21 octobre 2011, 0:00

JANE'S ADDICTION : "The Great Escape Artist"

Album : The Great Escape Artist

Oyez ! Oyez  mes amis ! Préparez vos sonos, aiguisez vos iPods & consort, car c'est un évènement exceptionnel au vrai sens du terme que vous annonce cette chronique. "The Great Escape Artist" n'est pas un album ordinaire, noyé dans la masse. Non, c'est juste le quatrième effort en 23 ans des légendaires JANE'S ADDICTION qui paraît. Alors, je me doute qu'un certain nombre d'entre vous doivent se pincer en lisant ces mots. A force d'attente, de rumeurs, de démentis, de séparations en retrouvailles, de brouilles en réconciliations, beaucoup d'entre nous avaient fini par ne plus y croire. Et puis voilà, sans savoir vraiment pourquoi, un peu comme une sorte de miracle, celui qu'on surnomma le plus grand groupe indé de tous les temps décide de remettre le couvert. Pour de vrai ! Et pas seulement pour des concerts mais bien avec un album tout beau tout frais. Et évidemment la première question que tout le monde se pose, c'est : le successeur du déjà lointain "Stray" (2003) est-il à la hauteur de ses trois prédécesseurs ?
Je ne vous ferai pas languir davantage.
La réponse est : oui !

A la première écoute, j'avoue j'en ai des frissons, tellement le temps semble s'être figé. Tout est en place, la voix haut perchée de Farrell baignée d'écho et de réverb, les guitares tournoyantes et les mélodies alambiquées et toujours surprenantes... Bref, dès les premières mesures, il n'y a aucun doute, le JANE'S ADDICTION qui est de retour est sacrément en forme. Pourtant, en y regardant de plus près, le groupe qui nous revient a bien opéré une mue. Oui tout est place mais différemment, autrement.
Et c'est bien là, la grande réussite de ce disque.

Pour ce come-back,JANE'S ADDICTION s'est entouré de Rich Costey, un des prods ricains les plus en vue depuis qu'il officie aux manettes derrière des groupes comme MUSE, INTERPOL ou THE MARS VOLTA (qui furent en d'autres temps les excités d'AT THE DRIVE-IN) mais aussi AUDIOSLAVE, BLOCK PARTY, WEEZER, RAGE AGAINST THE MACHINE, etc... Notre homme a également mixé une partie du dernier et fort injustement décrié album de NEW ORDER. Bref, un technicien qui non seulement connait son métier, mais qui fait preuve aussi d'une belle ouverture d'esprit. Tout à fait ce dont avaient besoin nos Californiens. C'est qu'il en faut de l'expérience pour canaliser ce groupe qui a toujours refusé les facilités et les voies royales. Mais avec ce résultat sans appel : chacun de ses albums a posé un nouveau jalon dans sa carrière. Devenu mythique aux U.S.A., JANE'S ADDICTION n'a finalement jamais totalement cessé d'exister en 25 ans. Durant PORNO FOR PYROS, groupe de Farrell et Perkins qui succéda dans les 90s à JANE'S ADDICTION, Dave Navarro venait faire des parties de guitares. Et puis dans leurs projets solos respectifs restaient toujours de façon résiduelle un peu du groupe initial. De même, en retour, ceux-ci ont clairement fini par nourrir cet album. Si la phase sombre, voire presque gothique du groupe (rappelons que Navarro est un fan déclaré de SIOUXSIE & THE BANSHEES qu'il citait souvent comme influence majeure) se retrouve encore timidement dans des titres comme "Echo The Lies" ou le titre final "Words Rights Out of My Mouth" qui devraient replonger plus d'un 15 ans en arrière, la lumière aperçue dans certains titres de PORNO FOR PYROS (du deuxième album notamment) et dernièrement dans le side-project SATELLITE PARTY, fait ici une entrée remarquée. C'était là une volonté claire de Farrell et force est de dire qu'elle luit un peu partout dans ce disque, d'"Underground" le titre d'ouverture au single "Irresistible Force" en passant par le magnifique "Broken People". C'est qu'à 52 ans, notre homme est à présent plutôt sur les voies de l'apaisement. C'est d'ailleurs dans ce souci que l'album a également été enregistré de façon séparée. Perry faisant tranquillement ses voix dans son home-studio, les autres se chargeant d'enregistrer de leur côté. Cette technique avait aussi été employée pour le dernier STONE TEMPLE PILOTS, Weiland comme Farrell en pensant le plus grand bien. «Cela nous a évité bien des frictions» a d'ailleurs conclu le chanteur.

Et c'est finalement cette sensation de plénitude qui se dégage de ce disque brillant et intelligent, suffisamment malin pour citer son propre passé mais suffisamment exigeant pour ne pas s'y laisser enfermer. Il est d'ailleurs intéressant de constater que les RED HOT CHILI PEPPERS, le groupe frère, est au même moment en panne au milieu du gué à force d'albums téléphonés et beaucoup moins exigeants artistiquement. Certes, on sait que la gestation de cet album fut difficile (pas moins de trois bassistes !) mais le résultat est à la hauteur des ambitions. JANE'S ADDICTION poursuit sa route toute personnelle, se réinventant un présent qu'on aurait cru impossible et prouve une nouvelle fois avec brio que le rock peut être autre chose qu'un défouloir pour crétins décérébrés (ce dont nous ne doutions pas NdlR).

Pour conclure, je dirais qu'à titre personnel, après "Wasting Lights" des FOO FIGHTERS, voilà le second album phare de cette année 2011.

Blogger : Marlo Music World
Au sujet de l'auteur
Marlo Music World
Surnommé Marlo par ses potes à cause de sa passion pour les polars et les chapeaux, Laurent Ducastel est un auteur qui sévit à la fois sur papier, livres et BD ou sur écran dans des documentaires. Il a aussi officié dans divers magazines musicaux dont HARD FORCE MAG évidemment. Le film qu’il a coécrit avec son compère Cédric Tourbe, « Jacques Foccart, l’homme qui dirigeait l’Afrique » a été récompensé d’une Etoile de la SCAM 2011.
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