n’en choisir qu’une : quelle serait ta chanson préférée ?
Je pense que je prendrais "In Your Face" car c’est un titre qui marche très bien en live. Il est si heavy, l’atmosphère est géniale, il y a toujours eu cette réaction cool du public. Oui, je pense que c’est la meilleure chanson.

Et quels sont tes propres projets dans les années à venir ?
Nous avons enregistré quelques titres avec MERCURY CIRCLE mais ils sont encore confidentiels car on doit trouver un moyen de les sortir, sous forme d'EP peut-être. Mais je suis tellement occupé, comme les autres membres du groupe d’ailleurs, qu’il nous est difficile de nous rencontrer pour répéter. Mais on va arriver à quelque chose. Merci pour ton soutien.


« A Chapter Called Children Of Bodom - The Final Show in Helsinki Ice Hall 2019 » sera disponible chez Spinefarm Records demain vendredi 15 décembre et "Album de la semaine" dans Noiseweek sur www.heavy1.radio dès 21h.
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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