5 mai 2014, 18:42

DOWN : Philip H. Anselmo

Une voix féminine qui prévient : « Tu as un quart d’heure ». Une voix grave, calme et posée, qui embraye : « Hello, Laurence… ». Pas une minute à perdre, Phil Anselmo est au bout du fil pour parler de l’arrivée imminente (le 12 mai) de « Down IV – Part II », le deuxième des quatre EP consécutifs que sort DOWN. Un de ses side-projects les plus connus et, accessoirement, une des références ultimes en matière de stoner. Ambiance “15 minutes alone” * (pacifiques celles-là), à quelques milliers de kilomètres, avec le chanteur et légendaire frontman des très regrettés PANTERA...

 

Kirk Windstein, un des membres fondateurs de DOWN, vous a quittés en octobre. Pourquoi ?
Kirk voulait à la fois passer davantage de temps avec sa femme et se concentrer sur CROWBAR, le groupe qu’il a créé. Ça n’a pas été facile mais c’est notre frère, nous l’aimons et nous respectons totalement sa décision. Nous sommes restés très bons amis et nous discutons ensemble régulièrement.

Son remplaçant n’est autre que Bobby Landgraf, votre stage manager. Vous n’aviez pas envie de passer par la case auditions ou c’était tout simplement plus facile de bosser avec quelqu’un que vous connaissiez déjà ?
Ça fait presque dix ans que Bobby travaille avec le groupe. En tournée, nous avons vécu ensemble dans le bus et nous le connaissons donc bien. C’est un mec génial doublé d’un excellent guitariste. On a toujours su que si Kirk ou Pepper [Keenan, l’autre guitariste, ex- (et futur ?) CORROSION OF CONFORMITY] avaient été malades ou n’avaient tout simplement pas pu assurer un concert, il aurait été là pour les remplacer. Ça ne s’est jamais présenté, mais c’était évident. On s’est toujours très bien entendus avec lui. Et puis il a un regard extérieur sur DOWN, ce qui est bénéfique. Son arrivée, comme celle de Pat (Bruders, ex-bassiste de GOATWHORE), dont c’est le deuxième album avec nous, nous a apporté une véritable bouffée d’oxygène et a insufflé une bonne dose d’enthousiasme au groupe.

Comment se passe la composition au sein de DOWN ?
C’est parfaitement démocratique. Quelqu’un arrive avec un riff, on tape le bœuf dessus, on se retrouve avec deux riffs, etc. On est tous les cinq dans le local et on se balance des riffs jusqu’à ce que l’on trouve un truc qui fonctionne.

« Enregistrer des EP demande moins de temps qu’un album. Mettre en boîte cinq ou six titres nous permet de nous concentrer complètement sur eux. Ça convient mieux au groupe et, au final, je pense que c’est aussi mieux pour le public. » - Phil Anselmo

Comment considères-tu « Down IV – Part II » par rapport à « Down IV Part I – The Purple EP », sorti en septembre 2012 ?
D’un point de vue personnel, je préfère le « Part II » au « Part I ». Certains titres qui figurent sur le premier EP avaient été écrits, en gros, entre la fin des années 90 et 2006. Je pense que le nouveau est supérieur en qualité. Mais ce n’est que mon avis, je ne suis jamais qu’un connard de mec du groupe (sourire).

Peut-on considérer les quatre EP comme des entités distinctes sans rapport entre elles, ou, au final, sont-ils semblables aux pièces d’un puzzle ?
Il y a évidemment des points communs entre eux et c’est indubitablement du DOWN. Mais quand des musiciens comme Bobby et Pat participent à la composition et enregistrent, il est normal qu’il y ait aussi des différences. C’est très positif car ça devient vite chiant quand les morceaux sont trop prévisibles. Pour répondre plus précisément à ta question, à l’heure actuelle, nous ignorons encore complètement si les quatre EP seront des entités distinctes les unes des autres qui ne deviendront qu’une à la fin ou si ce sera une seule et même entité scindée en quatre parties (rires). On aura sans doute la réponse en même temps que le public, même si je pense que chacun pourra l’interpréter à sa façon (NDJ : ça m’apprendra à poser des questions pareilles, tiens…).

Pourquoi avoir choisi de sortir quatre EP consécutifs plutôt qu’un nouvel album ?
Parce c’est chiant d’enregistrer un album. Quand tu regardes la carrière de DOWN, tu t’aperçois qu’au début, il s’est souvent passé pas loin de cinq ans entre deux sorties [NDJ : sept même entre l’excellentissime « NOLA » (95) et « Down II » (2002)]. Nous avons tous d’autres groupes et nous respectons les projets musicaux des autres. Je joue, entre autres, avec THE ILLEGALS, Jimmy (Bower, batterie) avec EYEHATEGOD, Kirk avait CROWBAR, Pepper a différents projets, Pat aussi. Cela signifie qu’il faut accorder nos emplois du temps pour pouvoir nous retrouver tous ensemble. Ça demande une certaine gymnastique. Du coup, c’est plus rapide d’enregistrer des EP. Mettre en boîte cinq ou six titres nous permet de nous concentrer complètement sur eux. Ça convient mieux au groupe et, au final, je pense que c’est aussi mieux pour le public.

« Sans les fans, je ne crois pas que, vingt ans après sa sortie, on continuerait à parler autant de PANTERA et de « Far Beyond Driven ». Je n’ai qu’un mot à dire : MERCI ! » - Phil Anselmo

Vous avez déjà quelques idées de morceaux pour les volumes « III » et « IV » ?
Non, on travaille sur un EP à la fois. On commencera à composer quand viendra le moment de les enregistrer, chacun à leur tour. Tout dépendra de l’état d’esprit dans lequel on sera à ce moment-là. Un album est presque toujours un instantané de ce qu’est un groupe au moment où il l’a composé et enregistré. Quoiqu’il en soit, le troisième devrait être très ambitieux et très différent des deux premiers. Mais ce sera toujours du DOWN.

Tu as une idée de la date de sortie de chacun ?
Je pense qu’on devrait en sortir un en 2015 et le dernier en 2016.

Quel est votre planning pour les prochains mois ?
DOWN part en tournée américaine avec BLACK LABEL SOCIETY la première semaine de mai. En juin, je serai en Europe avec THE ILLEGALS pour participer à des festivals et donner quelques dates en tête d’affiche (NDJ : dont le 20 juin à Paris au Glazart et le lendemain au Hellfest). Suite à quoi, en août, je serai de retour sur le vieux continent avec DOWN pour des festivals. Et puis nous avons tout juste commencé à travailler sur la seconde édition du Housecore Horror Film & Music Festival, qui devrait se tenir en octobre. On peut dire que j’ai du pain sur la planche (sourire).

Mars 2014 marquait les vingt ans de la sortie de « Far Beyond Driven » de PANTERA. A l’époque, imaginiez-vous qu’il aurait un impact aussi énorme et durable sur le metal ?
Non. Tout ça, nous le devons avant tout aux fans de PANTERA. Sans eux, je ne crois pas que, vingt ans après sa sortie, on continuerait à parler autant du groupe et de cet album. Je n’ai qu’un mot à dire : MERCI ! Tous les groupes devraient être conscients que sans leurs fans les plus acharnés, ils ne seraient rien. Nous, nous le savons. Je les aime.
 

* Référence à "5 Minutes Alone”, présent sur « Far Beyond Driven ». Pendant un concert à San Diego, un gamin au premier rang n'arrêtait pas de vanner Phil qui en a pris ombrage et a demandé aux fans de lui faire sa fête. Dont acte. Du coup, le père du djeune lui a intenté un procès et a précisé qu'il aimerait qu'on le laisse « 5 minutes seul avec Anselmo » pour lui régler son compte. Le texte est la réponse tout en douceur d'Anselmo…

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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