7 mars 2024, 19:57

JUDAS PRIEST

"Invincible Shield"

Album : Invincible Shield

2024, et ils sont toujours là. Les maîtres du heavy metal avec leurs riffs à la puissance juteuse ont une nouvelle offrande pour vous. JUDAS PRIEST livre son « Invincible Shield »... Etrange ouverture aux synthés, en mode Miami Vice, avant une entrée en scène de guitares mordantes, puis d’une batterie qui tonne, c’est "Panic Attack" le bien nommé. Qu'en est-il du prêtre en chef ? Rob Halford fait crisser sa voix sur ce morceau rapide et nerveux, le moins que l’on puisse dire c’est que le temps n’a pas d’effet sur l’organe du septuagénaire. Ça commence sur des chapeaux de roues, c’est le cas de le dire, avec des soli qui s’emballent bien sauvagement. JUDAS PRIEST a toujours soigné ses entrées, cette fois il fait dans le heavy metal eighties pur riff.
Si "The Serpent And The King" hurle à la vengeance, toujours très années 80 dans sa structure, il offre un joli groove dans ses breaks. Le rythme est très enlevé, et cet apport très power et speed metal permet à un morceau qui aurait pu être très anodin de vous défriser les moustaches avec son déroulé de folie. Chapeau bas à Scott Travis qui fait toujours un travail remarquable.

"Invincible Shield", qui donne son nom à l'album, est un morceau fleuve, parfaitement pensé et exécuté pour que l’on surfe sur une trame épique. Ici nous sommes dans le plus pur power metal, avec des chœurs profonds et des riffs qui dégoulinent d’huile graisseuse. On décelle sur le refrain un soupçon de QUEEN, jouée à la sauce JUDAS PRIEST. C’est tellement bien enRobé que je me dis que le groupe sait nous surprendre encore aujourd’hui, après plus de 5 décennies, et sans doute plus que leurs coreligionnaires d'IRON MAIDEN. "Devil In Disguise" s’aventure pour sa part dans les années 90, avec une magnifique lourdeur et des breaks empreint d'innocence légère. Encore une fois ça aurait pu être anodin, ça ne l’est nullement, les blasés se signeront devant des soli à se damner. "Gates Of Hell" repart avec un groove basse-batterie hypra old-school et des refrains à la gorge profonde. En 2024 l’acier britannique verse toujours dans le divin péché !

Quand surgit "Crown Of Horns" avec son solo virtuose en introduction,  je pleure de joie. Un titre progressif où la rythmique vous entraîne dans un groove balancier et où Rob vous interpelle de sa voix claire et authentique, là encore, je me dis « tu l’as ici mon ami la touche des grands... ». Le refrain est nostalgique, d’une touchante innocence avec des riffs heavy purs, on a l’impression d’être des enfants de chœur à la messe. Bref, un morceau sacerdotal sur lequel Richie Faulkner et Glenn Tipton font jaillir de superbes étincelles de leurs guitares. Respect total.
"As Good Is My Witness" vous colle une baffe supersonique avant que vos larmes du précédent titre ne soient sèches. JUDAS PRIEST repart dans le heavy metal bien agressif. La basse de Ian Hill vrombit tête baissée et la batterie explose, pendant que les guitares déversent leurs éclats dans nos oreilles, on sent à ce moment là tout le sens du pouvoir du power metal. Il brille clairement dans ce hit, le ciel nous en est témoin. Avec "Trial By Fire" nos chers grands britanniques estiment qu’il faut rajouter une couche de lourdeur, et bien ce sera avec grand plaisir. Les riffs sont de plomb et la voix de Rob est hargneuse à souhait. JUDAS rend jouissif cette débauche de puissance.

Autant l’album est à la hauteur de nos espérances, autant il généreux. Nous en avons pour une heure de bonheur. Ce qui permet à JUDAS PRIEST d’explorer une infinité de gammes. "Escape Of Reality" fait dans le lancinant avec des riffs obsédants, Rob modulant sa voix sur de multiples... voies. Une musique qui se colle à vous telle une seconde peau, où les soli semblent provenir des années 70. "Sons Of Thunder" de son côté fait dans le metal guerrier, aux riffs gonflés comme après un passage express au basic fit du coin. Le même club qu’à du fréquenter ACCEPT pour son dernier album. Rob et ses potes aimant décidément l’huile, "Giants In The Sky" vous en déverse une pleine cargaison sur la tête. Plaisir du son heavy metal avec un break hispanique surprenant où Rob pousse un refrain qui a la sensibilité piquante de SCORPIONS.

Comme nous ne sommes pas venus pour trier les lentilles JUDAS PRIEST nous demande de vivre le "Fight Of Your Life", premier bonus de l'édition Deluxe qui en compte trois... Le ring est éclairée aux néons seventies. L’arbitre bat la mesure, shooté avec un BLACK SABBATH speedé. Une belle ambiance, merci Rob. Et toujours cette voix diaboliquement juvénile. "Vicious Circle" est du rutilant JUDAS PRIEST, de la catégorie que le spécialiste en heavy metal te prescrit pour tuer la douleur. Rythmé et racé. Enfin, "The Lodger", écrite par Bob Halligan Jr., qui clôt cette aventure, est un arc en ciel de nuances, partant baigner ses lourdes guitares dans une mer surveillée par des flamands roses, et où les vagues se fracassent sur les fûts de batterie, alors que Rob décide de se lâcher encore plus en jouant de ses cordes vocales aux frontières du symphonique. Un OVNI sur-prenant.

Au final je trouve ce « Invincible Shield » à la fois différent et semblable à son prédécesseur... c’est tout moi ça, et pourtant je ne suis pas Normand. « Firepower » était un condensé d’énergie pure, balançant des skuds bien énervés. Pour ce 19e album, JUDAS PRIEST se veut plus subtil, entre déclarations de guerre mondiale où les riffs atomisent nos cervicales, et moments heavy intimistes, avec dans les deux cas une authentique puissance différement contrôlée. Personnellement j’ai adoré et je me réjouis de sentir que ces dieux du genre sont toujours au top de la créativité... et de la jouissance. Sacré Rob, t’es toujours le Metal God !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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