10 mars 2014, 13:49

STEEL PANTHER + SLEEKSTAIN @ Ramonville (Le Bikini)

 

Le heavy metal, cette créature incontrôlable aux habitudes fantasques, est née à la fin des années 70, avant de véritablement exploser dans les années 80. Sur le Strip, à Los Angeles, l'hydre aux cheveux peroxydés se développe dans les bars enfumés où se retrouve la jeunesse pas si dorée de la côte ouest américaine. Très vite, le heavy metal s'impose non seulement comme la musique du moment, mais aussi comme un vrai mode de vie. Un mode de vie qu'adoptent de futures rock stars planétaires. Des types qui deviennent vite les ambassadeurs du mouvement. Le fluo a la côte, les fabriquants de laque se frottent les mains et partout dans les rues, quand la nuit est encore jeune, se croisent des mecs fringués avec des leggings imitation leopard et de jeunes donzelles aux proportions valorisées par des tenues qui ne laissent pas de place à l'imagination. Musicalement, cette époque est salement vernie. MÖTLEY CRÜE fait la pluie et le beau temps, tout comme POISON, RATT ou encore les GUNS N' ROSES. Invitant la foule à se lâcher, les rock stars se travestissent à moitié et rameutent à leurs shows des tonnes de jeunes filles en fleur avides d'approcher ces bad guy aux mœurs salement légères. À l'époque, ces mecs-là savaient se marrer. La bougie était brûlée par les deux bouts et le plaisir toujours fédérateur et communicatif. Souvent drôles car conscients de l'importance du second degré, ces musiciens avertis assuraient sur tous les plans. Dans l'insouciance, l'amour de la fesse, du bon riff et du bon mot.

 

Que reste-t-il aujourd'hui de cet esprit ? Qui a prit le relais ? Qui a tout compris ? La réponse est certainement bien plus complexe que celle que je m'apprête à vous énoncer, mais après avoir vu ce que j'ai vu, elle s'impose d'elle-même. Et la réponse là voici : STEEL PANTHER !

 

En ce lundi soir, le spectacle débute aux portes du Bikini, alors que le quatuor californien signe des posters et autres soutifs aux fans les plus hardcore (et fortunés). Une faille temporelle semble avoir provoqué une distorsion que seul Emmet Brown pourrait peut-être expliquer. Les abords du Canal du Midi grouillent d'ersatz de Bret Michaels et de Vince Neil. On croise même un petit Slash et les nanas sont pour la plupart vêtues selon les codes dictés par STEEL PANTHER dans ses compos. Des amateurs bariolés, qui ont su saisir au vol l'occasion de se lâcher sans avoir peur de se ramasser de fâcheux quolibets de la part d'un fan de Michel Sardou infiltré. L'ambiance est bonne et la queue est longue. Les perruques sont légions, les t-shirts divers et variés, les looks différents, les âges aussi et tout ce petit monde évolue en harmonie, le sourire aux lèvres. On entend ici ou là de l'espagnol et de l'anglais. Il faut dire que STEEL PANTHER ne vient pas souvent en Europe. En France, ils ne feront que deux dates. Veinards que nous sommes de pouvoir nous presser au Bikini pour nous frotter à ce phénomène qui n'en finit pas de faire parler de lui !
 

  

 

Mais comme le veut la tradition, place tout d'abord à la première partie ! C'est SLEEKSTAIN qui est chargé d'ouvrir la soirée. Né en Haute-Savoie il y a à peu près 5 ans, SLEEKSTAIN donne lui aussi dans le heavy metal à l'ancienne et dans le rock and roll. Celui des GUNS, d'AEROSMITH et de MÖTLEY CRÜE. Sur les planches, les quatre frenchies ne déméritent pas. Ça bouge, le son est correct et les codes vestimentaires sont respectés. Ryff (un pseudo visiblement), chante comme si il venait de descendre une bouteille de Jack Daniels avec David Lee Roth, et Deg martèle sa basse. Derrière les fûts, Vanns donne le tempo tandis que la guitare du prénommé Rob souffre d'un manque de présence dommageable, malgré des capacités évidentes. L'énergie déployée porte une performance néanmoins assez brouillonne aux compositions simples et brutes de décoffrage. Pour résumer, pas de quoi se lever la nuit, mais l'effort est à saluer. Tout à fait dans la tonalité, les SLEEKSTAIN remplissent leur part du contrat, portés par des fans purs et durs qui entonnent en chœurs les paroles des chansons.

 

C'est après un florilège de titres glam généreusement diffusés par les enceintes du Bikini, que résonnent les notes de "Number of the Beast" d'IRON MAIDEN. Un hit qui annonce l'arrivée de STEEL PANTHER. Le rideau tombe et dévoile une scène sur deux niveaux, un peu dans le goût de celles qui voyaient Axl Rose et ses Gunners déambuler dans les années 80/90. Le show débute sur l'hymne "Eyes of the Panther", auquel succède l'hilarant et super heavy "Tomorrow Night", où il est question de Charlie Sheen, de Britney Spears et de Christopher Walken, copulant joyeusement alors que MAIDEN justement, joue dans le jardin. Le son est parfait. Pas besoin de bouchons ce soir-là. Le groupe envoie du lourd, on distingue la moindre note, c'est génial. L'immersion est parfaite et totale. Surtout quand Satchel et Michael Starr, respectivement guitariste et chanteur prennent la parole.

 

 

STEEL PANTHER étant populaire pour ses joutes verbales entre les morceaux. Pas du tout dérangés par la barrière de la langue, les deux gus, épaulés par le bassiste Lexxi Foxxx (Stix le batteur restera muet tout du long, laissant ses puissants bras parler à sa place), enchainent les vannes. De bonne vieilles blagues de cul universelles qui plient en deux de rire des convives ravis par tant de bonne humeur. Vient alors le temps des boobies, à savoir, dans la langue de Bernie Bonvoisin, des nichons ! Depuis ses débuts, sur les scènes californiennes, STEEL PANTHER s'est donné un mal fou pour réhabiliter cette vieille tradition heavy metal qui consiste à encourager les spectatrices les moins farouches à dévoiler leur poitrine pendant les concerts. Depuis, aucun concert de la Panthère n'y échappe et partout où l'animal passe, les soutifs trépassent, tout comme toute forme de pudeur. C'est donc sans tarder que l'on voit fleurir les boobies dans la foule, chaque apparition étant ponctuée d'applaudissements et de cris bien gras en provenance des mâles les plus avinés.

 

Certains non initiés pourraient argumenter qu'au lendemain de la Journée de la Femme, un tel spectacle machiste, digne des stripclubs américains, est tout bonnement honteux, mais ici, dans cet espace hors du temps où seul le rock and roll a le droit de cité, rien ne prête à rougir. Personne n'est forcé à quoi que ce soit et tout le monde est invité à profiter du show. Et c'est donc une furieuse succession sexy de nichons que le Bikini a vu défiler. Un Bikini qui n'a jamais aussi bien porté son nom que ce soir, lui qui risque de se souvenir de ce concert pendant longtemps. Le spectacle est total et unique. Quand les musiciens reprennent leurs instruments, c'est pour nous gratifier d'un "Asian Hooker" en forme de super uppercut.
 


 

La set list, aux petits oignons, privilégie les titres les plus rapides. Seule la ballade "Community Property" sera jouée en rappel, tout comme le dernier single en date, issu du nouvel album, "The Burden of Being Wonderful" qui est quant à lui glissé en milieu de set. Avec ce dernier, deux autres morceaux de "All You Can Eat" (le troisième opus du groupe), à savoir "Party Like Tomorrow is the End of The World" et le très raffiné "Glory Hole", seront offerts en pâture au public.
 

STEEL PANTHER détient le record du nombre de concerts donnés sur le Sunset Strip de Los Angeles. Un record à ne pas prendre à la légère tant ce lieu mythique a vu naitre et défiler les plus grands. Ici ce soir, au Bikini, cette expérience de la scène est flagrante. Si les américains donnent l'impression de ne pas se prendre au sérieux, leur musique est par contre ultra solide. Tous assurent un max sans défaillir, tout en offrant un jeu de scène décomplexé et complètement en adéquation avec les codes du genre. En sosie de Vince Neil, Michael Starr impressionne par une maitrise vocale sans faille. Dès le début, sa voix s'envole et jusqu'au bout, elle emplira les murs du Bikini sans jamais démontrer des signes de faiblesse. Dans les graves ou dans les aigus, Starr prouve à quel point il est bon. Idem pour Stix le batteur au jeu puissant et inspiré. Lexxi et sa quatre cordes ne font pas non plus dans la demi-mesure. Satchel enfin, à la gratte, se livre à une succession de gimmicks et de solos qui le placent directement dans le sillage de Eddie Van Halen, Slash ou C.C. DeVille. À eux quatre, les STEEL PANTHER cristallisent l'imagerie et le son de toute une scène. Ils ressuscitent des sensations, des sons et une atmosphère.

 

 

En cette soirée du mois de mars, Toulouse n'est plus. Le Bikini non plus. Le public est transporté par la magie du glam à Los Angeles, quelques 20 ans en arrière, au Whisky a Go Go. Quand le groupe invite les spectatrices à les rejoindre on stage, c'est carrément dans un club de strip que l'on se retrouve. Certaines se contentent de se remuer sagement, mais d'autres prennent leur rôle d'un soir carrément au sérieux. Les photos peuvent en attester. Surréaliste, le show prend une tournure inédite et pour le moins surprenante. Les hits s'enchainent, les blagues aussi. On pense à Spinal Tap, tout en se disant qu'en soufflant sur les braises du glam, les STEEL PANTHER ont su se l'approprier. Avec eux, c'est la fête, la vraie. Celle avec un grand F. Celle qu'ils chantent dans "Party All Day", le dernier morceau de la soirée. Celui qui clôt un set monumental, lors d'un concert mémorable.

 

En sortant, alors que la froidure de la nuit nous rappelle à une réalité que nous avions un peu oubliée, et que nos oreilles résonnent encore au son d'une fréquence que nous n'entendrons plus, on se dit que c'était trop court. Que STEEL PANTHER n'est pas venu en touriste. Qu'il s'agissait plus ou moins d'un brillant rappel à l'ordre et au passage d'une mise en garde à destination de tous ces prétendants au titre qui, en comparaison de ce que l'on vient de voir, s'avèrent pour la plupart terriblement ennuyeux et prévisibles. Oh yeah !
 



Galerie photo complète par Fred Moocher à retrouver ici

Blogger : Gilles Rolland
Au sujet de l'auteur
Gilles Rolland
Walk this way... Un riff légendaire et le début d'une passion vorace qui depuis, se nourrit des brûlots des DOORS, BEATLES, MOTÖRHEAD, PEARL JAM, FOO FIGHTERS, PANTERA, BLACK SABBATH, GUNS N' ROSES, TENACIOUS D ou QUEENS OF THE STONE AGE. Rédacteur musique et cinéma depuis une dizaine d'années pour divers magazines et autres sites web et ancien animateur radio, Gilles avoue volontiers une nette tendance pour le rock old school. Les groupes des années 60, 70, 80 et 90, avec une mention pour les destins cramés. Les Mötley Crüe, les Iggy, Brian Wilson, Alice Cooper ou les Steven Adler (pour la rime). Une passion qu'il s'efforce de traduire avec un clavier d'ordinateur, sa profession. Une passion que Gilles aime partager. Dans les concerts ou en ligne. Le rock, le roll, le heavy, le hair... le panorama est vaste ! À écouter à fond les bananes, potards à 11 !
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