24 mars 2024, 23:55

LES SHERIFF + TAGADA JONES + DIRTY FONZY + NOT SCIENTISTS

@ Strasbourg (La Laiterie)

En ce dimanche printanier c’est une belle affiche qui nous est promise à la Laiterie de Strasbourg. Les trublions punk-hardcore TAGADA JONES ont convié leurs copains de route pour... la tournée du siècle. Pour tous les amoureux de rock énervé à la française la "Tournée du Siècle" propose quatre groupes qui totalisent ensemble un siècle d’existence et c’est à notre vieille Laiterie à deux doigts (dans la prise) d’être rénovée. La fin d’une époque ? Suivez-moi pour plus de détails sur cet autre "Gros 4"...

17h15. Un peu tôt, mais pas pour le rock. NOT SCIENTISTS, qui célèbre ses 10 ans de carrière, ouvre le bal avec "Push" et "Perfect World". L’ambiance est au post-punk épi-cure-ien des années 80. Basse et batterie hypnotique, guitares froides et aériennes. Très bon accueil d’un public déjà nombreux. Nous sommes partis pour un set de 40 minutes qui, après "Heart Attack" qui ne divise uniquement que dans la Joy, va devenir toujours un peu plus punk-rock. "Paper Crown" et "Rattlesnake" notamment nous font un bel (NO)FX, avant une reprise des UK SUBS.

Le show s’étant bien emballé, NOT SCIENTISTS nous balancent des titres toujours plus énervés. "Orientation" est rapide, "Shoplifter" est post-punk, "Downfall" et "Leave Stickers On Our Graves" sont fédérateurs... Il y en a réellement pour tous les goûts. Le groupe nous quitte dans la joie et la bonne humeur musicale sur "Listen Up". La soirée a très bien commencé !

18h20. Place à ces fameux DIRTY FONZY dont j’entends beaucoup parler depuis quelques années. Après une ouverture surréaliste réalisée par un pingouin armé d’une trompette et effectuant des roulades, nous prenons un "Full Speed Ahead" plein de fougue et de bravoure punk-rock. « Ah oui » me dis-je, on n'est pas là pour faire la sieste. Pendant 45 minutes ça va aller vite, très vite. "Here We Go Again" et nous filons tels des skates possédés sur les promenades de bord de mer californiennes. Les guitares sont folles, les circle-pits tout autant. Les plus américains des punks mélodiques français sont venus faire la promotion de leur dernier et excellent album « Full Speed Ahead », sorti il y a quelques mois, aussi lâchent-ils sur les fauves que nous sommes des extraits bien forts en goût de décibels tels "Beervengers" (oui, la bière, sacro-saint breuvage du punk-rocker, a droit à son super héros), ou encore "Drink 'em All" (décidément le houblon chez eux c’est une religion), une composition qui déchire tout avec son riff aussi turbulent que du OFFSPRING.

Autre album bien représenté, « Here We Go Again », avec notamment "Radio N°1" qui défonce et vaut son penny-wise. DIRTY FONZY se révèle être un fantastique groupe de scène, qui sait créer une véritable alchimie avec ses spectateurs. Car oui l’accueil est chaleureux. Bon, le pingouin qui passe et repasse sur scène très régulièrement n’y est pas étranger non plus. Le pauvre finira même aplati lors d’un mémorable wall-of-death !

DIRTY FONZY créé l’ambiance, une ambiance où les refrains savent être repris avec force. Mention spéciale à "What the Fuck" avec son kit de batterie fracassé, ses riffs vifs et séduisants et son chant imparable de punk pour roller-park. L’essayer c’est l’adopter, c’est le brailler jusqu’à plus soif. Le rythme ne faiblit pas jusqu’à "Rock & Murders", hymne fraternel intergénérationnel (un brother-hymn en somme !), et c’est dans un joyeux foutoir punk-rock que le groupe se fait acclamer avec un "Dirty Fonzy" qui file à toute allure sur des « ho ho hoo » tous sourires allumés. C’était DIRTY FONZY, et c’était top !

19h30. La soif étanchée, place aux Héraults de la soirée. LES SHERIFF n’ont plus vingt ans depuis longtemps, ils célèbrent ce soir leurs quarante piges de scène, et sont toujours un moment d’anthologie punk. "Sortez les Bulldozer" enflamme la fosse, puis les gradins. J’ai comme un pincement au cœur... Je radote souvent sur le fait que mon premier concert, en 1990, fut avec eux, ainsi que les regrettés OTH. Depuis j’ai un peu de "Montpellier" dans le sang, et je scande volontiers le refrain du titre avé l’accent chantant de ce sud tout fou... Bref, les lascars ont dégainé leurs riffs et c’est la "Panik (à Daytona Beach)". Le public adore, et chacun savoure de les voir à nouveau en piste après une tournée d’adieux qui les a en fait remis en selle.

C’est le festival de classiques : "À Coups de Batte de Base-Ball", "Ne fais pas cette Tête-là", "Pourquoi", qui nous rappelle la fierté que nous avons dans l’hexagone de compter dans nos groupes une telle formation qui Ramones sec dans les cheminées auditives. Et vous connaissez la meilleure ? La force de leurs 20 ans, elle se sent encore bien dans l’énergie qu’ils déversent sur nous, avec quelques hectolitres de sueur évidemment. Peu de morceaux du dernier album, dommage, en revanche ce sont des moments d’anthologie à gogo, et c’est le cas de le dire avec "Mayonnaise à Gogo" qui précède un furieux "Que Pasa ?" faisant tourner les slips, "Les 2 doigts (dans la prise)" accompagne un "3, 2, 1... Zéro" pour le premier au-revoir.

LES SHERIFF évidemment ne nous quittent pas sans un canonique "Jouer avec le Feu". Votre serviteur se dit qu’il n’aura pas assez de cordes vocales pour terminer la soirée, quel bonheur d’entendre que les vieux punks ne sont pas deads. Acclamations !...

20h50. Voilà TAGDA JONES avec "Le Dernier Baril". C’est le feu assuré d’emblée avec ce groupe qui tourne plus qu’il n’y a de jours dans l’année. C’est également le bal de tous les petits enragés que nous sommes, avec "Je suis Démocratie" et "Nous avons la Rage". Ça chante à tue-tête, car nos Rennais sont plus qu’appréciés. Pour la set-list le groupe a choisi le contenu de son "best of" sorti il y a un mois, « TRNT » symbolise leurs trente années de turbulences hardcore. Que du bon son, je peux vous l’assurer. Et en bonus nous découvrons en live l’inédit et excellent "Le Poignard".

TAGADA JONES est un groupe qui partage avec son public "De l’Amour et du Sang", un rock martelé et des paroles engagés qui égratignent, voir ravages la bêtise du monde, comme dans "Vendredi 13". Lorsque nous reprenons avec eux "Elle ne Voulait pas" et "De Rires & de Larmes", nous devenons un collectif spiriturock, et la force qui en jaillit est sans nulle autre pareille. Par conséquent, nous ne nous étonnons pas que nos liquettes soient trempées... de bonheur. Maintenant que nous avons tous mis "Le Feu aux Poudres", le final arrive et sans surprise le choix est porté sur "Mort aux Cons", désormais réel étendard de la philosophie musicale de TAGADA JONES. Nouveau moment de communion dans l’invective chantée. C’est fort et c’est beau...

Nous pensions la soirée terminée lorsque tous les groupes rejoignent TAGADA JONES pour la reprise "Cayenne" en hommage à PARABELLUM. Magnifique, c’est l’ovation, et ça chante de tout cœur cette époque d’un rock français indépendant et sans concession. Sur mes joues, des rigoles de nostalgie. Merci aux quatre groupes, merci à TAGADA JONES d’avoir lancé cette "Tournée du Siècle", où se sont mêlés décibels punks et refrains fédérateurs. Cette soirée fut mémorable !
 

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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