26 janvier 2024, 17:25

HYSTERIA

Interview Xavier Chautard


HYSTERIA n’est pas un nouveau venu sur la scène metal française, mais avec « Heretic, Sadistic And Sexual Ecstasy », il revient cette année avec un son bien plus black qu’auparavant. Bien sûr, ses influences death restent marquées, mais on note une puissance et un fond plus dense que sur les albums précédents. Xavier Chautard, batteur du groupe, nous parle avec conviction de ces nouvelles compositions qui devraient fédérer de nouveaux fans.
 

L'année commence plutôt bien pour HYSTERIA, avec la sortie de votre quatrième album, « Heretic, Sadistic And Sexual Ecstasy ». Avez-vous hâte de présenter ces nouvelles chansons ?
Nous avons commencé à présenter quelques nouveaux titres en fin d’année 2023. Effectivement on était impatients de partager notre musique et, surtout, d’avoir le ressenti de notre fan-base sur l’évolution plus "black" de notre musique. Nous avons déjà pas mal de retours positifs et quelques chroniques qui déboulent, donc c’est vraiment encourageant. On attend la suite avec impatience.

Il sort à nouveau chez Adipocère Records, avec qui vous avez des affinités depuis presque 20 ans, même si vous n’y êtes revenus qu’en 2019. Comment s’est décidée cette nouvelle collaboration ?
Cette collaboration était écrite ! Avec Christian, on se connaît depuis presque 30 ans. On se croise partout : festivals, concerts, événements metal... Nous sommes impliqués et actifs dans la scène metal française et on s’apprécie mutuellement. On a été avec HYSTERIA le dernier groupe signé chez Adipocère avant l’arrêt forcé des productions. Christian et Sylvie sont des amis qui ont exactement la même vision du business et de l’industrie musicale que nous. La sortie en fin d’année 2023 de l’album de MORTUARY, « Sublime The Decline », et en début d’année 2024 de notre nouveau méfait, « Heretic, Sadistic And Sexual Ecstasy », sont deux événements qui prouvent que le label n’a pas dit son dernier mot et qu’il compte bien faire parler de lui cette année. En septembre, le nouvel album d’HIMINBJORG, « The Fall Of Valhalla » dans lequel j’officie à la batterie, sortira aussi chez Adipocère. Je confirme, c’est une histoire de famille ! On espère et on croise les doigts pour que ces trois sorties permettent au label de renaître de ses cendres et de continuer à sortir de nouvelles productions en 2025, comme ce fut le cas au début des années 2000.
De plus, nous sommes pour la première fois épaulés par le sympathique et professionnel Chris Grazed de Musik o’ eye, Metallian qui s’occupe de la partie promotion pour Adipocere. Grâce à lui, on a été sélectionnés pour jouer au Mennecy Festival et nous en gardons un très bon souvenir. Nous sentons réellement que les choses bougent autour de nous. Nous sommes restés depuis trop longtemps dans l’ombre sans réellement avoir une réelle notoriété, donc on espère que cet album va nous apporter ce qui nous manquait dans le passé.


Peux-tu nous parler de ce « Heretic, Sadistic And Sexual Ecstasy » au titre évocateur ? Il est tout à fait révélateur du côté death d’HYSTERIA, bien sûr, mais aussi des atmosphères très black qu’il contient...
J’adore quand tu soulignes le côté évocateur du titre car honnêtement, tu n’es pas la seule à l’évoquer et on voulait vraiment que ce dernier soit accrocheur et, surtout, dérangeant ! On aime bien s’attirer des problèmes ! Ce titre est clairement en opposition avec une société contemporaine qui ne nous correspond plus. On voulait grâce à ce titre évocateur crier haut et fort notre désaccord avec tous ces mouvements sociaux qui divisent et rendent notre monde si contestataire et insipide.

Est-ce un titre représentatif de ce qui caractérise votre musique ? Une sorte d’orgasme sadique et blasphématoire ?
Il est représentatif de ce qui caractérisait notre état d’esprit durant le processus de composition, d’écriture juste après la pandémie. Rien n’a beaucoup changé tu me diras, je dirais même que la situation a empiré ! « Une sorte d’orgasme sadique et blasphématoire » : c’est toi qui l’a dit, pas moi ! Je trouve tes propos intéressants et je valide ton point du vue : éjaculer notre haine, notre dégoût à la gueule de ce monde en perdition totale : 100 % AGREE !

Les 9 titres qu’il contient sont d’ailleurs pleins de feeling, brutaux et enrobés d’une espèce d’ambiance totalement hypnotisante. Etait-ce important pour vous d’aller au-delà du déferlement de riffs pour procurer de belles sensations à vos auditeurs ?
Je ne pense pas que ce soit important pour nous, mais c’est comme ça que Sylvain (Ostengo, guitare/chant) compose naturellement. Et puis passer d’un gros blast à une partie plus posée, c’est agréable pour des musiciens à l’aube de la cinquantaine ! Plus sérieusement, on cherche la riffance. Une chose est sûre en tout cas, nous avons une perception de la musique vraiment différente qu’à nos débuts, en 1996. On travaille plus dans la précision, les détails, on est attentifs entre les interactions des instruments dans une composition, le groove à la batterie, le placement des paroles...


​Sans parler d’une maturité évidente, il semble qu’au fur et à mesure des albums, HYSTERIA devient de plus en plus intense, de plus en plus puissant, mais aussi de plus en plus profond et dense. Avez-vous ce sentiment aussi ?
Nous sommes à 100 % d’accord avec toi ! On ne le réalise que maintenant que l’album est enregistré et finalisé. Il est très difficile d’avoir du recul sur des compositions tant que le processus de production n’est pas terminé dans son intégralité... Personnellement, j’ai l’impression que cet album est à l’image d'un album de AT THE GATES comme « Slaughter Of The Soul » – pas musicalement bien sûr !. Je pense que notre évolution, notre clivage de style death/black arrive à sa maturité, son paroxysme. D’autres éléments renforcent aussi le côté intense, puissant... La production titanesque de Thibault Bernard du Convulsound Studio. On joue plus vite que par le passé, Sylvain a laissé beaucoup plus d’espace à Adrien (Desmonceaux, basse) afin qu’il s’exprime pleinement au chant, ce qui renforce le côté black metal de notre musique. Ce que je peux souligner, c’est que tous ces changements, ces évolutions arrivent naturellement et instinctivement, rien n’est calculé. On se fait plaisir, on ose, on ne se limite pas (cf. « Les Ecrits blasphématoires Requiem »).

Et pour continuer avec les qualificatifs, la musique d’HYSTERIA semble aussi plus sombre que précédemment, non ? Quels sont les messages véhiculés ici ?
Plus sombre, plus directe, plus rapide... On n’a pas de message en particulier à véhiculer ou à faire passer. Ces récits blasphématoires et lubriques sont influencés par des fantasmes, films d’horreur, événements traumatisants romancés, sexe, violence, utopie... Tout ce que ce monde a à nous offrir de pire ! Donc, on peut facilement comprendre que l’inspiration est vite au rendez-vous compte tenu de la situation alarmante ! Nous ne sommes pas des sadiques ou des adorateurs de Satan... Nous ne sommes pas antireligion mais on se permet de donner notre avis sur la question, on est pour la plupart athées et aussi apolitiques au passage ! Nous témoignons d’un monde en déclin, en perdition... Le metal a des codes comme tout autres styles de musique et on les utilise à notre guise, n’en déplaise à certains extrémistes/militants... Pour ma part, cela reste un amusement et aussi un exutoire car certains sujets évoquent des traumatismes personnels. 

Parlez-nous un peu des membres d’HYSTERIA. Le line-up a quelque peu évolué avant la pandémie. Est-ce que le groupe semble stable aujourd’hui ?
Le groupe n’a jamais été aussi soudé que maintenant. Sans renier le passé, bien évidemment, car Thibault, notre ex-bassiste qui se chargeait également des choeurs, a aussi contribué à l’évolution d’HYSTERIA puisqu’il était présent depuis les débuts. Adrien fait partie de l'équipe maintenant depuis 2017, donc cela fait bien longtemps qu’on ne le considère plus comme un nouveau venu. Sur cet album, on a vraiment travaillé collectivement du début à la fin. Chacun a eu son mot à dire, son avis à donner et a apporté sa pierre à l’édifice. Que ce soit musicalement parlant ou artistiquement parlant.
Sylvain s’occupe de la composition, du placement des paroles et des guitares rythmiques ainsi que du chant growlé ; Djé (Jérôme Christophe, guitare) compose tous les solos et enregistre toutes les lignes de guitare en studio, Adrien compose les parties de basse et le chant black et moi-même, je compose les parties de batterie qui sont déjà bien définies par Sylvain lors de la composition des morceaux avant de rajouter ma sauce, et j’écris les paroles.

Cette pandémie a-t-elle eu des répercussions positives sur votre créativité ? Ou au contraire, vous a-t-elle freinés dans vos ardeurs ?
On a un peu composé et beaucoup profité. On se voyait très peu, comme tout le monde, donc à distance, ça ne fonctionne pas ! On a besoin de se voir pour amorcer les choses. Les discussions interminables sur WhatsApp, ce n’est pas notre truc ! On a la chance de ne pas être trop loin les uns des autres : maximum 1 heure de route. Quand on se voyait, c’était plus pour faire la fête et se raconter nos vies que s’enfermer dans un local. Post-pandémie, on se voit pratiquement une fois par semaine pour répéter.

Peux-tu nous parler un peu de la pochette de « Heretic, Sadistic And Sexual Ecstasy » ?
Honnêtement, c’est l’artwork le plus abouti que l’on ait eu. C’est la troisième fois que l’on collabore avec Seth ! La direction artistique était simple : femme, croix, chaire, tentacules, religion et s’inspirer du titre qui est quand même assez évocateur. Voilà le resultat final signé par Mr. Seth Siro Anton ! On peut dire simplement qu’on aurait voulu aller un peu plus loin, mais Seth se refusait certaines choses artistiquement. C’est totalement compréhensible de par sa notoriété, son identité... L’intérieur du livret est magnifique, les photos sont très bien travaillées. Avec l’aide d’un ami graphiste, on a illustré aussi le vinyle avec les layout de Seth... Et puis comme on adore vraiment cette pochette, avec l’aide d’Adipocère, on va sortir du merchandising couleur (shorts, vestes, t-shirts, tank tops...). Juste au passage, on a été refusés par une boîte de sérigraphie car le titre et le visuel étaient trop blasphématoire pour eux, on adore !. Tout sera disponible pour la sortie de l'album. Ça va être pas mal tout ça !

On le disait, janvier marque la sortie de l’album. Avez-vous prévu quelques concerts pour promouvoir ces titres de grande qualité ?
Ouais, bien sûr ! Tout est prévu ! On organise une release-party le 9 février à Lyon, notre fief, pour célébrer la sortie de notre nouveau méfait que l’on va interpréter dans son intégralité et aussi jouer quelques titres supplémentaires ! Cette date sera entièrement filmée en multi-camera. On va essayer d’en utiliser des séquences pour un éventuel clip. Peut-être notre premier ! Cette date se fera avec nos amis SOUTH OF HELL et OHIO SLAMBOYS au Rock n' Eat. On a pratiquement deux festivals planifiés cet été, on va annoncer tout ça dès que se sera officialisé et d’autres dates à organiser.

Que peut-on vous souhaiter pour 2024 ? En tous cas, nous vous souhaitons le meilleur à venir !
On veut faire des concerts, on veut partager notre musique sur scène, on veut bringuer ! On veut passer de bons moments avec les amis, les groupes, les fans, les gens que l’on croisera lors de nos passages. Ce n’est pas beaucoup demander.

On espére vous voir très bientôt sur scène donc...
Merci Aude, pour ces questions très intéressantes. Venez écouter notre dernier album, « Heretic, Sadistic And Sexual Ecstasy ». Si vous êtes fan de death, de black, vous y trouverez forcément votre compte ! Par contre, si le titre vous intrigue, allez jeter un coup d’œil aux textes, s'ils vous dérangent, n’écoutez pas le morceau 3 et ne lisez surtout pas les paroles !
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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