26 août 2012, 7:31

Pascal Pacaly : "Trash Palace"

 

Le dernier livre de Pascal Pacaly appelle plusieurs références. De bonnes références.

 

Comment ainsi ne pas penser à Martin Scorsese en lisant les quinze textes de "Trash Palace" ? Le Scorsese de "Taxi Driver" et celui de "À Tombeau ouvert", ce film brillant qui suivait les errances nocturnes d'un ambulancier au bord du gouffre. La nouvelle intitulée Je suis la nuit semble ainsi faire directement du pied à ce "À Tombeau ouvert". Nouvelle qui se termine d'ailleurs par les mots « à tombeaux ouverts » (hasard ?). Loin du plagiat, Pascal Pacaly raconte la détresse et la solitude de personnages salement amochés. Il rejoint dans sa démarche d'écrivain les Hubert Selby Jr, les Charles Bukowski ou encore les Tennessee Williams. Les fantômes qui habitent ce "Trash Palace" incarnent la symbolique d'une société qui se retrouve face à ses démons.

 

Profondément urbain, le récit est violent et donc à ne pas mettre entre toutes les mains. Pour autant, les mots ne sont pas complaisants et la brutalité jamais gratuite. La poésie sauve "Trash Palace" du grotesque et positionne ces textes dans une logique brûlante qui n'oublie jamais de sonner authentique. Parfois dérangeante, la prose de Pacaly vibre et sait trouver le chemins de nos émotions.
 
Il y a cette histoire d'amour tragique qui se termine au fond d'une baignoire, on retrouve aussi les réminiscences d'une époque où tout semblait encore possible. Ce qui immanquablement appelle un certain espoir. La noirceur de "Trash Palace" n'empêche jamais cet espoir de poindre alors que tout semble perdu. Il survit dans les minces lueurs de la plume de Pacaly, qui porte certes un regard difficile sur ses personnages, mais qui n'oublie pas d'injecter une dose d'espoir. Un shoot comparable à ceux qui habitent le livre. On y parle certes d'amour, mais aussi de mort et de drogue, de feu et de vie.
"Trash Palace" porte décidément bien son nom. Le texte est trash pas de doute là-dessus. Quelques pages vous suffiront à vous en apercevoir. Les autres pages vous accrocheront. Les nouvelles défilent et l'attention ne faiblit pas. Le style de Pacaly y est pour beaucoup tant son aptitude à ceinturer le lecteur semble évidente.
 
Alors pourquoi parler d'un tel bouquin dans Hard Force me direz-vous ? Peter, le protagoniste de la nouvelle À l'envers est bien une rock star, mais il serait mensonger que d'affirmer que le livre se place dans la catégorie, livre sur le rock, le metal, le thrash ou même le punk. Le rock, la saturation, le bruit et la fureur se trouvent plutôt entre les lignes.
L'auteur, Pascal Pacaly est bien connu des "rockovores". Ces recueils de nouvelles "Rock Stories" 1 et 2 ont circulé entre les mains des amateurs de guitares saturées, tout comme son "Rock Addictions", qui revenait sur les rapports entre le fan et la rock star. Ici, Pacalys'éloigne du récit strictement musical pour se concentrer aux laissés pour compte. Sa plume se fait agressive, lancinante et... rock. Peut-être à la façon d'un Leonard Cohen ou de ces poètes du rock and roll, touchés par la mélancolie existentielle.
 
"Trash Palace" jure avec la majorité des œuvres françaises publiées chaque année. À fleur de peau, il rappelle donc davantage les écrits de ces fameux scribes américains. Pascal Pacaly connaît bien son sujet. Il explore l'Amérique, qu'il met face à ses peurs et à ses angoisses. Le procédé est brutal.
Un tel bouquin se devait d'être relayé par Hard Force.
 
 
TRASH PALACE
Pascal Pacaly
Editions Grrr...Art
160 pages
17€
 

 

Blogger : Gilles Rolland
Au sujet de l'auteur
Gilles Rolland
Walk this way... Un riff légendaire et le début d'une passion vorace qui depuis, se nourrit des brûlots des DOORS, BEATLES, MOTÖRHEAD, PEARL JAM, FOO FIGHTERS, PANTERA, BLACK SABBATH, GUNS N' ROSES, TENACIOUS D ou QUEENS OF THE STONE AGE. Rédacteur musique et cinéma depuis une dizaine d'années pour divers magazines et autres sites web et ancien animateur radio, Gilles avoue volontiers une nette tendance pour le rock old school. Les groupes des années 60, 70, 80 et 90, avec une mention pour les destins cramés. Les Mötley Crüe, les Iggy, Brian Wilson, Alice Cooper ou les Steven Adler (pour la rime). Une passion qu'il s'efforce de traduire avec un clavier d'ordinateur, sa profession. Une passion que Gilles aime partager. Dans les concerts ou en ligne. Le rock, le roll, le heavy, le hair... le panorama est vaste ! À écouter à fond les bananes, potards à 11 !
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