26 décembre 2023, 20:00

TOP ALBUMS 2023

Par Christophe Scottez


A l’instar de ma collègue Sly Escapist, cette année fut celle des grands changements personnels et, en passionné de son extrême que je suis, elle se construit avec une bande-son singulière. Comme le dirait Tolkien, tout commença par un voyage vers les terres brumeuses de l’ouest...
 

C’est DRAKWALD, avec « Black Moon Falls », qui m’accueillit à mon arrivée sur les bords de la Loire. Le chant est âpre et hargneux, en duel constant avec la cornemuse et la rythmique. Le black est couleur, le riff est un rythme trépidant et le voyage grandiose. DRAKWALD, tels les grands anciens, ne faiblit à aucun moment, offrant son œuvre à qui est présent... au bon moment. C’est ainsi que Tours devint un comptoir ambassadeur du black/viking metal en cet hiver 2023.

De retour pour un week-end dans mon Alsace baignée de sons issus des forges germaniques, j’ai découvert CROM et « Era Of Darkness ». CROM offre à l’auditoire une succession de morceaux de bravoure, de "Riding Into The Sun" à "When Will The Wounds Ever Heal", le groupe est impérial avec son chant et ses riffs power metal. Une belle débauche de décibels et de mélodies. Le savoir-faire allemand au service d’un genre indémodable. Des sons qui nous touchent jusqu’à la dernière note. Tout comme les nouvelles de Robert E Howard, CROM récite de somptueuses nouvelles emplies de riffs et de nostalgie. Un album aux pages, ou plages, écrites avec l’encre de notre imagination d’enfant.

Après Tolkien et Howard, c’est dans la Comté (Franche) que je vais m’éclater avec l’album « Afterworld » de CARCARIASS. CARCARIASS nous prend à contre-pied avec un style débordant à la fois de death technique et de mélodies suédoises à la AMON AMARTH. Fulgurante débauche de sons extrêmes. Dans le final "Afterworld", on flirte avec le jazz-rock et metal progressif, atmosphérique et panoramique. Une grande classe dans l’exécution. Un incontournable. En parallèle m’accompagna LIV SIN et « KaliYuga ». On retrouve un peu le groove du BATTLE BEAST ancienne génération, un pur régal. Comment sont les ballades me demanderez-vous ? Très eighties, très... progressives en puissance et en intensité des sentiments. Du heavy-rock puissant, tout simplement.

THE 69 EYES livre lui aussi un album de qualité, riche en références. Le groupe puise dans la sonorité de THE CULT ou MOONSPELL pour mieux exacerber son propre style, cela va de soi. Les vampires d’Helsinki ont le goth'n'roll dans la peau, et c’est ce que l’on aime tant chez eux. Une voix d’outre-tombe au service d’une batterie qui claque et de riffs huileux qui peignent le noir de couleurs, "Outlaws" vient tel un au revoir terminer une aventure aux frontières de l’aube. Le printemps s’est installé et THE 69 EYES le célèbre avec ce somptueux « Death Of Darkness ».

ASYLUM PYRE et « Call Me Inhuman - The Sun - The Fight - Part 5 » a attiré mon attention. Fierté française aux sons singuliers, le groupe explore de multiples genres, entre gothique et nu-metal, avec des apports folkloriques... J’ai craqué pour la voix de la sensuelle Oxy Hart.

Au détour d’un changement de train, c’est WALG et son troisième album, « lll », qui m’ont cueilli. Une atmosphère mêlant hurlements sauvages et fond musical grandiose, digne d’un BATHORY ou d’un SUMMONING, accouplé à un peu d'EMPEROR. Vous imaginez le bébé ? J’ai complété ce plaisir avec un séjour dans une région limitrophe de ma ville. La Forêt Noire, ses sentiers de randonnée, son délicieux gâteau crémeux au chocolat, ses gretchens aux nattes blondes... et son black metal. Deux habitants de la région, Vespasian et Horaz, forment le groupe IMPERIUM DEKADENZ et livrent des albums d’une qualité métronomique. « Into Sorrow Evermore » est une œuvre qui contient tout ce que le black atmosphérique peut contenir de majestueux. Un magnifique black forest metal !

Avec les beaux jours de vieux amis post-punk ont sorti un excellent album. Dans « Darkadelic », THE DAMNED offre une balade rock psyché-gothique. Du neo-punk pas dans le sens bruit et fureur selon la formule McLaren. Mais plutôt façon Joe Strummer, ouverture d’esprit sur la musique et la philosophie. Il ne s’agit pas de mélange des genres, mais d’agencement du meilleur des styles, pour un plaisir optimal en cette époque de blasés. Rock is life. Un régal.

Alléché par la nostalgie, j’ai filé en Californie avec RANCID. « Tomorrow Never Comes » ? Bien dopé aux riffs speedés, sur ce coup, les vieux louveteaux surfeurs font dans le punk bien énervé, une invitation pour les déferlantes sauvages. Réellement "Jouiss-riff". Du rythme effréné et des vagues sonores, "Hellbound Train". Ça défile trop vite, signe à quel point c’est délicieux, on arrive à "Hear Us Out" qui te fait une nouvelle fois bien remuer, puis "When The Smoke Clears" nous salue, bien punkement.

Poursuivant mon trip neo-punk, j’ai forcément terminé en Irlande, où m’attendait « Hard Cold Fire » de THERAPY?. Rythmique post-punk et une couleur bien "aggress-riff". Un album qui a su me rappeler l’excellence des maîtres de "l’Eire". 30 ans après ses débuts, THERAPY? retrouve son trône de l’hypnotique metal !

L’été fut beau, l’été fut chaud, avec MASS HYSTERIA et son « Tenace » en deux parties (Part 1 et Part 2). Audacieux et très personnel, c’est l’album de la consécration. Faisant évoluer ses riffs dans la Metropolis de la culture populaire française séculaire, MASS HYSTERIA s’impose tant médiator que médiateur. L’urgence est de plus en plus pressante. Un porte-étendard du metal alternatif français, mais également de la rage des étouffés du système.

L’été fut également un retour à mes amours nu-metal. FROM ASHES TO NEW m’a éclaté avec sa charge nu-rap metal des plus efficaces, dont on s’imprègne rapidement et avec plaisir. FROM ASHES TO NEW a fait très fort avec « Blackout » et son sens du mixage et de l’authenticité ne devraient pas parler qu’aux fans. Nous avons là de vrais morceaux de bravoure entre PAPA ROACH, HOLLYWOOD UNDEAD et LINKIN PARK.

Dans les derniers feux d’une saison caniculaire, j’ai été cueilli par du black atmosphérique amérindien. BLACKBRAID avec « ll » nous pond un chef-d’œuvre incroyable, empreint de respect et baigné de sa propre force. Celle de souffler puissamment dans les voiles du shaman metal. La reprise de BATHORY en elle-même est révélatrice de l’héritage porté par ces vikings à plumes. Les cousins québécois BOREALYS m’ont pareillement transpercé avec « L’Héritage ». Une épopée sonore, au travers d’un pagan metal qui se mue progressivement en un black épique, avec une voix barbelée et des riffs pénétrants. Réquisitoire primal pour les indiens acculturés par la force, ce morceau est une prière païenne à la beauté sans fin et indomptable. Le plaisir des sens est total !

J’ai célébré l’arrivée des temps inconfortables avec VARG. Une saga au coin d’un feu confortable et rassurant, « Ewige Wacht » nous berce avec les voix des dieux saxons anciens sur des riffs indomptables et peaux sagacement martelées. VARG a superbement évolué jusqu’à un heavy metal brut, mélodieux et définitif. Et d’Allemagne, il a eu également le dernier OOMPH!. Le pari était risqué de revenir avec un nouveau frontman. Ma surprise fut totale. De l’indus, de l’electro, une voix nouvelle fédératrice, « Richter Und Henker » est une réussite, porteur de la griffe OOMPH! avec une vigueur vocale toute nouvelle !

Les pluies s’éternisant sur l’Hexagone, j’ai migré plein nord jusqu’en Finlande. HEXVESSEL peint de noir brillant, et paradoxalement éclaire l’obscurité dans « Polar Veil », véritable ode à la tristesse avec ses riffs "tranx-zen".... Oui, le doom apaise. Du metal d’une froideur brûlante.

Pour l’arrivée de la rigueur hivernale, je me suis drapé avec STRANGE NEW DAWN. Pour « The New Nights Of Euphoria », on gambade sur des touches de piano seventies, tout en étalant le gras de ses guitares huileuses. L’atmosphère demeure pesante, mais le chanteur n’en a cure, sa voix porte clairement vers des horizons hallucinés. S’est ajouté dans le genre SYLVATICA. « Cadaver Synod » bouillonne de passions contraires. Des charges rythmiques au travers de nous, c’est rapide et vibrant, avec des riffs omniprésents, des voix déchirantes et des refrains implorants. Mystique metal.

Pour décembre j’ai pris un virage plus gai, direction les chaudes vagues d'Hendaye. Déjà quelques années que les joyeux drilles d'OPIUM DU PEUPLE reprennent à la sauce punk les classiques de la chanson française. Je me suis dit qu’à l’occasion de la sortie du dernier album, « La Malédiction de la Black Burne », il était temps de se faire l’écho de leur épopée musicale. Le groupe se fait champion de mettre à la sauce punk hardcore ces chansons. Ça donne un incroyable mélange de LUDWIG VON 88, THE OFFSPRING, PIGALLE ou encore SABOTAGE qui illuminent Gainsbourg ou Edith Piaf. Mention très spéciale à IRON MAIDEN galvanisant Cabrel.

Ce fut réellement une sacrée année, des aventures au goût de metal et rock unique. Féerique et sonore... une fai-riff-tale.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK