6 octobre 2013, 0:00

STONE TEMPLE PILOTS : "High Rise"

Album : High Rise


2013 est incontestablement une année particulière pour les STONE TEMPLE PILOTS (STP pour les intimes). Février les a vu créer la surprise en virant manu-militari leur bien turbulent et historique chanteur, l'inénarrable Scott Weiland. Lequel prit alors la posture de la vierge effarouchée dans la rosée du matin, alors qu'il tournait en solo avec le répertoire du groupe et comptait les autres membres pour quantité négligeable. Lassé de ses incessantes frasques, les frères DeLeo et leur batteur Eric Kretz avaient donc fini par jeter l'éponge. Et comme beaucoup, je pensais alors, et je l'avais d'ailleurs écrit dans ses colonnes, que STP, un de mes groupes préférés de ces 20 dernières années, avait son avenir derrière lui. C'était sans compter sur la persévérance des frangins DeLeo.
A la fin du printemps, coup de tonnerre ! Alors que les avocats des deux parties aiguisent leurs lames pour dépecer ce qui reste du groupe, STP annonce avec fracas l'arrivée d'un nouveau chanteur. Et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit ni plus ni moins que Chester Bennington, le chanteur de LINKIN PARK !!! Scott Weiland qui se croyait irremplaçable a dû en avaler son chapeau. Passer le très bel effet d'annonce, un premier titre "Out Of Time" était publié dans la foulée, un titre puissant mais nous aurons l'occasion d'y revenir. Aux ceusses dubitatifs sur un tel attelage, Chester assurait que STP étaient l'une de ses influences majeures, qu'ils se connaissent depuis longtemps et qu'il avait toujours rêvé de jouer avec eux. Parfois, comme disait De Niro dans le Parrain : « il y a des propositions qu'on ne peut pas refuser !! ». La scène allait nous réserver une autre surprise de taille. En effet, de loin, Chester semblait s'être mué en un parfait clone de Weiland, allant jusqu'à plagier le jeu de scène particulier de son prédécesseur !!! Mais ils ont engagé Patrick Sébastien ou quoi ? Pensèrent les plus méchants qui aimaient aussi les Sardines du plus grand cabaret du monde. (ok, ils doivent pas être nombreux).

Cette petite réticence mise à part, le fait est que Bennington faisait correctement le job. Non il faisait mieux que de faire le job et ce fut plutôt une bonne nouvelle. Début septembre, le groupe annonçait la sortie d'un EP 5 titres. Pourquoi 5 titres ? Eh bien, parce que c'est une volonté affichée du groupe. Traduire, la formation de San Diego n'a plus officiellement de label et ce disque est donc un pur album auto-produit, accessoirement le premier où le fidèle Brendan O'Brien n'est pas aux manettes. Et le fait est que cette défection ne se sent pas du tout. Car oui, le voilà enfin, cet EP baptisé « High Rise », que j'attendais avec une impatience non feinte, j'en conviens.
Pour leur deuxième disque sans Weiland... Mais qu'est-ce qui dit le plumitif ? Eh oui, c'est déjà leur second album de STP sans lui. En 1996, mis au chômage technique pour cause de cure au Betty Ford Center, ajouté au port du peu saillant bracelet électronique et d'une interdiction de quitter la Californie de leur chanteur, STP avaient enregistré un album avec un autre chanteur sous le nom de TALK SHOW. Un très bon album d'ailleurs auquel manquait quand même la folie incandescente de Weiland. Et on pourrait même dire leur troisième en réalité puisqu'en 2006, les DeLeo Brothers s'étaient acoquinés avec Richard Patrick le chanteur de FILTER au sein de la fugace formation ARMY OF ANYONE, sorte de STP plus Heavy auquel "Out Of Time", premier titre de cet EP fait indubitablement penser avec son intro sur les chapeaux de roue. Ok, c'est puissant, ça sonne bien, mais on ne peut pas s'ôter cette impression, ce petit air de déjà-vu. Et à dire vrai, au fil des écoutes, ça a personnellement fini par me lasser.

Dès le second, "Black Heart", on entre dans le vif du sujet. Ceux qui comme moi aiment les STP seront en terrain connu, puisque le titre semble tout droit sortir de leur dernier album en date (STP 2010). Comme souvent chez eux, voilà le genre de chanson qui s'incruste en vous. Et sans vous en rendre compte, vous vous retrouvez à écouter ça en "heavy rotation", un peu comme "Hickory Dichotomy" sur l'album précédent. C'est efficace, enlevé, avec un petit solo malin, bref du STP pur jus, du très bon assurément.

Avec "Same On The Inside", le titre le plus original de « High Rise », on prend du champ, mais toujours avec ce sens incroyable de la mélodie qui fait mouche. Incontestablement LA grande chanson de ce disque. Sur ce morceau, Chester imprime enfin vraiment sa marque. Ce faisant, STP s'éloigne enfin des lignes vocales de Weiland avec ce refrain très bien porté par Bennington qui confirme (je dis ça pour les sourds), qu'il est vraiment un chanteur de grande classe.

"Cry Cry" qui suit et dont le riff devrait rappeler quelque chose à ceux qui n'ont pas oublié OFFSPRING (en reste-t-il seulement ?), confirme qu'il existe bien de nouveaux horizons en vue, même si on ne reste quand même pas trop loin du bord avec leur schéma assez classique chez eux, couplets mélodiques, ciselés et refrains à l'emporte-pièce pour booster l'ensemble. Et enfin "Tomorrow", voit revenir le groupe en plein sur ses terres dans un morceau un peu trop conventionnel à mon gout. C'est d'ailleurs bien là une des rares choses qu'on pourra reprocher à ce disque. Oui, j'avoue tout cela sonne un peu convenu. Ils avaient annoncé vouloir explorer d'autres terres, mais pour l'heure c'est bien les leurs qu'ils labourent, certes avec un talent indéniable, car disons-le « High Rise » est un bon disque. Cependant, on aurait aimé une coupure plus radicale, plus de risque pour mieux marquer le changement d'époque. Et surtout un son moins léché, plus brut aurait aussi mieux servi le disque, qui sonne un lisse, petit travers qui nuisait déjà à l'album précédent dont celui-ci est bien le successeur direct, n'en déplaise à Weiland. Alors justement, peut-on faire du STP sans lui ? La réponse est oui, même si l'album dans sa majorité reste en terrain trop balisé, trop proche du précédent pour faire totalement oublier le fantasque Scott. Vu les capacités vocale de Chester, c'est un poil dommage. On sent parfois qu'il aurait pu amener plus, tirer le groupe plus loin, mais après tout, ce n'est qu'un début.
Quoi qu'il en soit, « High Rise » augure d'un véritable futur pour les STONE TEMPLE PILOTS, et il y a quelque mois encore, nous n'en espérions pas tant.

Blogger : Marlo Music World
Au sujet de l'auteur
Marlo Music World
Surnommé Marlo par ses potes à cause de sa passion pour les polars et les chapeaux, Laurent Ducastel est un auteur qui sévit à la fois sur papier, livres et BD ou sur écran dans des documentaires. Il a aussi officié dans divers magazines musicaux dont HARD FORCE MAG évidemment. Le film qu’il a coécrit avec son compère Cédric Tourbe, « Jacques Foccart, l’homme qui dirigeait l’Afrique » a été récompensé d’une Etoile de la SCAM 2011.
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