23 mars 2024, 23:59

Laura Cox + Kim Melville

@ Lille (Le Splendid)

Ce soir, on se retrouve au Splendid pour une soirée blues et classic-rock au féminin. A notre arrivée, c’est une salle plongée dans l’obscurité qui attend l’arrivée imminente de Kim Melville. Cette jeune guitariste et chanteuse s’inscrit dans les pas de Laura Cox dont elle regardait les vidéos sur YouTube avant de faire de même. L’héritage de cette jeune guitariste est celui du rock des années 70 que lui a transmis son père. Avant de choisir la guitare qu’elle a débutée tardivement après avoir découvert Jimi Hendrix, elle bénéficie de 10 ans de piano qui lui offre une solide base musicale.

Lorsqu’elle entre en scène, la salle est remplie. Nous sommes loin du "sold-out" puisque le balcon n’est pas accessible, mais c’est tout de même 600 personnes qui ont fait le déplacement. C’est sur le rythmé "Blond Loud & Dumb" que les musiciens de la chanteuse entame le concert.
Kim déboule sur scène avec conviction pour chanter de manière énergique les deux premiers couplets. Dépourvue de sa guitare, elle démontre que a aussi une une voix. Le temps du break, à l’issue du refrain, elle s’empare de sa guitare pour délivrer le solo avant de chanter le dernier couplet accompagnée de son instrument. Elle enchaîne avec le popy et dansant "105 Times" dont le refrain incite le public à frapper dans les mains. Avec "Asmar" qui apparaît sur son premier EP éponyme sorti en 2021, on revient sur quelque chose de plus rock et groovy. Une belle entrée en matière qui ne manque pas de virilité féminine. Avant de continuer, elle en profite pour saluer le public et l’inviter une première fois à acclamer Laura Cox. Elle continue dans un registre plus blues et mélancolique avec "One More Chance" avant de jouer son tout premier single "Mr My Man" qui lançait sa carrière en annonçant son EP 5 titres. Avant un nouvel intermède où elle invite le public à ovationner la "reine" de la soirée, elle joue "If I Had You". Avec "Bitter", c’est tout en puissance que l'on s'achemine vers la fin de cette prometteuse première partie que les applaudissements nourris du public confirment.

Avant de présenter ses musiciens et remercier chaleureusement tous ceux qui lui ont permis d’être là, elle nous rappelle avec l'entraînant "Cant Sleep" que la soirée ne fait que commencer. C’est ainsi qu’elle termine sa prestation avec "Evil Trouble Cupcake" sur lequel apparaît Steve Maggiora (THE EFFECT, TOTO en live). Elle quitte la scène sous les cris et les applaudissements. Après une telle prestation, c’est à se demander si elle ne vient pas de voler la vedette à celle qu’elle a fait ovationner à plusieurs reprises telle une chauffeuse de salle. En tout cas, une chose est sûre, avec sa prestation à laquelle la qualité du son et des lights ne lui ont pas fait défaut, elle a mis la barre haut.

Après une belle prestation sur la Mainstage du Hellfest 2022 et un excellent troisième album, nous sommes curieux de retrouver sur scène Laura Cox avec son nouveau line-up. Le départ de Mathieu Albiac, et l'arrivée d'un claviériste, c’est aussi le remplacement d’une guitare par un clavier. Inévitablement, cela implique une adaptation live des morceaux. C’est donc l’occasion de découvrir comment fonctionne ce nouveau groupe sur scène...

C’est avec une très belle intro blues à la guitare lap steel que Laura Cox entame son set. Avant d’entamer avec le groupe au complet "Bad Luck Blues", la transition en duo avec Antonin Guérin est pour le moins percutante et l’interprétation du titre est une bonne entrée en matière. Toutefois, même si le réarrangement de "Freaking Out Loud" est cohérent, le titre manque clairement d’une seconde guitare. Cependant, le public nordiste n’est pas déçu de retrouver la guitariste. Si le solo d’introduction de "Take Me Back Home" est convaincant, le reste est trop policé. Vient ensuite, "Last Breakdown" qui ne va pas redresser la barre avec le break basse/batterie qui casse l’ambiance au point que Laura demande au public s’il est toujours là. A la réponse, il ne fait aucun doute qu’il est toujours là et apprécie en silence pour éviter de perturber une interprétation tout en retenue qu’une clameur ou de simples discussions n’auraient aucun mal à couvrir.

De retour à la lap steel guitare, Laura explique que c’est pour elle l’occasion de rendre hommage à ses influences country, mais cette interprétation de "River" n’est guère convaincante. Lorsqu’elle rejoint son claviériste pour jouer à quatre mains "Good Ol’ Days", on se laisse à penser que ça risque d’être long jusqu'à la fin. Ce n’est malheureusement pas son solo à la lap steel qui sauve une interprétation qui installe l’ennui et voit Laura s'éclipser, le temps d’un interlude. A mi-chemin de sa prestation qui a mis à l’honneur des titres de ses deux premiers albums, nous ne sommes clairement pas convaincus par cette prestation.


A son retour, c’est avec "So Long" qu’elle débute cette seconde partie, qui par chance, relance une prestation qui manquait d’énergie. Le temps de remercier Jean-Michel pour la Rodenbach dont elle a, semble-t-il, apprécié la découverte, c’est avec "Hard Blues Shot" dont le riff n’est pas sans rappeler les frères Young que nous continuons la soirée. Par chance, ces deux titres laissent espérer une seconde partie plus percutante. L’intégration d’un nouveau titre très bluesy dans le set n’est pas des plus désagréable. Avec "Too Nice For Rock'n'Roll" qui apparaît sur son premier album, il est clair que l’idée que la féminité n’est pas compatible avec le rock'n'roll appartient au passé.

Avec l’excellent "Set Me Free", Laura démontre qu’elle s’est libérée des carcans de la bien-pensance. L’enchaînement avec "Head Above Water", l’intro de "Wiser" à la lap steel puis le duo de percussion avec Antonin qui rappelle le début du set, c’est une belle fin de prestation qui nous est proposée. Le rappel composé de "One Big Mess" et "If You Wanna Get Loud", sur lequel elle remercie l’équipe du Splendid et la sienne, confirme un concert qui se termine mieux qu’il n’avait commencé, mais que le public a visiblement apprécié à l’applaudimètre.

Contrairement à ce que déclare Laura Cox, le départ de Mathieu et l’arrivée d’un claviériste transparaît dans cette prestation. Même s’il faut reconnaître un réel effort d’adaptation pour garder une cohérence à l’ensemble, le résultat est là. Laura Cox et son groupe, dans cette configuration, risque d'évoluer vers un style musicalement plus mainstream, plutôt que de cultiver ses influences blues... En trois albums, le groupe avait réussi à se forger une identité. Arriveront-ils à développer l’esprit "southern hard blues" de Laura Cox ? Le prochain album sera, quoi qu’il arrive, riche d’enseignement sur l’avenir que la guitariste souhaite donner à sa carrière.

Photos © Christian Ballard - Colmar 2022

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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