27 février 2024, 23:59

NOTHING MORE + VUKOVI + SIAMESE

@ Paris (Le Trabendo)

Comme le disait une certaine publicité vieille de plusieurs années qui vantait les mérites d’un comprimé de vitamine C, pour tout voyage, il faut être bien organisé. Ainsi, avant de partir pour un concert à Paris, il ne faut pas embarquer une cargaison d’oranges, mais vérifier deux points importants : l’état du trafic avec ses éventuelles fermetures nocturnes, ainsi que la météo du jour. Parce qu’en fonction du premier, vous risquez de faire de multiples détours pour rentrer dans vos pénates, et qu’un conducteur averti en vaut deux (finalement, la cargaison d’oranges pourrait s’avérer nécessaire si vous devez doubler ou tripler votre temps de trajet). Et concernant le deuxième point, s’il fait un froid de canard, comme c’est le cas en ce mardi 27 février, et que vous devez poireauter quelques heures avant de rentrer dans la salle, vous risquez bien de vous pétrifier sur place et de ne plus être en état d’assister au concert. Ce serait dommage...

Pas de souci majeur aujourd’hui pour accéder au Trabendo pour le concert de NOTHING MORE. La circulation s’avère plutôt fluide, si ce ne sont les perpétuels bouchons du périph’, causés cette fois par un accident (faut savoir varier les plaisirs !). Par contre, les températures ont chuté sur Paris et l’attente dans un petit courant d’air glacial n’est pas des plus plaisantes, le froid vicieux s’infiltrant sous les couches de vêtements. Mais comme il est toujours préférable de voir le verre à moitié plein, chanceux que nous sommes, il ne pleut pas. Après plusieurs jours sous la flotte, c’est déjà ça de gagné et les fans commencent à se masser dès la fin d’après-midi sur la passerelle reliant le Trabendo. De là-haut, on aperçoit même le chanteur du groupe, Jonny Hawkins, rentrer dans la salle et qui nous gratifie au passage d’un beau sourire. Il est 19h00 passées lorsque les spectateurs peuvent à leur tour pénétrer dans l’antre et tenter de se réchauffer avant d’attaquer les hostilités à peine 20 minutes plus tard.

C’est le groupe Danois originaire de Copenhague, SIAMESE, qui est en charge de faire monter la température. S’il a débuté en 2011, le groupe a commencé à se faire connaître hors de ses frontières avec l’album « Super Human » sorti en 2019. Composé d’Andreas Kruger à la guitare (également compositeur principal , de Mirza Radonjica au chant, de Christian Hjort Lauritzen au violon, de Mark Nommesen à la basse et Joakim Stilling à la batterie, le quintet est pour le moins original. Et dès les premières secondes, l’adhésion du public à son post-hardcore moderne qui mêle allègrement influences pop, electro et R'n'B, chant clair et growlé, ne se fait pas attendre. Et il faut avouer que la recette fonctionne à merveille, tant les musiciens ont su savamment marier les ingrédients de leur mixture. Sur les sept titres interprétés ce soir, on retiendra les excellents "Numb", "Holy" et "Sloboda" (dédié au peuple palestinien). On sera moins emballé par le nouveau morceau, "On Fire", vraiment trop pop à notre goût. On dira que le chef a voulu rajouter trop d’ingrédients dans son plat et qu’au lieu d’avoir un bel équilibre de saveurs, on se retrouve avec un gloubiboulga dans l’assiette (référence que seuls les plus de 40 ans peuvent connaiîre...). Le son est mal équilibré sur la première chanson, "The Shape Of Water", et l’on peine à entendre la voix et le violon, mais l’erreur sera vite réparée dès le deuxième titre. Dans la fosse, on assiste déjà aux premiers mosh-pits, mais les spectateurs autour ne sont pas en reste et acclament bruyamment le groupe, qui, avec cette très belle (mais trop courte) prestation a bien mérité ses galons. Un grand bravo aux Danois pour leur énergie communicative. D’ailleurs, on aurait bien repris une part supplémentaire, au lieu de se coltiner les 45 minutes de VUKOVI...

En effet, la noise-pop vaguement teintée de rock du duo originaire d’Ecosse (Janine Shilstone au chant et Hamish Reilly à la guitare) peine à attirer l’attention des spectateurs, dans un premier temps. Accompagnés d’un batteur doué qui cogne bien, les deux musiciens proposent une formule qui semble tout droit sortie d’un mix entre la pop actuelle passe-partout et quelques riffs plus heavy, histoire de donner un côté (très légèrement) plus agressif. La blonde vocaliste façon Barbie ressemble, quant à elle, a un croisement entre Britney Spears et Paris Hilton, tant dans ses attitudes cucul et vulgaires et horripilantes que dans sa voix haut perchée un peu hystérique, à la limite de la justesse. Elle est constamment soutenue par des samples qui lui permettent d’amplifier la faible puissance de sa voix. Le résultat laisse de marbre une bonne partie de l’audience, tandis que d’autres spectateurs semblent apprécier beaucoup plus la prestation du trio. Les applaudissements fusent quand même à la fin du set des Britanniques, histoire de dire que nous sommes bien élevés. Bilan mitigé donc, pour ce groupe que l’on aurait plus vu en ouverture d’un artiste pop/variété que d’un groupe de metal moderne, tant le propos du trio est fort éloigné du style qui nous intéresse.

Le changement de plateau est un peu longuet avant que NOTHING MORE investisse finalement la scène après 21h00. Le quatuor texan est très attendu dans un Trabendo désormais rempli jusqu’à la gueule. Même s’il s’agit là de l’une des plus petites salles dans lesquelles le groupe se produit lors de cette tournée européenne, les fans présents vont se charger de mettre une ambiance de folie que l’on ne retrouve pas systématiquement dans les salles de plus grande envergure. La qualité du son s’est nettement améliorée et le lightshow diffuse de belles ambiances tout au long du set. A peine débarqués sur scène, les quatre musiciens récoltent une bruyante ovation. Et si le corps d’athlète de Jonny Hawkins attire à lui seul tous les regards, compte tenu de l’énergie déployée et du charisme du bonhomme,  il serait bien stupide de le réduire à son seul physique. Sans oublier ses comparses, le fabuleux guitariste qu’est Mark Vollelunga, le bassiste Daniel Oliver, qui se chargent tous deux des chœurs, et l’excellent batteur Ben Anderson qui va nous gratifier d’un superbe solo en milieu de soirée sur le morceau "Ships In The Night", outro de l’imparable "Tired Of Winning".


Le set démarre en force avec "Let 'Em Burn", "Do You Really Want It" et "Don’t Stop", tous trois issus de « The Stories We Tell Ourselves » (2017). Le groupe va d’ailleurs capitaliser sur ses trois derniers albums en date, ceux qui ont rencontré le plus de succès depuis 2014, en faisant l’impasse sur les plus anciens. Le metal moderne et alternatif de NOTHING MORE prend toute son ampleur sur scène. Ce mélange de sons bruts, electro et nu-metal couplé à des mélodies imparables secoue la fosse sans répit. L’efficacité et le capital sympathie du groupe développent un climat positif et rayonnant. Le public connaît les paroles sur le bout des doigts, y compris celles du nouveau single "If It Doesn’t Hurt" sorti fin janvier, qui voit les spectateurs gueuler à pleins poumons. Il faut avouer que le groupe possède un talent fou pour composer des refrains mémorisables qui invitent à participer, à l’instar de ce "Go To War" et des paroles qui ne laissent pas insensibles. Tel le sublime et émouvant "Jenny" qui relate la descente dans les enfers de la drogue de la sœur du frontman, pendant que leur mère se battait désespérément contre un cancer qui a fini par l’emporter, et qu’elle ne cessait de s’inquiéter pour sa fille. Paroles violentes en forme d’électrochoc envers sa sœur qui ne faisait aucun effort pour se sortir de son marasme, malgré l’aide de ses proches.

Le groupe nous offre ensuite "Angel Song", un autre extrait de son nouvel album à paraître en septembre prochain, dixit Jonny Hawkins. Rythmique lourde et groovy, le morceau est vraiment plaisant et laisse augurer du meilleur pour la suite. Jonny est une pile électrique qui ne tient pas en place une seconde. La dose d’énergie qu’il déploie est tout bonnement phénoménale ! Le doublé "Tired Of Winning" / "Ships In The Night", issu de l’excellent « Spirits » (2022) à l’ambiance explosive, agite encore plus le Trabendo. Le public déborde d’un dynamisme contagieux et le frontman le remercie à maintes reprises. NOTHING MORE semble d’ailleurs ravi de l’accueil qui lui est réservé, à voir les sourires éclatants qui barrent les visages des musiciens. C’est à un réel échange passionné et chaleureux auquel on assiste ce soir, le genre de concert qui fait du bien. Au moral, au corps et à l’esprit. Le jeu se calme un peu durant la magnifique "I'll Be OK", chanson qui panse les âmes en peine, avant de repartir à fond de train avec une interprétation survoltée de "Spirits".

Autre moment poétique que celui de "Fade In/Fade Out" lorsque le guitariste, Mark Vollelunga, prend le micro pour présenter cette chanson dédiée à son père et à son fils, sur le cycle de la vie. Parce que la fin en est inéluctable. On apprend, on grandit, on évolue et on transmet aux générations futures, avant que la mort ne nous cueille. Très bel instant de communion avec les spectateurs sur ce morceau hautement émouvant. Et justement, tout prend fin à un moment donné. C’est donc sur les incontournables "Ocean Floor", suivi de "This Is The Time (Ballast)" que s’achève ce concert dominé par une intensité et une ferveur sincères, tant du côté du groupe que du public. Enfin, comme nous l’avions déjà vu lors de leur prestation ébouriffante du Hellfest et histoire de rajouter un grain de folie supplémentaire, Jonny Hawkins, toujours batteur dans l’âme même s’il a pris le micro depuis plusieurs années, grimpe sur la barrière de sécurité, fait tenir deux toms par les spectateurs du premier rang et se déchaîne sur un court solo rythmique qui clôt ainsi une prestation haute en couleur.

NOTHING MORE ne déçoit jamais en concert, en proposant un véritable show et des tubes tous plus imparables les uns que les autres. Les spectateurs ne s’y sont pas trompés. Ils ressortent de la soirée avec la banane et regonflés à bloc. Retour au bercail sans encombre et l’esprit léger : que demander de plus pour démarrer la semaine ? Voilà un groupe dont nous ne manquerons pas de vous reparler, soyez en sûrs !
 

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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