30 octobre 2011, 16:24

"Hammer Of The Gods, la saga de LED ZEPPELIN"

"Hammer Of The Gods, la saga de LED ZEPPELIN" par Stephen Davis 
Traduction Philippe Paringaux 
Editions Le Mot et le Reste 
Réédition - 2011
26 euros 

 

 

 

Il est des groupes qui vous accompagnent le long de votre vie sans même que vous vous en rendiez compte. Ainsi, enfant, mon très jeune père me biberonna à DEEP PURPLE et LED ZEPPELIN, des groupes alors à leur sommet. Et à vrai dire, sauf un moment au creux des 80s et de la new-wave triomphante dont je fus, je l’avoue, un adepte fervent, jamais donc le pourpre profond et le grand dirigeable ne s’éloignèrent longtemps de moi. Avec le temps, les quatre premiers du ZEP ainsi qu’"In Rock", "Machine Head" et "Who Do You Think We Are" de DEEP PURPLE ont fini par faire partie intégrante de mon parcours. Aussi, quand la semaine passée je tombais par hasard sur une bio du grand dirigeable signée Stephen Davis, mais surtout traduite par le très estimable Philippe Paringaux, mon sang ne fit qu’un tour. A vrai dire, comme pour "STP" et "Exile on Main Street", deux livres sur les STONES publiés chez le même et très bon éditeur Le Mot et le Reste, et d’ailleurs également traduit par Paringaux, cette biographie intitulée Hammer of the Gods n’est pas une vraie nouveauté. Dans sa version anglaise, cette bio sulfureuse en est même à sa troisième version (1985, 1997 et 2008). Une traduction en français avait été effectuée à l’époque, pour le moins contestée, et qui avait, sans aucun doute, amoindri la portée du livre en participant à son aura nauséabonde. Cette fois, au moins de ce côté-là, pas de problème, Philippe connait son affaire et les pages se tournent toute seules ! Reste qu’effectivement, "Hammer of the Gods" sent la poudre. Et avec un regard d’aujourd’hui, certaines des histoires semblent encore plus hallucinantes et pas forcément dans le bon sens du terme. Le ZEP avait d’ailleurs en son temps contesté ce récit à plusieurs reprises sans que pourtant le livre soit interdit pour diffamation. C’est que ce Marteau des Dieux va loin, très loin dans l’intimité de ce mythe du rock 'n’ roll qu’est LED ZEPPELIN. Un mythe qu’il écorne volontiers pour finalement mieux glorifier, ou plus exactement pour mieux recentrer ce qui fit l’essence même du ZEP : sa musique. En ne cherchant pas à édulcorer les faits, l’auteur nous replonge dans une autre époque, dans une toute autre sphère. Celle où les derniers feux de l’innocence prévalaient encore pour quelque temps. LED ZEP a-t-il finalement calciné musicalement ces feux à coups d’anecdotes glauques, d’attitudes bassement scabreuses et machistes ? Il n’est pas interdit de le penser. Lester Bangs, qui au passage honnissait LED ZEP, disait en 1975 que le rock était mort et que quelque chose s’était brisé. Cette année-là, Page sur le toit du monde s’enfonce dans l’héroïne et signe le long déclin du dirigeable qui s’achèvera finalement le 24 septembre 1980 avec la mort prématurée de John Bonham. Une des grandes qualités de ce livre est bien de placer les choses dans leur contexte. Ainsi, on voit que LED ZEPPELIN ne marche pas immédiatement en Angleterre alors que le groupe est instantanément starisé aux States, son marché de prédilection. On voit aussi et c’est plus étonnant, le mépris des critiques à leur égard. Il est intéressant de constater que personne à l’époque, tant la presse que le métier, ne voit la révolution opérée par Page et ses troupes. Non, l’heure est aux STONES tout puissants (mais qui vendent moins de disques que LED ZEP), au glam d’un Bowie en plein trip Ziggy et aux groupes progressifs comme PINK FLOYD ou E.L.P, alors au comble de la branchitude. LED ZEP, c’est pour les kids et les bouseux, semblent dire en chœurs les critiques des deux côtés de l’Atlantique ! Bangs dont je parlais plus haut va jusqu’à les traiter de « pédales émaciées » ; c’est dire la violence des réactions que le groupe suscitait de son vivant. Pour autant, on découvre que l’exigence de Page et de son groupe. D’emblée, celui qui est alors déjà un musicien renommé veut entrer dans la légende. Il se veut l’égal des plus grands. Pour cela en plus d’un groupe il lui faut un manager. Peter Grant sera celui-là et il jouera bien un rôle primordial dans le succès planétaire de LED ZEPPELIN. Au demeurant, être un gros vendeur de disques (plus de 300 millions dans le cas LZ) ne suffit pas pour marquer l’histoire. Dans les 80s, DURAN DURAN, par exemple, vendit des camions de disques et aujourd’hui tout le monde s’en fout royalement alors que le VELVET UNDERGROUND vendit péniblement 500 000 albums de son premier album mais son influence résonna durablement sur l’histoire de la musique. Si LED ZEP est aujourd’hui si présent c’est que le groupe a essaimé à long terme. Son message, sa musique, son groove même ont transcendé les générations et sont restés finalement sans égal. Et ce n’est pas un hasard si tous les groupes grunge des 90s se revendiquaient du dirigeable. D’ailleurs, en étant un peu provo, on pourrait dire que leur mouvement consista à fusionner l’impensable, à savoir LED ZEPPELIN, les BEATLES et les RAMONES. OK, c’est un raccourci disons brutal, mais néanmoins il y a de ça ! Pour finir, ceux qui aiment à la fois LED ZEPPELIN, mais qui veulent aussi se pencher sur l’histoire de la musique et du hard en particulier sans sombrer dans la béatification stérile et souvent niaise, peuvent se ruer sur ce fort estimable ouvrage.
Blogger : Marlo Music World
Au sujet de l'auteur
Marlo Music World
Surnommé Marlo par ses potes à cause de sa passion pour les polars et les chapeaux, Laurent Ducastel est un auteur qui sévit à la fois sur papier, livres et BD ou sur écran dans des documentaires. Il a aussi officié dans divers magazines musicaux dont HARD FORCE MAG évidemment. Le film qu’il a coécrit avec son compère Cédric Tourbe, « Jacques Foccart, l’homme qui dirigeait l’Afrique » a été récompensé d’une Etoile de la SCAM 2011.
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