27 janvier 2024, 19:00

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 76

Blogger : Crapulax
par Crapulax


​« Si en janvier, tu ne trouves pas de bons albums à écouter, la rubrique de HARD FORCE tu as dû louper ». Cette célèbre citation de Yoda, qui méritait de figurer dans le tout premier Star Wars (hélas coupée au montage, on s'est toujours demandé pourquoi à la rédaction...) met en exergue à quel point il est essentiel pour le jeune padawan du metal comme pour le Jedi confirmé de se retrouver dans la galaxie des sorties ininterrompues d'albums. Oui, plus que jamais le monde a besoin de guides pour séparer le bon grain de l'ivraie ! Oui, la rubrique Labels & Les Bêtes, tournée du côté obscur depuis 76 épisodes, permet ce tour de force en dénichant les albums midichloriens les plus prometteurs du moment ! C'est, en somme, un satisfecit pour de satisfaits Siths que sont les chroniqueurs Aude, Clément et Crapulax...
 

MANSLAUGHTER : « Imperio Del Caos » (Yzathrous Records)

Quand on pense Chili, en bon Français de base, on pense évidemment chili con carne ! Les férus d'histoire, plus sérieux, pencheront plutôt vers Pinochet ou Salvador Allende, les amateurs de série TV Pedro Pascal (Last Of Us, The Madalorian). Quant aux fans de BD, ils citeront volontiers Jodoroswki (L'Incal, La Caste des Méta-Barons).
Dans le metal, jusqu'ici, on était plutôt coincé pour briller en société sur cette thématique sud-américaine. Désormais, on parlera avec emphase de MANSLAUGHTER, un groupe de thrash de Valparaiso qui gagne à être connu ! Pourquoi ? Parce que c'est leur premier album après juste 2 démos (« Manslaughter » et « Asesino & Enfermedad ») et que ça déboîte déjà très grave, surtout au niveau des parties solo (“La Conspiración”). Un régal pour les oreilles !
Autres réjouissances au programme : des rythmiques ultra-rapides à la SLAYER (“Sentenciado”) très plaisantes, de longs passages instrumentaux et des textes en espagnol qu'on ne comprend certes pas plus que ceux habituellement chantés en anglais, mais bon ça change ! Bref une belle énergie déployée sur cet « Imperio Del Caos » qui fera son petit effet en soirée... ou pas !
(Crapulax)


​BOGOBES : « Kataбacͷc » (Autoproduction)

Quoi de plus réconfortant que de démarrer l'année 2024 sur de bons rails avec un gros album de black death à se coller entre les esgourdes engourdies par le froid de l'hiver ? BOGOBES, nonobstant un nom incompréhensible et un titre d'album qui ne l'est pas moins, a de quoi répondre aux plus vives attentes !
One-man band d'origine russe actif depuis 2022, BOGOBES est le bébé de Perworodny Chaos, seul maître à bord, qui de par sa nationalité est parfaitement légitime pour savoir comment réchauffer une atmosphère ! Cela d'autant plus que « Catabase », traduction en français de ce deuxième album (notion de descente d'un personnage dans le monde souterrain, par opposition à l'anabase qui représente la montée aux cieux, un peu de culture ne fait jamais de mal...), plonge dans l'univers de l'enfer de Dante Alighieri qui reste encore aujourd'hui une source inépuisable d'inspiration.
La production du bougre, qui n'a pas dévié d'un iota depuis le dernier EP en date (on vous passe le nom en cyrillique) sorti l'année dernière, reste impeccable, comme les compositions qui se rapprochent quant à elles d'un NILE dénué d'influences égyptiennes, c'est dire le niveau !
L'expression est de mise en ce mois de janvier : en voilà une galette qu'elle est bonne !
(Crapulax)


​PRAÏM FAYA : « Abyss Of a Black Planet » (Autoproduction)

Même si le style fait moins recette auprès du public qu’il y a quelques années, le metalcore reste un genre où certains ont encore leur mot à dire. C’est le cas du quintet PRAÏM FAYA qui en respecte ici le cahier des charges à lettre : riffs puissants et saccadés, mélodies imparables, batterie déchaînée et vocalises hargneuses.
Certes, l’originalité n’est pas sa force première tant il est délicat d'innover dans un genre comme celui-ci où tout a, à peu près, déjà été dit et fait. Mais c’est bien le dernier des soucis des Rouennais qui, avec leur premier album, « Abyss of a Black Planet », frappent un grand coup au sein de la scène hexagonale.
Aucunement complexé donc, le groupe envoie un pavé bien lourd truffé de breaks audacieux pour faire passer la douloureuse comme une lettre à la poste. Le tout est enrobé dans un son dense, massif, réalisé par Gwen Kerjan dans sa forge du Slab Sound Studio qui rend justice au metalcore brutal troussé ici sur onze titres de haute volée.
Chaque morceau respire l’énergie, la volonté de bien faire et ravira à n’en point douter les auditeurs les plus exigeants en la matière. J'en suis !
(Clem)


​HOROH : « Aberration » (Crypt Of Dr. Gore)

Il y a des disques comme celui-là où, en un clin d’œil, la messe semble déjà dite. L’artwork façon boucher en manque d’hémoglobine (signé Sébastien Mockers) et le lieu d’enregistrement de ce méfait : « Tomb of Mutilated » sont à ce titre sans appel et résonnent comme un hommage au CANNIBAL CORPSE du début des années 90. Mais au-delà de la filiation évidente de HOROH avec son glorieux aîné, force est de constater que l’exercice de style est ici réussi haut la main. Mené à la baguette par Jej (principal instigateur de TATTVA), le “groupe” envoie ici un bon gros pavé bien lourd doté d’une production idéale, d’un songwriting musclé et, surtout, d’une section rythmique taille patron qui comporte des sommets de violence et de lourdeur.
Les 28 minutes défilent ici à la vitesse de l’éclair et laissent un furieux goût de reviens-y à peine le dernier missile, "Aberration", envoyé sans ménagement dans les esgourdes. Ce qui prédomine finalement à l’écoute de ce premier album de HOROH... c’est sa maîtrise. Une maîtrise logique au vu du cursus de son créateur qui exprime ici tout son amour du travail bien fait !
(Clem)


​A/ORATOS : « Ecclesia Gnostica » (Les Acteurs de l’Ombre)

Nouvel arrivé chez les Acteurs de l’Ombre, A/ORATOS sort son premier LP de black metal gnostique intitulé « Ecclesia Gnostica ». Composé de sept titres puissants, ésotériques et mélodiques, il fait suite logique au EP « Epignosis » de 2019. Si l’Hermétisme et la Kabbale sont les bases solides des paroles en français et du concept même d’A/ORATOS, le black metal du groupe se veut rapide et intransigeant, tout en véhiculant des atmosphères captivantes.
Là où "La Hiérophante" pose un rythme musclé et lourd avec des vocaux hurlés et récités, "Death" fait la part belle à une brutalité instinctivement enrobée de nuances musicales fédératrices. Le côté acoustique arrive sur l’excellent et hyper atmosphérique "Deuteros". Sans citer tous les titres, on peut dire que « Ecclesia Gnostica » regorge de compositions toutes plus inspirées les unes que les autres, avec un final des plus théâtraux grâce au grandiloquent "Le Septième Sceau".
A la fois heavy et épique, tout en gardant l’esprit mystique d’un black metal largement présent, cet ultime morceau scelle un destin qui semble des plus radieux pour A/ORATOS.
A noter aussi, la très esthétique pochette réalisée par Above Chaos qui offre un écrin de choix à l’album. A suivre.
(Aude Paquot)


​HYSTERIA : « Heretic, Sadistic And Sexual Ecstasy » (Adipocere Records)

HYSTERIA n’est pas un inconnu de la scène death/black metal française. Présent depuis 2002 avec leur premier EP, « Abyssal Plains Of Chaos », c’est cette année avec son quatrième album que le groupe revient en force. Signé chez Adipocere, gage de qualité, le finement nommé « Heretic, Sadistic And Sexual Ecstasy » propose neuf titres d’un black metal vigoureux aux influences death marquées. Rythmes blastés, guitares tranchantes, vocaux hurlés et growlés, HYSTERIA est dévastateur et sans concessions.
Cependant, il serait réducteur de limiter la musique du groupe à une imagerie sadique et hérétique comme énoncée dans le titre, car elle est porteuse d’atmosphères des plus enrobantes également. En effet, des morceaux comme "She Who Spits The Venom" ou "Thelema" nous emportent au gré de nuances mélodiques enivrantes, pour contrebalancer les tonitruants et plus true black "Vortex of Confusion" ou l’agressif "My Demonic Quest".
Mention spéciale au titre éponyme de l’album aux allures de bande originale de film, angoissant et saisissant à la fois, aux passages brutaux et aux breaks mélodiques, aux voix transcendantes et aux rythmes variés. Il est doté d’une vraie progressivité qui tient l’auditeur en haleine tout au long du morceau.
Un must qui retranscrit bien l’esprit HYSTERIA : efficace, intransigeant et inspirant.
(Aude Paquot)

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
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