Actif depuis 2011 au sein d’une scène death metal sur laquelle il a apposé sa patte velue en mettant au fil des ans la concurrence à l’amende, le clan californien SKELETAL REMAINS revient sur le devant de la scène avec un cinquième album dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Le duo composé de Mike De La O et Chris Monroy, appuyé ici par le stakhanoviste Brian Rush à la basse et Pierce Williams à la batterie, a donc décidé de remettre le couvert pour honorer une nouvelle fois ce death metal typique du début des années 90. Celui-là même qui fleure bon la chaleur floridienne. Et les fans de cette belle époque vont en avoir pour leurs deniers tant le quatuor parvient une nouvelle fois à proposer une partition de haut vol, dépassant le simple hommage pour s’approprier les codes d’un style qu'il maîtrise sur le bout des doigts.
Premier fait notable, SKELETAL REMAINS ne s'est pas ici embarrassé d'une quelconque intro ou quoi que ce soit de superflu pour lancer les hostilités. Un blast sans autre forme de procès surgit dès la première seconde de "Relentless Appetite" histoire de se plonger dans la marmite bouillonnante du death metal. L’ombre des géants DEATH et MORBID ANGEL plane également, que ce soit les intonations et le phrasé David-Vincentien de Chris Monroy ou les solos d’une technicité bluffante où il étale tout son talent avec son compère Mike De La O. Le travail phénoménal abattu aux guitares renvoie également à ces ambiances magiques que les SUFFOCATION, PESTILENCE ou GORGUTS troussaient avec amour sur leurs premiers méfaits. Mais les prestations délivrées par le batteur-bûcheron et son acolyte bassiste ne sont pas en reste, elles aussi impressionnantes de précision.
L’ensemble du groupe fait ici preuve d’une solide cohésion qui transpire sur chacun de ces neuf morceaux. Seul le rapide interlude "Ceremony Of Impiety", situé à mi-parcours donnera le temps à l’auditeur de souffler entre deux missiles ! Et s'il ne fallait retenir qu'un titre pour résumer la force de frappe du groupe, ce serait l’instrumental "...Evocation (The Rebirth)", qui a déjà des allures de futur standard du groupe avec ses riffs et solos à filer des frissons à n’importe quel amateur du genre. A l’image du superbe instrumental "For Whom We Have Lost" qui lui aussi faisait office de voiture-balai sur l’album « Upon Desolate Hands » d’HATE ETERNAL paru en 2018. Le groupe offre d'ailleurs en bonus-track "Messiah Of Rage", une reprise d’HATE ETERNAL
Une nouvelle fois illustré de main de maître par le légendaire Dan Seagrave, déjà aux manettes à l’artwork sur les deux albums précédents, et produit, mixé et masterisé par le non moins légendaire Dan Swanö, l'on peut dire que les Dan font la paire sur « Fragments Of The Ageless » ! Et apportent leur patte avec doigté sur cet album qui sans nul doute tutoie la perfection. La recette est connue, certes, mais elle est ici délivrée avec un savoir-faire, une ferveur, une abnégation qui forcent le respect. Grandiose !